Il semblerait que les petits rigolos de l’Action Française (pour qui ne connait pas, il s’agit, en gros, d’une bande de guignols d’extrême-droite royaliste, à mi-chemin entre les fafs et les paumés), aient reçu une visite au cours des nuits du mois dernier. Selon leurs propres dires, une grenade aurait été fixée sur la porte de leur local et des balles de pistolet et de kalachnikov glissées dans la boîte aux lettres. Cependant, il convient de ne pas accorder la moindre trace de crédibilité à ce qu’ils racontent, car ce genre de groupes ne survit médiatiquement qu’en trouvant des moyens de créer un buzz autour d’eux. Nous ne pensons pas qu’il y ait beaucoup de vrai dans leur récit.
Nos valeureux monarchistes, n’écoutant que leur courage, sont néanmoins allés déposer plainte au commissariat de la République, celle-là même qu’ils disent vouloir renverser mais à laquelle ils font donc appel pour les protéger.
Faisons un petit retour en arrière. Depuis quelques mois, l’AF a tenté d’ouvrir un local dans les environs de la Plaine.
Quiconque fréquente le quartier sait que ce genre de personnages ne sont pas les bienvenus et auraient bien du mal à y avoir une présence réelle. Des royalistes à la Plaine, et à Marseille, il y a de quoi rire.
Et en effet, ses membres ont passé plus de temps à effacer les tags de bienvenue qui y réapparaissaient régulièrement (des classiques "Antifa" aux plus directs "D’abord les murs, ensuite les jambes", des historiques "Vive la guillotine" aux pragmatiques "Vous allez en chier", entres autres, et dont la palme de la créativité revient à "AF = Lapin"), réparer leur porte qui disparaissait parfois, changer leur serrure dans laquelle leur clé refusait décidément d’entrer, ou encore se rincer le visage brûlant de gaz lacrymogène qu’à y avoir une quelconque activité politique. Il suffit de passer dans la rue pour s’en rendre compte
Ce qui est d’autant plus drôle lorsqu’ils écrivent, dans leur communiqué, qu’il "est manifeste que l’Action française dérange et que l’impact de nos dernières manifestations en Provence inquiète [et] [...] que notre combat rencontre un écho de plus en plus important et qu’il faut continuer d’agir pour le bien commun."
Au-delà de mettre les pieds en plein dans l’illusion selon laquelle "je suis réprimé donc je suis", ce qui est une absurdité sans nom, ils sont incapables de comprendre que si ils "dérangent" effectivement, ce n’est pas du fait d’un quelconque écho qu’ils recevraient (à ce propos, laissez-nous rire, le seul écho que les rares sorties de l’AF provoquent, ainsi que leurs petits tags "Christ-Roi" au marqueur, c’est un "vous craquez, les gars", largement répercuté dans le vide qu’ils parviennent à créer autour d’eux), mais tout simplement du fait d’un profond mépris (et au mieux d’une indifférence) à leur encontre. Tout ce qu’ils parviennent à faire, c’est à enrichir les serruriers et les vendeurs de peinture, qui ont trouvé chez eux des bons clients.
Effectivement, l’AF nous dérange, parce qu’elle est là. Et non pas par sa force, quasi-nulle, mais par son existence même. Parce que ses discours sont nauséabonds et que ses idées le sont autant. L’extrême-droite ne sera jamais la bienvenue dans le quartier, qu’il ne s’agisse que d’un seul individu ou d’une bande plus nombreuse.
Pour la petite histoire, l’AF a récemment fait office de gros bras pour assurer le service d’ordre des manifestations pour les chrétiens d’orient, manifestation auxquelles le maire FN Stéphane Ravier était présent de façon visible, ou encore dans les Manif pour tous.
Voilà pourquoi, avec ou sans grenade, nous n’accepterons jamais qu’ils viennent répandre leur fange idéologique raciste, xénophobe, homophobe et nationaliste. Qu’ils rejoignent les ruines du monde qu’ils n’auraient jamais du quitter.
Comme nous le disions plus haut, nous n’accordons cependant pas beaucoup de crédit à ce que peuvent raconter ce genre de pauvres types, ni à ce que racontent les fafs en général. Il est probable que cette grenade et ces balles n’aient jamais existé, qu’elles ne soient là que pour leur permettre d’aller porter plainte pour menace de mort et donc de jouir potentiellement d’une protection plus proche, afin d’éviter que leur local ne continue de subir chaque nuit des sévices divers et variés et pouvoir tenter d’organiser leur rentrée, qui avait lieu peu après, dans le calme, la bonne humeur et la peur d’être attaqués. Il est même possible que ces rigolos aient eux-même placés ces objets pour pouvoir ensuite s’en indigner devant la police.
C’est vendeur, d’aller raconter qu’on a été menacé par le biais d’armes de guerre déposées devant chez soi. Mais on ne voit pas bien qui irait offrir ainsi des armes à l’extrême-droite, elle en a historiquement toujours eu bien assez et bien assez fait l’usage, en plus de presque toujours avoir été utilisée et protégée par les services de sécurité de la République (exception faite de très rares exemples de groupes armés qui échappaient à tout contrôle).
C’est bien tout ce qu’il leur reste. Ca et déterrer des cadavres plusieurs fois centenaires pour les sanctifier.
Et même si elles ont existé, ce qui nous semble improbable, nous n’allons pas pleurer sur leur triste sort. Cela nous fait plutôt rire de nous dire qu’ils ne représentent rien mais qu’ils ont peur, malgré ce qu’ils disent. Sinon, ils feraient comme les grands, ils n’iraient pas porter plainte s’en remettre à la protection de la police.
Nous ne voulons pas d’eux, ni d’aucune présence de l’extrême-droite sous n’importe laquelle de ses formes, ni ici à la Plaine, ni ailleurs dans la ville ou dans le monde.
Nous sommes pour une société sans frontières, sans classes et sans Etats, sans hiérarchies et sans exploitation. Nous sommes internationalistes, révolutionnaires, antifascistes.
Et si l’"écho de plus en plus important" que l’AF rencontre est celui des grenades (même illusoires), cela n’augure rien de bon pour leur avenir politique.
Ce qui est plutôt une bonne nouvelle.