40 ans ! C’est le temps qu’il aura fallu pour sortir des décombres l’odyssée du (plus si) jeune Mohammed Kenzi, La Menthe sauvage (Grevis).
Du crépitement des armes en guerre d’Algérie, des montagnes de Maghnia aux rats, à la boue et à la répression dans les bidonvilles de Nanterre, La Menthe sauvage égraine une poésie macabre sur la pourriture d’un monde colonial qui n’en finit pas de se reproduire.
Dans la réjouissante banlieue des trente glorieuses, La Menthe sauvage fissure pourtant l’hypocrisie de ces petits mondes superposés en les découvrant et les enjambant un à un… de la « communauté du bidonville » aux usines de Nanterre, de la faculté rouge de Mai 68 aux barricades du quartier latin et aux groupes gauchistes.
Une épopée sans temps mort… stoppée en plein vol avec l’exil de l’auteur à Genève en 1973. Il s’en extirpe 50 ans plus tard, pour venir conter à Marseille le doux parfum du bled au béton un récit qui démarre en trombe avec la citation d’un jeune de Nanterre, Magressi, qui en dit long :
« On en a marre de voir l’histoire écrite par d’autres, on est mûr pour l’écrire nous-mêmes »