Gèze : Appel à observer la Police

A Gèze, depuis des mois, la police réprime, rackette, et violente vendeurs et vendeuses en toute impunité. Point sur la situation, et appel à soutiens.

La Ville de Marseille mène depuis octobre dernier une offensive sévère contre le commerce de rue. A Gèze, l’avancée d’Euroméditerrannée et l’approche des élections municipales ont amené la mairie à interdire le marché de rue qui se tient depuis des années aux alentours du métro. Depuis, les vendeurs et vendeuses sont empêchés de travailler, et parfois violemment réprimés. La destruction de marchandise et la distribution d’amendes (et parfois aussi d’OQTF) sont quotidiennement pratiquées pour décourager celles et ceux qui continuent malgré tout de tenter de s’installer pour gagner quelques euros. Parfois, les flics vont encore plus loin.

Samedi 15 février, vers 8h du matin, une femme qui vend parfois des habits entre la rue de Lyon et le Marché aux Puces s’est fait voler son caddie, contenant ses courses et les clés de chez elle... par la police. Elle a tenté de protester, mais les motards de la nationale n’ont rien voulu savoir, lui rétorquant des phrases du style : «  on te connaît, on te voit souvent  », «  tu mens Lidl c’est fermé à cette heure-ci pourquoi tu nous parles de courses ?  », «  t’auras qu’à défoncer la porte de chez toi  », avant d’embarquer son caddie malgré ses demandes répétées pour au moins récupérer ses clés. Nadia (prénom modifié) a la soixantaine, une retraite de 900€, après avoir commercé toute sa vie, aux Puces et ailleurs, et elle raconte cette histoire à peine quelques heures après avec un ton de rage et d’impuissance, en lâchant avec une ironie amère : «  Je fais quoi ? Je vais porter plainte au commissariat ?  ».

Jeudi 06 mars, 15h, Cécile (prénom modifié) attend une collègue sur la passerelle entre la station Gèze et le Lidl rue de Lyon. Quelques vendeurs et vendeuses -une quinzaine- sont installé.es le long de l’allée.
Tout d’un coup, tout le monde se met à courir, la police municipale arrive, ils sont 5 et très agressifs. Dans la panique, les vendeurs et vendeuses abandonnent tout, parfois des courses et des effets personnels, et n’ont aucun moyen de les récupérer. Des cantonniers suivent l’arrivée des flics, et jettent tout ce qu’il y a dans une grande benne. Un homme qui a réagi un peu moins vite que les autres tente de ramasser les quelques paires de chaussures qu’il essaye de vendre avant que celles-ci finissent à la benne, et se fait attraper le bras par un flic, qui se met à le secouer et à l’insulter.
Cécile qui regarde la scène au milieu des autres vendeurs et vendeuses sort son téléphone pour filmer. Les 5 flics lui foncent dessus, hurlant que c’est interdit, l’attrapent et la menacent de l’embarquer. Un des ouvriers du chantier du tram le long de la rue de Lyon, qui observe la scène depuis le début, tente de s’interposer, en rappelant que non ce n’est pas interdit. Deux flics s’approchent de lui immédiatement avec un taser, en lui hurlant de «  fermer sa gueule  ».
Cécile finit par effacer sa vidéo sous la contrainte, mais reste pour observer la situation, qui se tend avec les ouvriers du chantier : les flics décident de fermer l’accès entre la rue de Lyon et le métro en déplaçant les barrières, et obligent toutes les personnes sortant du métro à faire tout le tour du chantier. Les ouvriers protestent, les flics menacent, insultent, avec des phrases cryptiques type «  si quelqu’un tombe sur le chantier je dirai que c’est ta faute et que t’as mal fait ton travail tu verras !  ». Le plus tendu de l’équipe – à l’origine de toutes les violences depuis le début- attrape par le col un vendeur qui s’est approché, le fait tomber, genoux au sol et gorge contre la barrière de chantier, et l’insulte, avant de le relâcher et d’hurler «  la prochaine fois je t’emmène au CRA  ».
Tout le monde est choqué, en colère, mais impuissant.

A l’heure où la municipalité vante sa politique sécuritaire, il est bon de rappeler que sa police agresse, menace, insulte, rackette des gens dont l’immense crime consiste à vendre des paires de baskets d’occasion sur le trottoir. Cela se fait quotidiennement, et en toute impunité, loin du centre-ville, dans une zone abandonnée aux promoteurs et aux chiens de garde.

Le but de ce texte est de témoigner de la situation, mais également d’appeler à multiplier les observations. Y aller exprès pour ça, à plusieurs, observer, filmer, mettre la pression aux flics, parler aux vendeurs et vendeuses, documenter ce qui se passe, et soutenir. Pour pouvoir centraliser les infos, on vous propose d’envoyer photos, films et témoignages à l’adresse mail suivante :

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