« Les enfants sont les graines du monde nouveau dans lequel nous désirons vivre. Jardiniers de la vie, sommes-nous toujours conscients des conditions de leur épanouissement ? De quel humus la jeunesse a-t-elle besoin pour croître et s’enraciner en humanité ? » Le festival Les Foisonnantes avance une proposition séduisante. L’édition 2024, qui se tiendra à Sisteron, mettra les enfants au centre de l’événement. Présenté comme un rendez-vous alternatif, éducatif et axé sur le bien-être, cette manifestation réunit en réalité charlatans, dérives sectaires et réseaux d’extrême-droite. Ou comment une énième foire au New Age fait le lit d’une idéologie fascisante.
L’an dernier, la première édition, parrainée par l’ex-médecin conspirationniste Christian Perronne, s’était tenue dans le petit village des Mées. Ce négationniste de la Covid-19 défend des scénarios nébuleux sur des tiques nazies qui propageraient la maladie de Lyme. Le collectif Action Antifouchiste avait alerté sur l’évènement en déroulant dans un thread sur X une longue liste d’intervenants reliés à l’extrême droite. Dans la presse, le maire PCF des Mées avait alors déclaré « s’être fait avoir », déplorant la présence d’intervenants « proche des milieux antisémites », et, d’après nos informations, il n’était pas question pour la commune de renouveler l’expérience.
C’est dans le giron de la galaxie Réinfocovid que s’inscrivent « Les Foisonnantes » et son organisatrice Margreth Poreyko, référente Alpes-de-Haute-Provence depuis 2021 du collectif fondé par Louis Fouché. On y retrouve non seulement les thèmes – complotistes et réactionnaires – mais également des personnalités faisant partie de son cercle dirigeant. Rappelons que sur les 16 membres du Conseil Scientifique de Réinfocovid s’étant exprimés publiquement à ce sujet, 15 ont appelé à voter pour Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Le positionnement politique de l’association, ne fait plus de doutes depuis longtemps, et la candidature de sa trésorière sous la bannière RN lors des dernières élections législatives n’est qu’un énième manifestation de son ancrage idéologique.
À Sisteron, l’ambiance est plus à droite. Décrit par les organisatrices comme une personne ouverte et curieuse, le maire, Daniel Spagnou, membre d’Agir, allié de la majorité minorité présidentielle, relaie des tweets dénonçant « l’immigrationnisme », « l’islamisation de la France » et le « wokisme ». Rien de très surprenant dans la banale extrême-droitisation de LR et de la Macronie. Plus étonnant : ses retweets conspirationnistes ou ses abonnements à des comptes de propagande russe, Qanon, voire carrément antisémite. Doit-on dès lors s’étonner que l’édile de Sisteron accepte d’accueillir dans des locaux communaux un aréopage de réactionnaires, de désinformateurs et de charlatans liés à des dérives sectaires ? Et, ce, malgré le scandale suscité par l’édition 2023 ?
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