Loups Gris, Bastion Social... L’Etat Antifa ?

Ce mercredi 4 janvier le gouvernement français a "dissout" la branche française de l’organisation des Loups Gris...

Alors déjà, une dissolution, c’est un processus légal, dont le texte est visible dans l’article L212-1 du code de la sécurité intérieure et qui stipule que :

Le maintien ou la reconstitution d’une association ou d’un groupement dissous en application du présent article, ou l’organisation de ce maintien ou de cette reconstitution, ainsi que l’organisation d’un groupe de combat sont réprimées dans les conditions prévues par la section 4 du chapitre Ier du titre III du livre IV du code pénal.

Évidemment, on se demande ce que l’on risque si on refuse de se dissoudre, la loi l’a prévu et c’est dans les articles 431-13 à 431-21 du code pénal. En gros, prison et grosses amendes.

Les personnes elles ne se dissolvent pas, elles changent d’organisations ou en créent de nouvelles. La dissolution des groupes ne met pas fin aux idéologies de leurs membres. Il est évident que la dissolution des loups gris ne mettra pas un terme à l’organisation des fascistes. Qu’ils soient français ou turcs. Prenons pour exemple un cas récent, la précédente dissolution du Bastion Social.

Le Bastion Social avait été fondé par d’anciens membres du GUD, en 2017 à Lyon. Le GUD, connu pour sa proximité avec le Front National, ses ratonnades diverses depuis les années 70. Sous la menace de la dissolution dans les années 80, le GUD s’était auto-dissout puis reformé six mois plus tard, avant de se déverser en 2017 dans le Bastion Social. Lui a été dissout, à l’appel d’Emmanuel Macron, en conseil des ministres le 24 avril 2019.

Cela les avaient notamment amenés à fermer leurs locaux puis à se disperser dans d’autres groupes. Bien évidemment, malgré les dispositions de la dissolution et l’évidence de la continuité du projet du bastion social. Aucun membre n’a été condamné ni à 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende (pour les participants), ni à 7 ans de prison et 100 000 euros d’amende (pour les organisateurs), ni à l’interdiction des droits civiques etc... Ce qui rend claire le caractère purement symbolique de cette dissolution.

A l’occasion, le Groupe Antifasciste Lyon et Environs avait pris position, voici un extrait de leur communiqué :

Une dissolution d’organisation ne détruit pas l’idéologie qui a donné lieu à la création de cette organisation. En regardant l’histoire autour des dissolutions de groupes fascistes on voit que les militants restent les mêmes et les « leaders » se retrouvent toujours d’un groupe de nazillons à un autre. L’exemple que nous devons citer est celui du meurtre de Clément Méric en 2013 ; les groupes des Jeunesses Nationalistes et de l’Œuvre Française, entre autres, ont été très rapidement cités dans ce crime et cela a entraîné la dissolution de ces organisations. Pourtant Gabriac des JN a ensuite été condamné pour reformation de ligue dissoute lorsqu’il a créé Jeune Nation, puis il est allé militer avec CIVITAS. Ou encore Benedetti de l’œuvre française qui a ensuite rejoint le PNF…
Malgré ça, la seule réponse politique utilisée encore aujourd’hui reste la dissolution de ces groupes néo-fascistes. L’état utilise cette solution lorsque ces groupes dépassent les limites du « politiquement acceptable », limites établies par la bourgeoisie en place qui définit lorsqu’un groupe « va trop loin ». Bien sûr d’après nous, cette limite est franchie dès lors que ces groupuscules existent mais pour les classes dirigeantes il faut apparemment attendre près de deux ans de ratonnades et autres agressions pour agir.

A propos de la dissolution du Bastion Social, puis de sa recomposition, pleinement assumée par ses militants, La Horde publiait en mars 2020 un article dont voici aussi un extrait exhaustif :

Si le Bastion Social disparaît, ses militants ne s’évaporent pas pour autant. « Il nous faut repenser entièrement notre manière de militer et nos modes d’organisation en rompant avec le schéma classique des structures à échelle nationale fortement centralisées et hiérarchisées », explique Tristan Conchon, ex-leader du Bastion Social Lyon, le 12 octobre 2019 lors de la 13e édition des journées de synthèse nationaliste à Rungis. Le jeune cadre néofasciste annonce dans la foulée la création de deux nouvelles organisations : Audace (Lyon) et Vent d’Est (Strasbourg).

On peut par ailleurs lire à ce sujet sur la page Wikipedia du Bastion Social stipulant que "plusieurs anciens cadres de Bastion social, désormais leaders de groupes locaux, y prennent la parole. Ces nouveaux groupes fascistes sont suppléés par d’autres groupuscules, plus anciens, comme les Zouaves parisiens, l’Alvarium angevin, les Tolosates toulousains, Des Tours et des lys à Tours et les Savoyards d’Edelweiss".

La dissolution ce mercredi des Loups Gris n’a bien sûr pas manqué de provoquer une réaction de Recep Tayip Erdogan (RTE parfois tagué sur les murs) par l’intermédiaire de son ministre des affaires étrangères qui a promis que la Turquie allait "répliquer fermement" à la dissolution par la France de l’organisation ultranationaliste turque, qualifiant cette décision de "provocation". Il ajoutait que selon lui, il "n’existe pas de mouvement appelé "Les Loups gris"", qualifiant le mouvement dissous mercredi par la France d’"objet imaginaire"...

Bah bien sûr...

Il est donc évident que la seule réponse à l’organisation des fascistes est notre propre organisation antifasciste, anti-raciste, anti-sexiste, anti-autoritaire et anti-capitaliste. Car même en prison, même sous le coup d’amendes monstrueuses, même sous le coup de mesures prises par l’état sa police ou ses juges dont il est difficile de se réjouir parce qu’elles leur permettent surtout d’asseoir leur pouvoir, en tout les cas, les fascistes restent des fascistes, l’Etat reste leurs complice parfois par choix idéologique, parfois par pur calcul, qu’il s’agisse d’appuyer ses élans sécuritaires et xénophobes ou de réprimer les mouvement progressistes.

Pour les curieu.x.ses, voici le texte du décret de dissolution, même s’il s’agit d’une chronologie policière, on y apprend quand même quelques faits d’armes des Loups Gris :

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