Textes de la Zad du Carnet

A la Zad du Carnet, on vit, on construit, on lutte et on écrit aussi ! A lire dans ce recueil de textes : un poème, un entretien, des brèves de vie, etc. Bonne lecture !

Entretien avec une zadiste

20 septembre à 14h30

J’arrive à un lieu de vie. Ici l’ambiance est calme et sérieuse : pas de portables dans le lieu. Autour du feu, sous une bâche, quelques personnes préparent une salade concombre/pommes/poires/piment/curry/paprika, une recette soit-disant péruvienne. C’est étonnamment plutôt bon. Pendant ce temps, l’eau finit de bouillir sur le feu. Le reste du menu : pâtes-emmental. On sent la fatigue de 3 semaines d’occupation peser un peu partout.

Au programme de la journée de repos : cuisine-vaisselle-musique-discussions & vigie.

Quelqu’une accepte de répondre à quelques questions pour l’automédia de la zad.

Question : Comment tu te sens après 3 semaines d’occupation ?

Réponse : Enthousiaste et fatiguée. Fatiguée car il reste plein de choses à faire et enthousiaste car déjà plein de choses se sont faites !

Q : Qu’est ce qui te fait apprécier d’habiter sur zone ?

R : Je dirais que le mot qui décrit le mieux ce qu’on vit c’est intensité. Intensité du temps : les journées sont hyper denses et passent très vite. Intensité des relations et des rencontres aussi. J’ai rencontré et revu pas mal de gens ici. Le simple fait d’être présent.es ensemble sur une zone d’occupation, de partager une certaine vision donne lieu à des rapports assez fusionnels.

Q : Tu as déjà été à des zad en campagne ? Est-ce que les expériences sont similaires ?

R : Oui, c’était contre des projets différents mais l’intensité est similaire. Ce qui compte sur ces lieux, c’est qu’on combat le capitalisme qui se montre sous diverses formes.

Q : Ca t’a fait du bien d’être içi ?

R : C’est vital. On a l’impression de travailler, pas au sens productiviste mais avec un travail agréable. On réfléchit, on bâtit, on apprend. Je pense que ce qui nous pousse, notre moteur, c’est notre vision de la société. Il y a beaucoup d’adversités : on essaie de développer de nouvelles formes qu’on façonne et partage. Evidemment, ce qu’on fait est loin d’être parfait, mais on choisit ce qu’on fait et on essaie de s’améliorer.

Q : Tu es sur un lieu avec peu d’approvisionnement, est ce que c’est difficile ?

R : Ici, on est pas autonome, c’est la galère. On dort encore à la belle étoile mais j’apprécie le peu de confort de ce lieu de vie. Le manque d’autonomie en eau rend beaucoup de choses compliquées comme la vaisselle. On doit faire des km pour récupérer des bidons d’eau qu’on transporte à vélo, c’est une grosse mission. On se laisse vite dépasser du coup. En plus, je suis un peu maniaque ce qui n’arrange pas les choses ! Mais tout ça, ça soude le groupe : c’est des galères qu’on partage ensemble. La précarité c’est relou mais quand on la partage avec d’autres, ça partage à une certainse intensité dans nos relations. Quelque part, le fait de ne pas être confortable rend les relations plus vraies.

Q : De quoi as tu peur et qu’espères-tu ?

R : J’espère qu’il y aura du monde, que ça va durer, qu’on tiendra !J’espère qu’on arrivera à améliorer la communication entre nous et qu’on reste assez fort.es pour continuer à lutter contre le système et empêcher que cette zone soit bétonnée !

PS :

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