Anas, l’étudiant s’étant immolé le 8 novembre devant le Crous de Lyon nous questionnait dans une lettre publiée sur Facebook avant son acte désespéré :« Doit on continuer à survivre comme on le fait aujourd’hui ? ».
Les politiques de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche assument par la mise en place de la sélection à l’Université de mettre fin au droit à l’enseignement supérieur pour toutes et tous. Les étudiant.es sont ainsi entrainé.es dès le lycée dans une logique de compétitivité où la place à l’Université n’est plus garantie et dépend de critères très largement discriminants. Mais une fois franchies les portes de la fac, la pression de la réussite scolaire et d’un parcours sans fautes continuent à peser sur les étudiant.es à travers des masters de plus en plus sélectifs où seuls les meilleurs (désignés sur des critères tout aussi discriminants) auront la chance de continuer leurs études.
En parallèle de ce climat de plus en plus compétitif, la situation économique de nombreux.ses étudiant.es est désastreuse et se dégrade d’année en année. Beaucoup sont contraint.es à travailler au cours de leurs études, employé.es le plus souvent dans des emplois précaires avec des horaires de travail compliquées, pas toujours compatibles avec leur emploi du temps universitaire. Naturellement, un.e étudiant.e devant travailler pour payer ses études voit diminuer ses chances de réussite dans le monde universitaire, le temps passé à travailler étant du temps passé à ne pas pouvoir réviser. Les conditions économiques des étudiant.es pèsent donc inévitablement dans la balance lorsqu’il s’agit de désigner les meilleurs qui auront la chance de continuer leurs études.
Quant aux bourses, bien qu’existantes, Anas. K l’a justement souligné, « 450 euros, est ce suffisant pour vivre ? ». En effet, les montants des bourses sont souvent très insuffisants et ne permettent pas, face à l’augmentation des loyers et du coût de la vie étudiante (augmentée de 2,8 % depuis 2018 selon un rapport de l’UNEF), de s’assurer un mode de vie propice à la réussite de ses études. Comme Anas K, les étudiant.es précaires ayant moins de chance à la réussite scolaire s’engouffrent dans un cercle vicieux où leurs conditions économiques les surexposant aux risques de redoublement peuvent ainsi les amener à perdre leur bourse, condition pourtant indispensable à toute poursuite d’études. Réussir ses études là où la pression scolaire et la compétitivité ne cesse de s’accroître et face à l’augmentation du coût de la vie étudiante, avec les diminutions des APL, est pour les étudiants précaires devenue une équation impossible.
L’acte de l’étudiant à Lyon nous a toutes et tous profondément marqué et rappelle la nécessité d’informer, de parler, de partager nos ressentis, nos colères, nos difficultés en tant qu’étudiant.es. La précarité étudiante ne pouvant être ignorée et passée sous silence. La situation d’ Anas n’est pas une exception, un article du Monde nous informe qu’un étudiant.e sur 5 vit sous le seuil de pauvreté et que 23 % des étudiant.es considèrent avoir des difficultés financières.
En réaction à l’acte d’Anas, la lutte s’organise chez les étudiant.e.s. Des AG ont fleuries cette semaine dans plusieurs facs pour s’organiser pour intégrer l’appel à la grève nationale et proposer des revendications. La fac de Lyon 2 a appelé à la mobilisation nationale et générale des étudiant.e.s et des campus en incitant ces derniers à se joindre aux actions solidaires de leurs villes respectives. Les facs de Bordeaux, Nantes, Rennes et Lyon 2 ont déjà organisé des blocus surprises pour dénoncer la précarité étudiante et organisent des actions d’auto-réduc du Crous et des cantines solidaires pour offrir aux étudiant.e.s des repas gratuits. A Rennes, 2000 repas gratuits ont été servis au resto U suite à un blocage des caisse par des syndicats étudiants.
Le 3 décembre s’organise une AG sur le campus de Saint Charles afin de réflechir à nos revendications et à l’intégration des étudiant.e.s dans le mouvement national appelé pour le 5 décembre.