Le projet d’enfouissement CIGEO vient d’être déclaré d’utilité publique, les piscines de La Hague débordent et l’Etat s’apprête à lancer une nouvelle filière de réacteurs sans faire le bilan des 70 ans de l’industrie nucléaire française. Dans ce contexte, le collectif Comité Centrales propose, lors de temps d’échanges publics, de réactiver la mémoire des résistances rurales face au colonialisme du progrès technologique, effacées du récit républicain.
Réalisé de manière bénévole dans un cadre associatif en 2021, le film Notre terre mourra proprement retrace l’histoire des tentatives de l’ANDRA (Agence Nationale de gestion des Déchets Radioactifs) d’imposer aux territoires ses multiples projets de sites de stockage de déchets nucléaires. Entre corruption éhontée et arrogance technocratique, le film relate - à partir de témoignages d’habitant.es et d’images d’archives - comment depuis 1979 (date de création de l’ANDRA) les populations rurales se sont massivement mobilisées contre l’arrivée des rebuts de l’atome dans leurs contrées, grâce à des alliances assez uniques et savoureuses entre les milieux agricoles et écologistes.
Partout ou presque, ces soulèvements ont remporté la victoire, jusqu’à ce que l’ANDRA parvienne en 1998 à lancer la construction du laboratoire d’enfouissement à Bure. Aujourd’hui, aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne, des habitant·es de la région luttent encore main dans la main avec les jeunes générations de militant·es écologistes anticapitalistes venus les soutenir.
À partir d’extraits commentés de leur film, la réalisatrice et le réalisateur proposent une conférence-débat pour reparcourir l’histoire des quatre dernières décennies depuis le point de vue des mondes paysans qui jadis habitaient la terre. Malgré l’éradication de ces cultures si riches, on peut constater dans le refus commun, viscéral, du techno-féodalisme du nucléaire et de ses déchets, qu’il existait naguère un terreau fertile pour voir s’allier écologie et ruralité.
La tournée de cette conférence-débat (Novembre 2022 - Janvier 2023) s’inscrit en parallèle du débat public (Octobre 2022 - Février 2023) sur la relance du nucléaire organisé par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP). Cette mascarade se focalise uniquement sur les questions techniques et ne prend ni le temps de faire un vrai bilan historique, ni le temps d’aller à la rencontre de l’ensemble de la population. Ainsi, tandis que la filière est déjà au travail et que le gouvernement légifère pour accélérer le mouvement, le débat organisé par la CNDP se concentre sur dix dates – dont trois seulement auront lieu hors de Normandie. Cette tournée, organisée de manière bénévoles et sans moyens, est constituée d’une quarantaine de dates partout en France de novembre à janvier.
L’organisation de cette tournée cherche à
- rappeler l’histoire sociale et antidémocratique ainsi que les méthodes coloniales de l’industrie nucléaire, au moment où le débat public, que ce soit sur la relance du nucléaire ou l’avancée des projets de gestion de déchets à Bure et à La Hague, est focalisé sur les enjeux technologiques.
- initier une dynamique de réappropriation collective de l’histoire des luttes au sein du mouvement antinucléaire. Notre Terre Mourra Proprement n’est qu’un début : il reste encore de nombreux témoignages et archives à recueillir ainsi que de contenus à produire pour faire vivre la mémoire de nos luttes.
- débattre des liens entre écologie et ruralité. L’histoire des luttes contre les déchets nucléaires racontée dans Notre Terre Mourra Proprement montre qu’il existait naguère un terreau fertile pour des alliances entre écologie et ruralité, alliances qui perdurent encore aujourd’hui à Bure.
Tournée proposée par Catherine Fumé et François Guerroué, du collectif Comité Centrales de novembre 2022 à janvier 2023.
Date à marseille le 20 novembre à 18h30 à la Dar