Les 22 et 23 juillet a eu lieu à Vienne une rencontre de certains ministres de l’intérieur de l’UE sur « la lutte contre l’immigration clandestine ». Outre les ministres d’Allemagne, du Danemark, de la Grèce, de la Slovénie, de la République tchèque et de la Hongrie, des représentant·e·s de la Suisse, de la Commission européenne, de FRONTEX (Agence européenne des frontières et des garde-côtes) et de l’ICMPD (Centre international pour le développement des politiques migratoires) ont été invité·e·s par le ministre de l’intérieur autrichien Karl Nehammer (ÖVP).
Et qu’est-ce qui est ressorti de ces deux jours d’échanges intensifs ? Tout le monde s’accorde à dire que les États veulent coopérer plus étroitement pour pouvoir se verrouiller plus efficacement. Lors de la conférence de presse, Nehammer a parlé d’un succès surprenant. Il a été impressionné par la détermination commune des acteurs et actrices participant·e·s. Même les États qui ne parviennent que rarement à un accord au niveau de l’UE semblaient partager une même attitude, celle d’un cloisonnement encore plus grand et, adoptaient, selon lui, pour une fois une stratégie axée sur des solutions.
Pour ce faire, il est prévu, premièrement, de créer un nouvel office de coordination pour la gestion des migrations. Deuxièmement, d’accélérer les procédures d’asile et les expulsions. Et, troisièmement, de promouvoir le développement de la protection des frontières. Le changement le plus important, cela dit, concerne probablement ces nouveaux centres de coordination. Ceux-ci visent à renforcer la coopération entre les différentes institutions et agences de l’UE existantes (telles que Frontex) et les États concernés en matière de protection des frontières, de politique d’asile et de migration. Entre autres choses, le « trafic d’êtres humains » devrait être combattu plus efficacement (cela se traduit généralement simplement par plus de murs et de soldats aux frontières). La coordination des renvois devrait en plus être améliorée. Les détails de ce projet seront mis au point à l’automne.
Selon la taille et la conception de cette plateforme de coordination, cela pourrait entraîner d’énormes gains d’efficacité et renforcer encore l’administration des personnes exilées. Dans certains cas, cela a déjà eu lieu dans le cadre de la restructuration de Frontex. Depuis cette moment-là, l’agence fonctionne, entre autres, comme une institution d’expulsions, qui, d’une part, effectue des renvois coordonnés, soit de manière indépendante, soit pour le compte des États et, d’autre part, les finance. L’Allemagne, en particulier, fait souvent appel à cette offre. En conséquence, la part des vols charter lors d’expulsions a augmenté de manière significative. Bien que les vols charters soient généralement plus chers que les renvois s’effectuant par les vols de ligne, ils présentent un avantage décisif du point de vue des autorités : contrairement aux vols de ligne, il n’y a pas de tiers qui pourraient interférer avec l’expulsion ou d’en témoigner par la suite. Ces expulsions sont donc probablement beaucoup plus violentes, car si en 2019, environ 25 % des expulsions ont été effectuées par des vols charters, seuls 0,3 % des expulsions qui ont été annulées en raison de la résistance des personnes concernées ont eu lieu lors de ces déportations collectives. De nombreux rapports font état d’un recours systématique à la force au cours des expulsions. Mais précisément parce que les expulsions n’ont généralement pas lieu en public, cette violence policière n’est ni vue ni condamnée.
En outre, Frontex est en train de constituer un groupe d’expert·e·s « accompagnateurs et accompagnatrices de renvois » (forced return escorts). Il s’agit de policiers et policières et de gardes-frontières des États membres de Frontex d’où partent les expulsions et qui peuvent être déployé·e·s de manière flexible dans d’autres pays. Actuellement, on compte 690 « expert·e·s » de ce type.
https://barrikade.info/article/3721
https://www.jungewelt.de/artikel/382815.eu-und-fl%C3%BCchtlinge-abschottung-wird-versch%C3%A4rft.html
https://www.derstandard.at/story/2000118937581/eu-staaten-einigen-sich-auf-plattform-fuer-grenzschutz-und-asyl?ref=rss
https://taz.de/EU-Grenzschutzagentur-Frontex/!5701399/
https://www.icmpd.org/our-work/capacity-building/european-and-global-initiatives/forced-return-monitoring/