Dans les années 1880-1890, fuyant une répression intense en France, quelques centaines d’anarchistes francophones s’installent à Londres. Dans cette grande capitale de l’exil, ils fréquentent les réfugiés anarchistes de nombreux autres pays ainsi que les militants britanniques, tout en restant étroitement surveillés par les polices internationales.
Si cet exil londonien suscite une très vive panique morale autour des activités terroristes supposées des anarchistes, sa pérennité se trouve surtout dans les débats stratégiques importants qu’il rend possibles, favorisant à terme le développement des idées syndicalistes révolutionnaires, mais aussi une révision historique du droit d’asile en Grande-Bretagne.
Ce livre retrace l’histoire sociale et politique de ces exilés, de leurs réseaux militants transnationaux et de leur réception publique, jusqu’en 1914, date à laquelle l’entrée en guerre sonne le glas de ce premier âge d’or de l’internationalisme anarchiste.
Cette discussion sera l’occasion d’explorer l’une des grandes capitales internationales de l’exil et des migrations anarchistes, Londres, et des échanges idéologiques et stratégiques très fructueux qui y ont pris place, tout en revenant sur l’importance cruciale des mobilités internationales dans l’histoire de l’anarchisme.
Constance Bantman est agrégée d’anglais et professeure associée à l’université du Surrey, en Angleterre. Ses travaux portent principalement sur l’histoire du mouvement anarchiste francophone dans une perspective transnationale, en particulier les liens entre les sphères anglophones et francophones. Elle a aussi publié en 2021 une biographie de l’éditeur et auteur anarchiste Jean Grave, Jean Grave and the Networks of French Anarchism, 1854-1939 (Palgrave, 2021).
Un premier exil libertaire par Constance Bantman est paru aux éditions Libertalia (collection Ceux d’en bas) en 2024.