Un Marseillais est mort en combattant auprès des YPG en Syrie

Le 6 octobre 2018, Farid Medjahed, originaire de Marseille, est mort en combattant Daech dans la région de Deir ez Zor. Quelques mots en mémoire de ce militant internationaliste qui avait rejoint les YPG pour soutenir la révolution, combattre l’Etat islamique et lutter pour un monde de solidarité.

Les YPG ont rendu hommage à Farid, connu sous le nom de Şahin Qereçox, dans un communiqué reproduit en français par Rojinfo et que voici ci-dessous :

Depuis le 10 septembre, les forces des YPG et YPJ participent à l’opération Tempête de Cizire, qui vise le dernier bastion de l’Etat islamique sur le territoire nord-syrien, à savoir la ville de Hajin dans la province de Deir ez-Zor. Notre camarade Şahin Qereçox (Farid Medjahed) s’est bravement battu dans cette opération avant de perdre la vie au cours d’affrontements intenses entre nos forces et les terroristes de l’EI, dans un village des environs de Hajin, en date du 6 octobre.

La révolution du Rojava attire de plus en plus de personnes convaincues par cette lutte pour une société meilleure. Outre la population de la région, de nombreux jeunes hommes et femmes du monde entier ont rejoint ce combat pour la démocratie et la liberté au Moyen-Orient, et des dizaines y ont perdu la vie. Şahin Qereçox était l’un d’entre eux. Au cours de son séjour au Rojava, Şahin a montré une capacité d’adaptation rapide. Bien qu’il n’ait eu aucune expérience militaire, il a appris rapidement et s’est constamment efforcé de s’améliorer. Il était consciencieux dans son dévouement, un travailleur acharné, dénué de toute arrogance et très conscient de ses responsabilités. Depuis le jour de son arrivée et jusqu’à son martyre, il a toujours mené à bien ses missions.

Nous, combattants des YPG et YPJ, honorons nos martyrs héroïques. Nous présentons nos plus sincères condoléances à la famille et aux proches de notre camarade Şahin Qereçox. Nous réitérons notre promesse de continuer à lutter contre toutes les manifestations du terrorisme et à assurer la sécurité et l’avenir de cette région.

Par ailleurs, Davide Grasso, militant autonome italien qui a lui aussi combattu avec les YPG, rend aussi hommage à Farid sur sa page facebook, dans un texte que nous traduisons ici en français :

La mort du combattant Français des YPG Farid Medjahed, originaire de Marseille, connu sous le nom de bataille de Şahin Qereçox, pourrait peut-être nous réveiller en ce qui concerne la guerre sanguinaire qui a lieu en Syrie contre Daech. Bien que les médias occidentaux aient plus été attirés par l’ascension de Daech que par leur difficile mise en déroute par un mouvement organisé depuis la base, indépendant de tout État et voué à une perspective anticapitaliste et confédérale, la lutte contre le califat est tout sauf achevée.

Il y a exactement un mois, le 10 septembre, débutait l’offensive sur Hajin, une ville dont personne ne parle. C’est une petite ville des bords de l’Euphrate à la frontière avec l’Irak, dans la province de Deir-ez-Zor. Savez-vous combien de combattants des Forces démocratiques syriennes sont morts en un mois seulement ? 330, selon les chiffres officiels. 330 morts en un seul mois équivaut aux pertes de l’opération sur Manbij ou de Raqqa, peut-être même plus. La grande majorité des combattants ne font pas partie des YPG et ne sont pas Kurdes, mais Arabes, enrôlés dans les divers bataillons des FDS, provenant souvent des villages et des familles de la région.

Ces combattants tombent comme des mouches. Comment cela est-il possible ? Hajin est devenue la tanière de tous les miliciens survivants de l’État islamique, qui sont plusieurs milliers. Les chiffres varient de 4000 à 8000 ; ce qui est sûr, c’est qu’ils sont nombreux et sont pour la plupart des internationaux, c’est-à-dire des gens qui n’ont pas grand chose à perdre et dont le seul but est de trouver la mort en donnant la mort en retour. Encore une fois, les populations locales sont prises au piège, quand bien même une partie des habitants ont pu être évacués grâce aux FDS qui assuraient leur sécurité.

Les combattants de Daech dont bien armés et ciblent nos forces de puissants missiles, souvent à guidage thermique. C’est le cas de celui qui a tué Farid. Difficile aujourd’hui d’être certains de qui leur fournit leurs armes, après la chute de Raqqa et la perte de nombreux arsenaux des zones environnantes. Ils se cachent dans les broussailles le long du fleuve et lancent de puissantes contre-offensives, provoquant un nombre extrêmement élevé de pertes. Avec un peu de recul, non seulement le califat n’intéresse plus les médias et les gouvernements occidentaux, tant qu’il n’y a pas d’attentats en Europe, mais on voit par ailleurs qu’il ne manque pas de gens qui ne voient pas d’un bon œil la disparition totale de l’EI : son existence est toujours une bonne excuse pour les prétentions interventionnistes dans cette région du monde, si stratégique pour le futur.

Cependant, la rationalité révolutionnaire est différente de celle du pouvoir. Avant tout, pour les amies et les amis des FDS, le plus important sont les populations locales, opprimées depuis cinq longues années, après avoir subi d’horribles massacres, justement au moment de la conquête de Daech : des clans entiers et des centaines de personnes avaient été trucidées. De plus, pour les gens du coin, ce bout de désert, c’est chez eux, et c’est pour cela qu’ils continuent d’avancer avec le peu d’armes à disposition (avec, heureusement, la couverture aérienne de la Coalition) contre le mur noir qui cherche de nouveau de s’intégrer sans pitié à la population civile et refuse d’abandonner la Syrie malgré sa défaite politique totale.

Ce n’était pas le cas de Farid, naturellement. Lui ne venait pas de Deir-ez-Zor, ni de Hajin. Il a quitté Marseille et l’Europe, où il était déjà un militant politique, parce qu’il était convaincu que même un bout de désert en Syrie valait toute l’amitié entre révolutionnaires du monde et, chose au moins aussi importante, entre tous les peuples du monde, parce que les deux choses ne peuvent être séparées.

Honneur à toi, Farid.
La partie de l’Europe qui est encore en vie ne t’oubliera pas.

N’oublions jamais les martyrs internationaux des FDS-YPG

Solidarité avec la famille de Farid. Ne l’oublions pas.

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