En peu de temps, une barricade est érigée sur les voies, quelques pneus s’enflamment. Des banderoles sont accrochées : « Contre la loi travail, grève, blocage et sabotage » et « Loi travail, aie aie aie, ça déraille ». Aujourd’hui, le train à vapeur ne passera pas, la fréquentation de la Bambouseraie sera nettement en baisse.
Un tract est distribué aux touristes :
CONTRE LA LOI TRAVAIL, ON RENVERSE LA VAPEUR !
Tchou tchou c’est nous !
On vient bloquer le train-train quotidien, mais pourquoi gâcher ainsi ce qui aurait pu être une belle promenade touristique en ce joli jour de mai ?
Parce que le tourisme représente une part absolument pas négligeable de l’économie locale (le Train à Vapeur des Cévennes est la ’’véritable locomotive de l’économie touristique’’, dixit la Région), et cette économie, eh ben nous on veut la bloquer. Mais pourquoi ?
Parce que ça fait partie des moyens que nous avons pour renforcer le rapport de force, face aux patrons et à l’État, contre la foutue Loi Travail qu’ils cherchent à nous imposer (et t’inquiètes que de toute façon ça fait un bail qu’on avait des comptes à régler avec eux). Eh oui, pas encore rassasiés avec la généralisation du travail du dimanche, notamment dans les zones touristiques, les licenciements qui pleuvent dans tous les sens (comme à la si paisible Bambouseraie qu’on vient voir de si loin), ce coup-ci, pour la faire courte, ils vont baisser les salaires, allonger le temps de travail hebdomadaire, faire galérer encore plus les chômeurs, j’en passe et des meilleures !
Et puis pour ce qui est du tourisme, tu sais, on a pas vraiment envie d’être les gentils autochtones bons vivants et accueillants des cartes postales quand on en vit les ravages ! Ici on coupe des arbres centenaires pour faire un parking de musée, là on balance des millions d’argent public pour qu’une entreprise comme la Citev, qui gère ce petit train, puisse continuer à faire du profit, alors que vous-comprenez-y’a-plus-d’argent-pour-l’école-mais-vous-avez-qu’à-vendre-des-gâteaux-à-la-fête-du-village ! On grince un peu des dents dans nos apparts pourris et inchauffables à côté des villas bien exposées occupées deux semaines dans l’année. Et on devrait se réjouir parce qu’on a une chance de trouver un taf saisonnier payé au lance-pierre trois mois dans l’année, dans des conditions encore plus nazes si on laisse passer cette nouvelle loi ?
Alors voilà, on bloque.
Tchou-tchou !
’’J’ai cru en beaucoup de choses, maintenant je crois en la dynamite.’’ Il était une fois la révolution, Sergio Leone.
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Nous crions « A bas la loi travail ! », « On est sur la bonne voie, on continue ! », « Si vous voulez vous balader, allez sur les sentiers ! ». Quelques gendarmes débarquent, s’essayent au reportage photo. Les esprits s’échauffent, des casseurs infiltrés parmi les touristes déchirent une banderole et essayent d’y mettre le feu, sans succès. Après une heure et demi de blocage, les gares d’Anduze et de Saint Jean du Gard ferment leurs portes, la direction affiche « suite au blocage de la voie ferrée par une manifestation contre la loi travail, le train ne peut pas circuler ce dimanche 22 mai. ». Nous levons le camp avant l’arrivée du PSIG, l’action ayant été une réussite. Aucune interpellation n’est a signaler.
L’économie est bloquée, les touristes sont dèg, nous on est content !
« Un ptit blocage par ci, un ptit blocage par là, la loi travail ne passera pas ! »
Section tchou-tchou contre la loi travail