Un collectif Marseillais pour faire face aux impayés de loyers

Depuis la mi-avril, les appels à faire la grève des loyers se sont multipliés partout autour du globe. A Marseille un collectif d’habitant du centre ville proposede s’organiser samedi 23 mai à 17h sur la Plaine.

La pandémie mondiale due au Covid-19 a entraîné la mise à l’arrêt d’une partie de l’économie. Dans ce monde où le travail est le moyen généralisé permettant de pouvoir vivre, la situation économique de beaucoup d’entre nous s’est dégradée très rapidement, entraînant des difficultés de paiement de nos loyers. Depuis la mi-avril, les appels à faire la grève des loyers se sont multipliés partout autour du globe. Aux États-Unis comme en Grèce, au Canada, au Québec, en Espagne, en Belgique ou encore en France, de nombreux collectifs et plateformes d’entraide se sont créés, permettant un rapport de force qui a porté ces fruits dans certains endroits.

En France l’association Droit au Logement s’est lancé dans une campagne nationale intitulée Loyers suspendus. Sur le site https://www.loyersuspendu.org/, ils donnent quelques tuyaux et recensent les luttes et mesures gouvernementales prises dans d’autres pays. Un site plus autonome (https://greve2loyers.github.io/actualites.html#direct) propose également de la matière et des outils pour s’organiser sur cette question. A Toulouse, le collectif de locataire « On ne paie plus 31 » a relayé dès les débuts du confinement cet appel international à la grève des loyers. Il sert depuis d’outil d’organisation aux grévistes. A Lille, Montpellier, Bordeaux, et partout en France, des collectifs se sont créé ces dernières semaines. A Marseille aussi, des collectifs commencent à s’organiser pour faire face aux impayés de loyer, s’entraider et s’aider à faire grève. Samedi 23 mai à 17h aura lieu, sur la Plaine, la deuxième réunion d’un collectif du centre-ville.

Pour se donner quelques idées d’actions, voici un petit aperçu non-exhaustif des luttes pour l’annulation des loyers dans quelques pays d’un bout à l’autre du globe, de leurs outils de grève et des réponses gouvernementales.

USA
Selon Wall Street Journal un tiers des locataires n’ont pas payé leur loyer en avril. Dans un certain nombre de cas, cela découle d’une décision collective. Depuis le 2 avril, des quartiers entiers de New York et de Los Angeles, par exemple, participent à cette action collective.
A new York la plateforme #CancelRent (Annulez les loyers), a agrégé des responsables politiques et des locataires qui, souvent, n’avaient jamais participé à une mobilisation sociale. Leur but : convaincre le gouvernement fédéral d’annuler les loyers et remboursement d’emprunts aussi longtemps que durera la crise sanitaire, économique et sociale. Le 22 mai de nombreuses manifestations en voiture ont eu lieues dans tout le pays.
Plus d’info : https://westriketogether.org/

Canada
Au Canada, des milliers de locataires s’organisent en ligne depuis le 1er avril. Dans les années qui ont précédé l’apparition du coronavirus, la plupart des locataires canadiens ont subi une très rapide augmentation des loyers. La pandémie a été l’élément déclencheur d’un mouvement qui se préparait depuis longtemps. De nombreux locataires apposent à leurs fenêtres un drap blanc, symbole de ralliement à la « grève des loyers ». Une plateforme (AnnulezLesLoyers.ca) invite les locataires à se joindre au mouvement, directement ou à partir du moment où, dans leur région, 2 000, 8 000, 20 000 ou 50 000 personnes y participeront. À la veille du 1er avril, la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, a prié les propriétaires « d’être compréhensifs » envers leurs locataires ne pouvant pas les payer immédiatement. Mais pour le FRAPRU et le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), ce n’est pas suffisant.

En Colombie-Britannique, des mesures du gouvernement fédéral ont cependant été annoncées, qui vont dans le sens des grévistes : gel des loyers et suspension des expulsions.

Espagne
En Espagne, plus de 200 collectifs, soutenus par des syndicats de locataires, ont appelé à la grève des loyers à partir du 1er avril. Selon les syndicats de locataires, les grévistes seraient plus de 15 000. Cet appel a eu un puissant écho à travers le pays. Les syndicats de locataires insistent sur la nécessité d’une réponse collective. Ils ont également annoncé la création d’une caisse de grève virtuelle, qui permettra d’assurer « une couverture légale » aux grévistes en cas de procédures juridiques. Ces collectifs attendent une réponse du gouvernement, qui s’est contenté de suspendre les expulsions (pendant six mois), de mettre en place un moratoire de 4 mois pour les loyers dus aux propriétaires possédant plus de 8 propriétés (en cas d’absence d’accord, une remise de 50 % de la dette devra être accordé) et de 3 mois sur les mensualités de remboursement des prêts immobiliers pour les foyers modestes.

A Barcelone, la maire a annoncé la suspension du paiement des loyers dans le parc social pendant l’épidémie. 12 000 familles seraient concernées de près ou de loin par les mesures. Les locataires ne paient pas avril, mai, juin et ont jusqu’en décembre 2021 pour rembourser leurs loyers.

Danemark
Au Danemark, le mot d’ordre de la grève des loyers commence également à se répandre parmi les étudiants du Danemark, et notamment les étudiants étrangers : l’agence qui les a aidés à s’installer menace désormais d’expulser ceux qui ne peuvent pas payer leur loyer.

Suisse
En Suisse des délais de paiement des loyers ont été accordés : « Les locataires en retard de paiement à cause des mesures de lutte contre le coronavirus bénéficieront de 90 jours au lieu de 30 pour s’acquitter d’arriérés de paiements concernant des loyers et frais accessoires dus entre le 13 mars et le 31 mai ».

Royaume Uni
Une aide au paiement des loyers d’1 milliard de livre qui va bénéficier à 4 millions de foyers a été accordée le 20 mars par le gouvernement.

Irlande
En Irlande, le gouvernement a procédé à un gel des loyers et à un moratoire sur les expulsions durant la durée de la crise., dès le début du confinement.

Allemagne
Même topo pour l’Allemagne, qui a mis en place un moratoire sur les loyers pour l’ensemble des locataires qui peuvent suspendre le paiement de leur loyers avec un délai de 2 ans pour rembourser.

Portugal
La mairie de Lisbonne a suspendu les loyers HLM, pour les locataires qui ne peuvent payer, jusqu’en juin. « À la fin du mois de juin, le montant non facturé peut être payé sur 18 mois sans aucun intérêt ni pénalité » Cette mesure concerne environ 24000 logements selon le site du Figaro Immobilier.

Belgique
En Belgique, aucune mesure gouvernementale concernant les impossibilités de paiement des loyers. Mais la lutte s’organise ! Le collectif regroupé autour du site https://www.grevedesloyers.be/ a mis en place un call center pour répertorier les gens qui ne peuvent pas payer leur loyer et faire le point avec elleux. Une caisse de grève et un Crowfunding ont également été mis en place.

Ne restons plus seuls face à nos galères économique. Aidons-nous à faire grève des loyers. Nous ne paierons pas leur pandémie ! Nos vies valent plus que leurs profits ! Rendez-vous samedi 23 mai à 17h sur la Plaine !

A lire aussi...