Une note publique nécessaire sur les hallucinantes conditions de travaille cachées derrière la cape de l’art contemporain, écrite par des travailleurs_euse de la Documenta à Athènes. La Documenta, qui a lieu depuis 1955 et tous les cinq ans à Kassel, en Allemagne, est une exposition phare pour l’art contemporain.
Cette année, se conformant au choix de son directeur artistique Adam Szymczyk, la Documenta quitte pour la première la ville de Kassel et déménage pendant trois mois à Athènes, pour apprendre, selon son titre, de la situation économique et sociale en Grèce. Apparemment, il lui a fallu peut de temps pour apprendre, et aussi pour imiter les pires employeurs du pays. Documenta défend son choix de déménager à Athènes par son intérêt, entre autre, de parler pour et apprendre de la situation actuelle à notre pays et des résultats des politiques néolibérales qui ont été imposé en Grèce par l’Europe. Dans ce cadre, elle clame haut et fort qu’elle reconnaît les conditions de misère que vivent les grecques en ce moment et qu’elle est solidaire au peuple grec. Est-ce pourtant vraiment ainsi ?
L’exposition a ouvert ses portes au public le 8/4 et déjà beaucoup de médias et de membres du monde artistique parlent du plus grand événement artistique en Europe, et de ce que signifie le fait qu’il ait lieux à Athènes. Nous sommes un groupe de personnes que depuis quelques jours travaillent à la Documenta, en tant que « invigilator ». C’est à-dire responsables pour la surveillance des lieux et l’aide au public, en l’informant sur les œuvres et les événements de la Documenta. Malheureusement, notre expérience comme travailleurs_euses a commencé avec certains faits qu’on considère indispensable de rendre publiques.
Premièrement.
Quand on a passé l’interview de l’embauche, on nous a dit que le salaire allait être de 9 euro l’heure mix. Par contre, deux semaines après, quand on nous a choisi pour travailler, on nous a dit que nous allions signer une convention pour 5,62 mix. L’excuse pour ce changement était que le reste nous allions le toucher sous forme de bonus. Bien évidement, par bonus ils se referaient à tout ce qu’on a de toute façon droit comme travailleurs_euses, à savoir le cadeau de pâque, de noël et l’indemnité de vacances. Après des pressions de la part des travailleurs_euses qui ont refusé de signer une convention pour laquelle ils n’ont jamais donner leur accord, dans une réunion avec la direction de la Documenta et l’agence d’intérim Manpower (voir ci-dessus), on nous a dit que les 9 euros ont été mentionné pendant notre première rencontre comme le coup total de la compagnie par employé, et non pas comme le salaire. On ne sait pas si eux, quand durant un interview d’embauche ils attendent dire « 9 euros l’heure, mix », ils comprennent autre chose, mais nous, on négocie sur la base de notre salaire. Bien évidement, quand on leur a posé la question la réponse a été la même : « il s’agit d’un misunderstanding »...
Deuxièmement.
Nos conventions, au lieux de les faire directement avec la direction de la Documenta, on les a faites – également à la dernière minute, sans notre accord et sans qu’on ne soit prévenu_es – avec l’entreprise d’intérim ManPower ! Ainsi les organisateurs de la Documenta se démarquent de toute responsabilité, du moment ou comme employeur apparaît l’entreprise d’intérim. Et nos salaires ont été réduits, pour palier le coût de l’intérim... Il suffit d’une simple recherche sur Internet pour se rendre compte ce qu’est ManPower et combien de dénonces elle a sur son dos. Il s’agit d’une des entreprise de location de travailleurs – esclaves qui ont augmenté leurs profits durant la crise.
Troisièmement.
La convention qu’on est censé signer est pour moins de jours et d’heures que ce qui a été initialement convenue. Quand on a demandé la raison pour ce changement, la compagnie ManPower, qui est en charge des conventions, nous a répondu ceci : « avec le temps, c’est probable que la Documenta n’aura plus besoin de vous pour tant de jours, cette convention lui va donc bien ». C’est-à-dire que nous, nous devons réserver nos vies et rejeter d’autres choix possibles pour les mois que dure l’exposition, mais la Documenta peut, selon sa convenance, nous réduire les heures de travail, voir même nous jeter à la rue à n’importe quel moment, sans aucune garantie ni aucune compensation.
Ce dont on se rend compte en tant que travailleurs et travailleuses à la Documenta, c’est qu’une des leçons qu’elle a pris de la Grèce, c’est que la crise et la misère économique forment la scène idéale pour approfondir encore plus l’exploitation des travailleurs et la flexibilisation du travail . Et bien sur que la sensibilisation et la compréhension que l’organisation prétend montrer sur la situation que vivent les grecs en ce moment rend bien en théorie, mais dans la pratique business is business ! Et la documenta du budget des 70 millions, c’est du gros business. Heureusement, la réponse qu’a reçu l’administration de la méga-exposition de la part d’une grande partie des travailleurs_euses en question, était le refus de signer la convention jusque les termes exactes des conditions de notre travail soient claires et posées de manière écrite.
On dénonce donc la manière avec laquelle l’organisation profite du chômage en Grèce pour baisser les salaires et augmenter ses profits, ainsi que les profits de l’intérim qui est chargé avec les conventions de travail. L’administration de la Documenta nous a déjà donné ses réponses. Dorénavant, c’est a nous de décider sur nos prochains mouvements. Il est temps que la Documenta apprenne encore une chose d’Athènes ! Que la lutte collective des travailleurs_euses est plus forte que n’importe quelle méga-institution. Parce qu’ils ont plus besoin de nous, que nous en avons d’eux !
Initiative de travailleurs_euses à la Documenta14