Le rôle de la société de conseil McKinsey dans le régime d’asile européen

Les journaux BIRN et DER SPIEGEL ont mené un enquête approfondie sur le géant néolibéral McKinsey, une société de conseil, et ont démontré comment celui-ci influence en arrière-plan les politiques européennes de repli sur soi. En 2016 et 2017, McKinsey a été engagé pour « maximiser la productivité » dans les Hotspots des îles grecques, c’est-à-dire pour établir des recommandations afin de traiter le plus grand nombre possible de procédures d’asile dans un délai aussi court que possible. Lors de l’enquête, il s’est avéré que ni les autorités étatiques, ni la société privée McKinsey ne voulaient autoriser la transparence. Il a fallu des mois pour découvrir que McKinsey avait encaissé 992 000 euros pour prêcher aux autorités les mantras néo-libéraux qui sont habituellement utilisés par les entreprises qui veulent voir leurs taux de profit grimper en flèche sur le dos de leurs employés.
Bien que l’ensemble du rapport n’ait jamais été mis à la disposition du public, certaines des mesures proposées ont été rendues publiques. La productivité du système d’asile, par exemple, devait être augmentée de cette manière :

  • Des périodes de formation plus courtes pour le personnel, afin qu’il puisse examiner les demandes d’asile plus rapidement et de manière plus productive.
  • Réduire le nombre de demandes d’asile en décourageant davantage les exilé·e·s à demander l’asile ou de faire appel et en les persuadant de plutôt opter pour le « retour volontaire ». Cela doit commencer dès le point d’arrivée des demandeurs et demandeuses d’asile en Grèce.
  • Les autorités devraient examiner 300 demandes par semaine au lieu de la moyenne de 50. Afin de garantir la « motivation » des emplioyé·e·s, McKinsey a recommandé des appels téléphoniques hebdomadaires entre employé·e·s supérieur·e·s ainsi qu’un tableau de bord des « performances », qui indiquerait en permanence aux salarié·e·s leur taux de réalisation des objectifs.
  • La détention en attente d’expulsion, dont les capacités devraient être suffisantes pour accueillir tou·te·s les migrant·e·s rejeté·e·s, est également importante pour McKinsey. McKinsey ne s’inquiète pas du fait que la détention des exilé·e·s n’est prévue qu’en tant que « mesure extrême » dans de nombreux accords.
    Nombre de ces propositions sont désormais reflétées dans la nouvelle loi sur l’asile en Grèce. Mais pas seulement là. Le régime d’asile en Suisse fonctionne également selon la même logique : accélération par la privation de droits, dissuasion et répression.

PS :

Extrait de la revue de presse antiraciste du 27 juillet 2020, disponible sur antira.org.

Antira.org est une revue de presse hebdomadaire suisse-allémanique dont l’objectif est de constituer une ressource pour les luttes antiracistes grâce à une analyse de l’actualité et des transformations du racisme systémique

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