Publiés sur des sites d’informations locaux ou sur les réseaux sociaux, les témoignages faisant état de contrôles de la PAF dans les « bus Macron » (Ouibus et Flixbus) se sont multipliés ces derniers mois. Ces récits témoignent-ils d’une tendance réelle ou sont-ils seulement les reflets d’expériences exceptionnelles ?
Un matin de janvier 2019, on s’est rendu·es à trois à la gare de Perrache. On s’est rencardés auprès des personnels présent·es. Ils et elles nous ont confirmé que les contrôles de bus y sont récurrents.
Un chauffeur de la ligne Clermont-Milan nous a expliqué qu’il lui arrivait de se faire contrôler « trois fois sur le même trajet ». On pouvait s’y attendre, s’agissant d’une ligne transfrontalière. Il nous a aussi précisé que ces contrôles étaient à la fois ceux de la PAF et de la douane, qui recherche avec ses chiens la présence de drogue dans les bus.
La PAF, elle, se contente de vérifier les papiers des personnes qui lui ont l’air « louches ». Si quelqu’un·e ne leur revient pas, il ou elle doit les suivre. De l’avis des trois conducteur·ices de bus opérant sur des lignes intérieures (Lyon-Grenoble, Paris-Grenoble, Saint-Étienne-Lyon), ces interventions ont lieu en gare, sur les aires d’autoroute ou aux péages. La régularité des contrôle de la PAF est aussi confirmée par un responsable de la gare routière de Perrache. Les personnels semblent trouver ça normal, pour elles et eux les flics « font juste leur boulot ».
La régularité de ces contrôles est connue des migrant·es et de leur soutiens. À Lyon, les camarades nous confirment que ces lignes sont à éviter. Cela semble aussi être le cas dans d’autres villes. Une militante de Valence explique ainsi que les contrôles y sont réguliers et clairement discriminatoires. La PAF choisit celles et ceux à qui elle demande leurs papiers en fonction de leur faciès et de leur accent. Plus loin des frontières, à Orléans, ville du centre de la France, les bus vers Paris sont également contrôlés, à la gare routière ou sur l’autoroute.
Il est difficile de dater précisément le début de ces interventions policières. Parmi les contrôleur·es interrogé·es, l’un nous dit que c’était le cas depuis la mise en œuvre des « bus Macron » fin 2015. Des militant·es considèrent que la fréquence s’est accrue avec l’arrivée de Collomb au ministère de l’intérieur en 2017. Les personnels interrogé·es hésitent aussi sur les horaires où les contrôles sont les plus récurrents. À Perrache, la PAF semble particulièrement active le matin mais les témoignages relatent aussi ses interventions l’après-midi et en début de soirée. Le nombre et la régularité des contrôles semble varier en fonction des lignes et des expériences des chauffeur·es.
Pour éviter de se faire contrôler, le mieux semble être de prendre le train en règle ou de covoiturer. Aucun moyen de transport n’est aujourd’hui exempt de contrôles et la situation peut changer d’un territoire à l’autre. Le plus sûr reste de vous rencarder auprès des camarades de votre coin.