Une présentation et discussion autour de la lutte contre les mégas bassines dans le Poitou et un appel à se mobiliser massivement le 25 mars prochain. Alors que grondent les conflits entre usages de l’eau à cause d’une sécheresse devenue systémique, se déploie dans toutes les plaines de France une prétendue techno-solution : les méga-bassines.
Sous les apparences d’une logique implacable - stocker l’eau en hiver, quand il y en a, pour pouvoir l’utiliser en été, quand il en manque - ce projet masque la complexité du système de l’eau, et les vrais intérêts qu’il défend.
Dans un premier temps, cette année 2023, nous aura démontré que les dérèglements en cours ne nous tiennent pas à l’abri de sécheresses hivernales. Ensuite, il paraît important de rappeler que les milieux eux-mêmes, s’ils sont résilients, servent de bassines. Les marais étaient des éponges gorgées d’eau avant d’avoir été drainés et asséchés. Les zones humides disparaissent face à l’agriculture intensive et l’étalement urbain.
Qui parfois affleurent, ou parfois nous emmènent loin sous terre, il y a les nappes phréatiques. Elles aussi stockent de l’eau, quand la pluie pénètre en profondeur des sols perméables et poreux. Les nappes gorgent les sols d’eau et les rendent vivants et elles soutiennent le débit des rivières qui font fleurir les écosystèmes.
Les bassines apparaissent sur des plaines asséchées par l’agriculture, pompent massivement dans les nappes pour remettre l’eau à ciel ouvert. La différence avec la nappe : un plastique noir, des digues d’une dizaine de haut, un titre de propriété, une possibilité d’irriguer malgré les arrêtés de secheresse. Et ce, alors que de plus en plus de villages et petites villes sont alimentés en camions citernes en été et que près d’un millier de rivières, avec les écosystèmes liés qui leurs sont liés, se trouvent de plus en plus régulièrement à sec. Un système technique est toujours un projet de société. La bassine sépare l’eau des milieux pour un modèle agricole hors sol.
Les modèles agricoles contemporains, basés sur des grandes politiques de remembrements fonciers se sont construits sur la destruction des bocages, l’assèchement des terres et l’accumulation des terres par un nombre toujours plus restreint d’exploitants. Ils sont entrés dans les grandes lois du marché international qui favorisent de grandes parcelles mono culturelles extrêmement mécanisées et souvent complètement déconnectées des contextes locaux, que ce soit d’un point de vue social ou écologique.
Depuis plusieurs années de luttes, la problématique des bassines a pris une envergure internationale. Partout dans le monde, certains s’accaparent l’eau. Que ce soit pour l’agrobusiness, pour l’agroalimentaire industriel, pour le nucléaire, pour l’extraction minière, pour l’hydroélectricité, ou même, pour faire de la neige artificiel (faisons tourner les stations de ski jusqu’à la fin), il y a toujours en toile de fond des masses d’eau accaparées. Le conflit engagé pour empêcher la construction des méga-bassines fait aujourd’hui porte-voix pour toutes ces autres luttes pour l’eau. D’autant que ces bassines ne sont que les premières de plus de milles projets de stockages d’eau rien qu’en France. Derrière ce combat, ce sont deux visions du monde irréconciliables qui s’affrontent.
La stratégie de la chambre d’agriculture et de la FNSEA répète à qui veut bien l’entendre qu’il ne faut pas opposer les deux modèles. Et pourtant, ce sont bien deux modèles qui s’opposent. Il ne s’agit pas de stigmatiser tous les agriculteurs qui sont liés à une bassine. Il s’agit de rappeler que les bassines sont des technologies issues du monde de l’assèchement. Ce modèle dominant assèche les possibles des modèles alternatifs. Par la captation des fonds publics, des subventions, de la terre et, bien sûr, de l’eau.
Tant que la question du partage de l’eau ne sera pas remise au cœur du débat, le mouvement va devoir encore se renforcer. Nous appelons donc à une manifestation internationale contre les bassines et le monde qu’elles défendent le 25 mars, dans le Poitou-Charentes !!
Infos pratiques : https://bassinesnonmerci.fr/index.php/infos-pratiques/
Nous sommes l’eau qui se défend ! No bassaran !