Des nouvelles des attaques turques contre Afrin

Ce week-end, le gouvernement turc d’Erdogan a envoyé 72 avions pilonner la ville d’Afrin et ses alentours, au Rojava, pour tenter d’empêcher la consolidation d’une zone sous contrôle kurde à sa frontière. 11 personnes ont été tuées et les combats continuent.

Des manifestations de soutien aux Kurdes et contre cette incursion armée du régime turc au Rojava ont eu lieu spontanément dans de nombreuses villes, dont à Marseille ce dimanche, tandis qu’Erdogan déclarait que des manifestations de ce typer seraient très sévérement réprimées si elles avaient lieu en Turquie.

Cette opération, baptisée "Rameau d’Olivier", est présentée comme une campagne nationale par Erdogan, repoussant tous ceux qui s’y opposent dans la catégorie d’ennemis de la nation. Selon le site du Secours Rouge, "l’État turc a lancé hier soir sa plus vaste opération contre le Rojava depuis le début de la guerre de Syrie. Elle vise à attaquer le Canton d’Afrin et à confier son occupation à Hayʼat Tahrir al-Sham, l’Organisation de Libération du Levant, anciennement connu comme "Jahbat Fateh al-Sham", "Front Al Nosra" ou Al Qaeda. Des dizaines de F-16 turcs ont pilonnés la région pendant plusieurs heures, frappant zones civiles, quartiers militaires et dépôts de carburant. La majorité des victimes kurdes sont civiles jusque là, une vingtaine selon les dernières communications officielles.

La menace turque plane depuis plusieurs années sur le Rojava, mais la Turquie était militairement limitée car ne pouvant utiliser son aviation sur place. Une no-fly zone était auparavant appliquée par la Russie, protectrice du régime [syrien], mais la récente détérioration des relations diplomatiques entre l’administration du Rojava et le régime a précipité un statut quo de la part de la Russie".

Suite aux attaques aériennes, l’armée de terre turque a traversé la frontière accompagnée de chars d’assauts et les combats au sol ont commencé entre les soldats d’Erdogan et les YPG/YPJ, les Unités de protection du peuple dans lesquelles ont conflué des milliers de Kurdes et d’internationaux pour combattre l’Etat Islamique ces dernières années. C’est avec la victoire de Kobané que les YPG ont acquis une renommée mondiale. Aujourd’hui, alors que la capitale de l’Etat Islamique, Raqqa, est tombée, les territoires libérés de la Fédération de Syrie du Nord doivent faire face à un nouveau front de guerre.

Le porte-parole de YPG, Nuri Mehmud, explique dans un entretien traduit par les camarades de Kedistan que "les forces régionales qui ont une approche simple envers Afrin devraient très bien savoir que Afrin est une continuation de Kobanê. Les peuples du monde qui ont combattu avec Kobanê ont la même position pour Afrin. Afrin n’est pas seul. Il n’est pas du tout surprenant que les États qui prétendent pouvoir protéger leurs intérêts par la négociation entre Afrin et Idlib aient le même caractère que l’EI. Parce que Afrin est l’espoir pour les peuples du monde qui veulent la démocratie, la paix et une solution.

C’est pourquoi, aux yeux du public international, Afrin n’est pas un endroit pour présenter une approche simple. D’autre part, Afrin s’est très bien organisé pour la défense. Si l’armée turque pense pouvoir entrer dans Afrin dans une semaine, elle rêve. L’armée turque doit avant tout voir la réalité des peuples de Turquie. Les peuples de Turquie n’ont jamais abandonné Serekaniye ni Kobane. Ils ont protégé la résistance d’une manière très sacrificielle et ils ont joué un rôle important. Les peuples de Turquie ont apporté un grand soutien à Serekaniye et Kobane contre la terreur. C’est pourquoi l’armée, qui devrait défendre les peuples de Turquie, est utilisée dans l’intérêt du gouvernement AKP".

Lire l’entretien dans son intégralité : Message des YPG à l’État turc sur Afrin : “Vous rêvez” sur Kedistan.

Il y a deux semaines, Macron recevait Erdogan à l’Elysée pour y développer un "partenariat", fermant les yeux sur les innombrables exactions commises en Turquie à l’encontre des Kurdes, des militant-e-s politiques et révolutionnaires et des opposant-e-s, ainsi que sur le soutien logistique que la Turquie a parfois apporté à Daech. Depuis cette dernière attaque, la France aurait demandé une réunion d’urgence du conseil de sécurité de l’ONU.

L’armée turque doit retirer ses troupes du Rojava. Soutien aux YPG/YPJ et à celles et ceux qui résistent.

Pour suivre l’actualité, vous pouvez consulter régulièrement les sites déjà cités plus haut Kedistan et Rojinfo.

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