L’histoire se répète, c’est bien connu. La première fois comme une grande tragédie, la seconde comme une farce sordide.
Le 2 janvier, le corps d’un Marocain de 31 ans était retrouvé dans la montagne aux alentours de Modane. Il avait traversé la frontière franco-italienne, très certainement de nuit. Le 26 janvier, c’est celui d’Ullah Rezwan Sheyzad, 15 ans, qui a été retrouvé près de Salbertrand, gisant le long des voies ferrées de la ligne Turin-Modane. Ce jeune garçon avait fui l’Afghanistan peu de temps avant la prise de pouvoir des Talibans.
Contrairement à la presse italienne, qui avance la thèse de l’ « accident malheureux » ou du suicide, il n y a peu de doute quant aux responsabilités à l’origine de ce drame. Peut-on raisonnablement penser que l’on parcourt des milliers de kilomètres pendant plusieurs mois pour venir mourir loin de chez soi ? Les frontières, et à travers elles les partis de gouvernement européens, leurs stratégies électorales nauséabondes qui font le lit de l’extrême-droite, leurs politiques répressives et les agents de police et gendarmes à leurs ordres sont les premiers responsables.
Au moins neuf personnes sont mortes ou ont disparu à la frontière alpine entre l’Italie et la France depuis 2018. Le mois de Janvier 2022 en compte déjà deux.
Ces personnes ont toutes mis leurs vies en danger pour échapper aux contrôles policiers. Elles sont mortes parce qu’elles ont été « rendues » illégales. Au moment où nous écrivons ces lignes, le 1er Février 2022, le corps sans vie d’un exilé a été retrouvé sur le toit d’un train régional qui reliait la ville de Vintimille à la France. Combien de fois la mort devra-t-elle encore frapper ?
Pour que nos frontières cessent d’être des cimetières, souvenons-nous de ces morts et soutenons celles et ceux qui marchent pour la liberté.
Jusqu’à ce que cette frontière devienne illégale.
Des personnes qui luttent à la frontière
Photographie : Grande maraude solidaire, Montgenèvre, 7 mars 2020 © Rafael Flichman / La Cimade