Première sommation : les précaires ripostent face aux prestataires privés de Pôle Emploi

Ce mercredi 15 février 2023, des collectifs de précaires en colère ont décidé de renverser la vapeur et d’aller harceler les harceleurs en organisant une action coordonnée au niveau national et cibler les prestataires privés de Pôle Emploi. Notre objectif : visibiliser les techniques capitalistes de précarisation organisée de la population, et rappeler que les expérimentations de conditionnement du RSA à des heures de travail gratuit, la réforme du chômage, celle des retraites, l’abjecte loi asile-immigration, ne sont que les parties d’un projet autoritaire au service des plus riches.

À Lille (Tingari), Marseille (Aksis), Paris (Solerys) et Brest (deux sous-traitants de Pole Emploi), on est allées visiter ces prestataires privés qui ont empôché 300 millions d’euros d’argent public en 2021 pour fliquer les plus précaires à base de programmes bidons sur le principe de la carotte et du bâton. C’est ce que décrit par exemple le journal La Brique dans un article de juin 2022.

Nous, précaires organisé.e.s de Marseille, avons ciblé les bureaux d’AKSIS situés au 5 cours Joseph Thierry.

Ce matin du mercredi 15 février 2023, nous décidons enfin de nous poser les bonnes questions, nous sommes déter·e·s à nous prendre en main, à donner la meilleure version de nous-mêmes.
Après avoir raté nos tests de personnalité, nous allons voir ces incompétent·e·s d’Aksis (qui sont quand même bon·ne·s pour sucrer des tas de fonds publics pour nous fliquer, nous et nos ami·e·s chômeur·euse·s et RSistes, au lieu de nous laisser tranquilles, à la plage)

9h30
Entrée héroïque dans les sinistres bureaux d’Aksis. Les employé·e·s, au bord du burn-out, nous accueillent triomphalement.
9h31
Dans une ambiance festive, nous découpons leurs chaînes et les nôtres en chantant « tout le monde dé-tes-te le tra-vail ! »
9h35
Le responsable, désespéré, saute par la fenêtre et s’écrase sur Elisabeth Borne qui, par effet de domino emporte avec elle Manu, Gérald et tutti quanti.
9h37
Cachée dans le faux-plafond nous trouvons une valise qui contient une bonne partie des 300 millions d’euros publics détournés. La valise est immédiatement transmise à la caisse de grève.
9h40
Les CV, bilans de compétences et autres tests de personnalité sont déchiquetés et lancés par la fenêtre, tels des confettis. nous célébrons le début de la fête et de la commune.

Qui est AKSIS ?
Ce nom ne vous dit probablement rien, pourtant, cette boîte privée fait partie des opérateurs prestataires qui reçoivent chaque année un véritable pactole : 92 millions de coût global pour la prestation « EMD » proposée par Aksis. Tout cela versé par l’État et Pôle Emploi pour proposer des programmes bidons de rédaction de CV ou de développement personnel.

Pour quel résultat ?
Dans des rapports récurrents de 2009, 2014 et 2020, Pôle Emploi lui-même et la Cour des comptes ont constaté la pauvreté du contenu des prestations des opérateurs privés.
En plus de leur coût délirant, leur suivi est moins efficace en terme de retour à l’emploi que celui, déjà douteux, du service publique assuré par Pôle Emploi.

Mais alors... pourquoi ?
AKSIS, comme d’autres boîtes du même type (Soleris, Catalys, Tingeris…) fait son beurre sur la précarité et le chômage entretenu par le patronat.
L’État, lui, finance le flicage des précaires et propage continuellement l’idée qu’elles et ils seraient individuellement responsables de leur situation.

Nous constatons que le chômage n’est pas le résultat d’une « crise » passagère mais d’un système qui utilise la peur de perdre son boulot comme moyen de faire accepter aux travailleur.euses des conditions toujours plus minables, et des emplois de plus en plus usants, inutiles, absurdes, voire néfastes.
Nous n’avons pas besoin de vos boîtes qui brassent du vent et ramassent des millions d’argent public chaque année.
Nous préférons construire une réponse collective à la précarité, et désigner les vrais responsables.

Hé coucou à Solerys !
Voici notre communiqué commun :
Le projet de Macron et son triste monde, c’est la mise au travail généralisée.Pour nous faire taffer, l’État contrôle, précarise et flique toujours plus. Pour nouspousser à perdre notre vie au turbin, Pôle emploi multiplie les rencards inutiles, les procédures interminables et n’hésite pas à nous couper les vivres. Pour nous faire croire que vivre dignement, s’habiller, se nourrir et se chauffer, ça se mérite, le gouvernement attaque les plus précaires à grands coups de loi sur l’immigration, de réformes des retraites, du chômage et du RSA.

Ce mercredi 15 février 2023, nous ciblons les prestataires privés de Pôle Emploi. Ces boites pourries (comme Askis, Catalys, Solerys, Tingari, etc.) encaissent des millionsd’euros de l’État (plus de 300 millions d’argent public en 2021) pour servir la demande de main d’œuvre des entreprises, faire baisser les chiffres du chômage et foutre la pression sur les plus démuni.e.s. En gros, tu te fais harceler, et tu payes pour ça ! On voudrait renverser la vapeur, arroser l’arroseur, harceler le harceleur et rappeler que, partout en France, on sera là pour dénoncer, s’organiser et gueuler chaque fois qu’il le faudra.

On est des précaires de plusieurs villes (Brest, Lille, Marseille et Paris) à s’être retrouvés pour s’organiser ensemble et coordonner nos actions. On est autonomes et déters parce qu’on veut monter au créneau. Occuper, bloquer, saboter, nous parle plus que manifester sagement et négocier.
Le travail exploite, le travail rend malade, le travail tue, le travail pollue, le travail ne nous permet pas de vivre.

Nous revendiquons le temps libre, l’entraide, la débrouille et la thune !

Ça t’intéresse ? Écris- nous : precairesorganisees@riseup.net

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