Un accident dû à une course poursuite avec la BAC à l’origine des affrontement à Grasse

Après avoir affirmé que l’origine de la nuit d’émeute de lundi 23 à mardi 24 décembre dans le quartier des Fleurs était liée au trafic de drogue, devant l’évidence de leurs mensonges, médias et politiques retropédalent prudemment. Le passager de la 306 est toujours entre la vie et la mort.

Après les heurts survenus dans la nuit de lundi à mardi, au cours desquels des dizaines de personnes ont scié une douzaine de caméras de surveillance puis s’en sont pris aux flics à renfort de mortier d’artifice, une source policière a d’abord expliqué que, selon les premiers éléments de l’enquête, « les caméras gênaient tout simplement la livraison d’un important stock de stupéfiants prévue avant Noël ». La torchonnerie médiatique a alors imprimé partout ces foutaises, à commencer par Valeurs Actuelles qui titrait le 24 décembre, Alpes-Maritimes : affrontements entre individus cagoulés et forces de l’ordre, sur fond de trafic de drogue affirmant, sans avoir fait la moindre investigation sur le sujet, que "D’après des sources policières, cet incident pourrait être lié au trafic de stupéfiants et aurait été organisé en vue d’une importante livraison de drogue."

Dans Le Monde du jeudi 26 décembre, une source proche du dossier admet pourtant qu’il apparaît toutefois que c’est bien la piste de l’accident d’un véhicule pris en chasse par la brigade anticriminelle (BAC) qui est vraisemblablement à l’origine des violences.

On ne sait même pas d’où sort cette histoire de livraison et de trafic.

Dans un déni qui s’il n’était hautement tragique friserait le ridicule le commissaire divisionnaire Guillaume Cardy, directeur adjoint de la sécurité publique des Alpes-Maritimes, a annoncé un renforcement de la présence policière le lendemain dans le quartier des Fleurs. Il déclarait à Nice-Matin à propos de la nuit précédente « Cela a duré une trentaine de minutes. Il n’y avait pas eu de signes avant-coureurs. Il n’y a pas, à ce stade, d’explication rationnelle »

Le parquet de Grasse a lui confirmé au Monde qu’un accident a bien eu lieu dans le quartier des Fleurs vendredi 20 décembre, après que les policiers aient découvert la 306 encastrée. Un juge d’instruction a été saisi dans le cadre d’une information judiciaire.

Le conducteur s’en est sorti mais est mis en examen pour « blessures involontaires », « refus d’obtempérer aggravé » et « maintien sur le territoire d’une personne étrangère faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire ». et le passager, prénommé Ilyes, âgé de 18 ans, a été transporté à l’hôpital « dans un état gravissime ». Toujours selon le parquet, « son pronostic laisse entrevoir le pire ».

Le quartier des Fleurs, à Grasse, ne s’est pas embrasé lundi soir « sur fond de trafic de drogue », comme ont pu le laisser entendre des responsables locaux et élus d’extrême droite.
Ce gros mensonge policier a ensuite été répété par Eric Ciotti, Christian Estrosi et Jerome Viaud. Pourtant une instruction judiciaire avait été ouverte et personne ne pouvait alors ignorer le lien de causalité entre l’accident impliquant la BAC et la nuit d’émeute.

Dans l’indécence la plus totale et sachant qu’un jeune de 18 ans est entre la vie et la mort, le maire de Grasse, Jérôme Viaud, a lui osé déclarer :

[Ces violences] m’ont d’abord surpris parce que c’était un quartier qui était apaisé depuis cinq ans. Elles m’ont choqué aussi dans l’extrême violence de ces situations où on a vu qu’il y avait une vraie préméditation de ces actes avec des disqueuses thermiques, avec des feux d’artifice qui ont été utilisés contre les forces de l’ordre. [...] Si ces caméras ont été prises pour cible, c’est qu’elles doivent gêner et elles doivent gêner ceux que ça dérange.

Là où Jerome Viaud parle d’emballement suite à la diffusion de la rumeur des trafics de drogue, il s’agit d’une stratégie politique délibérée de sa part et de celle des élus et médias d’extrême droite. Rendue tristement criante dans les déclaration du Maire de Grasse dans Nice-Matin.

Provoquant un débat sur les caméra de surveillance à la suite de la nuit d’émeute il a promis l’installation de nouvelles caméras, un maillage plus serré et au passage « des lecteurs de plaques aux entrées de la ville pour connaître les immatriculations qui pénètrent sur le territoire et qui sortent du territoire. » D’après l’enquête, l’accident impliquant la BAC se serait pour sa part produit « hors zone » de couverture par les caméras, mettant franchement en doute l’impartialité de leur usage, puisqu’à nouveau lorsqu’il s’agit de confondre des policiers, elles ne fonctionnent pas. Tout comme elle ne fonctionnaient pas quand Zineb Redouane a été tuée dans le quartier de Noailles le 1er décembre 2018.

Empêtré dans ses mensonges et sa loyauté envers les flics, Nice-Matin tentait d’expliquer le 24 décembre que « La Sécurité publique des Alpes-Maritimes réfute toute course-poursuite avant cet accident, tout en expliquant d’une brigade anticriminalité était en patrouille dans le secteur. »

La responsabilité des flics ayant pris en chasse la voiture dans le quartier des fleurs n’est elle bien sûr pas même questionnée bien que dès vendredi 20 décembre au soir, des rumeurs ont circulé dans le quartier affirmant que la 306 était emboutie par l’arrière, impliquant que le véhicule de police ait percuté celui des deux jeunes avant qu’il s’encastre. Si cela est démenti par le parquet, le conducteur, qui est sorti de l’hôpital et a pu être entendu par les enquêteurs, maintient avoir senti « un gros choc à l’arrière ».

A lire aussi...