"Attention les jeunes, je ne sais pas si c’est le froid, mais ce soir, j’ai la gâchette facile"

Le 18 octobre 1980, lors d’un contrôle, Lahouari Ben Mohamed, 17 ans, était abattu à bout portant par un CRS.

« Il actionne la culasse de son arme. Il se penche. Il place le canon de sa mitraillette face à moi, comme on pointe une personne du doigt. Je vois le bout de son arme entre la tête de Chérif et la porte du passager avant. (…) Ça ne dure qu’un court instant, mais là je comprends… Il va me tirer dessus. Y a plus aucun doute, je l’ai lu dans son regard. Ses yeux débordent de haine. Pourquoi ? J’ai rien fait. Je retiens mon souffle…  » Les dernières secondes de la vie de Lahouari Ben Mohamed, 17 ans, ne sont pas une fiction. C’est ainsi que ce jeune qui a grandit dans la cité des Flamants à Marseille, a été tué par un CRS, lors d’un contrôle de routine à la veille de l’Aïd, dans le quartier de la Busserine, à Marseille.

Cet extrait provient du livre écrit pat un de ses frères, Hassan, plus tard devenu flic. Le livre porte le titre « La gachette facile »… En effet, Jean-Paul T., le CRS meurtrier de Lahouari, avait prévenu, quelques minutes avant de tirer : “Attention les jeunes, je ne sais pas si c’est le froid, mais ce soir, j’ai la gâchette facile.”.

En 2014, Jean-Paul T. travaillait toujours et vit à Marseille. Tout de même condamné, le CRS n’écope alors que de dix mois d’emprisonnement, dont quatre avec sursis. En 1987, il est même totalement blanchi, grâce à l’amnistie présidentielle qui effaçait tous les crimes et délits punis de moins de six mois ferme antérieurs à l’élection de 1981.

C’est de là qu’est ensuite partie, trois ans plus tard, en 1983, la Marche pour l’égalité et contre le racisme, ou Marche des Beurs en réponse à une série de "bavures". Composée d’une dizaine de personnes, elle débute sur le lieu même de l’assassinat pour s’achever quelques semaines plus tard à Paris avec près de 100 000 personnes.

Pour lui, comme pour toutes les autres personnes tombées sous les balles de la police, rejoignez les appels à commémorer Zineb Redouane assassinée par un flic à Marseille le 1er Décembre 2018. Pour que leurs noms ne tombent pas dans l’oubli. Pour que la peur change de camps.

La police tue. Défendons nous !

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