L’assassin, Ömer Güney, arrêté près de deux semaines après le massacre, s’est avéré être un agent des services secrets turcs (MIT). Cependant, du fait de ses atermoiements, la justice française a manqué une occasion cruciale de juger un crime politique commis en France, l’assassin étant mort en prison un mois avant la date de son jugement. Toutefois, de nouvelles évolutions ont contraint la justice à rouvrir une instruction pour identifier les commanditaires du triple assassinat, une instruction qui traîne cependant en longueur, faute de volonté du gouvernement français de coopérer avec la justice en levant le secret-défense qui empêche la divulgation des informations détenues par les services de renseignement français concernant cette affaire.
Alors que la communauté kurde préparait différents événements à l’occasion du 10ème anniversaire du triple assassinat des militantes Sakine, Fidan et Leyla, les Kurdes de France ont été endeuillés par un nouvel attentat meurtrier qui a tué trois militants kurdes, dont la représentante du mouvement des femmes kurdes en France, devant le siège du CDK-F, au 16 rue d’Enghien, encore dans le 10è arrondissement de Paris, le 23 décembre 2022.
Parmi les victimes, figure Emine Kara (connue sous le nom d’Evîn Goyî), une figure emblématique du Mouvement des Femmes kurdes, ainsi que le jeune chanteur kurde Mîr Perwer, qui avait été contraint de se réfugier en France suite à une condamnation par la justice turque à une peine de prison en raison de son engagement pour la culture kurde. La troisième victime est Abdurrahman Kizil, un homme kurde d’une soixantaine d’années qui fréquentait régulièrement l’association. L’attentat a fait par ailleurs trois blessés. Pour le CDK-F, il ne fait aucun doute que la Turquie et ses services de renseignements sont impliqués dans cet attentat terroriste qui a endeuillé le peuple kurde et toute la France.
C’est la deuxième fois en moins de dix ans que Paris est le théâtre d’un massacre politique contre les Kurdes et particulièrement contre les femmes kurdes. Ces crimes terroristes ne touchent pas seulement la France et sa communauté kurde, mais un peuple de 50 millions de personnes dispersées dans les quatre coins du monde. 10 ans après l’assassinat à Paris des militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, le sentiment d’impunité règne plus que jamais, le sentiment que la France cherche à jeter aux oubliettes ce crime politique, comme tant d’autres qui jalonnent son histoire contemporaine. En effet, durant ces 10 longues années, l’État français n’a manifesté aucune volonté politique pour élucider cette affaire, ni fait aucun geste pour faciliter les investigations et le travail de la justice. Or, il ne s’agit pas là d’une simple affaire judiciaire, mais d’un crime terroriste dans lequel sont impliqués les services d’un État étranger, comme le confirme le réquisitoire du Procureur de la République : « de nombreux éléments de la procédure permettent de suspecter l’implication du MIT dans l’instigation et la préparation des assassinats. » Sollicité à plusieurs reprises par les juges d’instruction pour la déclassification des informations détenues par les différents services de renseignements français concernant cette affaire, les gouvernements français successifs ont toujours opposé le secret-défense. En refusant de lever le secret-défense, la France commet un déni de justice et entretient l’impunité d’un crime politique et terroriste.
Le 21 décembre 2024, nous vous invitons à rejoindre la manifestation aux côtés de la communauté kurde à Marseille à 13h aux Réformés en haut de la Canebière, afin d’exiger vérité et justice.
Ecouter l’entretien avec Berivan Firat, porte-parole du Conseil Démocratique kurde en France dans le podcast Luttes Kurdes
Dans cet épisode, nous abordons les événements tragiques du 23 décembre 2022 à Paris. Ce jour là, William Malet, a ciblé délibérément la communauté kurde, faisant trois morts : Emine Kara dite Evîn Goyî, Mîr Perwer et Abdurrahman Kizil. Un an après, l’enquête suscite des interrogations et le caractère terroriste de l’acte n’est toujours pas retenu.