Retour sur la manifestation contre le déni de justice

Compte rendu de la manifestation de Mardi 2 juin à Marseille à la suite de l’appel du comité Adama contre le déni de justice.

Alors que les émeutes se maintiennent aux Etats-Unis, l’appel du comité Adama à des manifestations aura été suivi dans plusieurs villes en France. A Marseille, plusieurs milliers de personnes se sont réunies.

Ce mardi 2 juin à été pour beaucoup d’entre nous un moment particulièrement intense. Après des semaines de confinement, ce retour d’un moment collectif en nombre doit nous permettre de retrouver l’énergie nécessaire et d’envisager la construction d’un mouvement social fort pour faire face à l’Etat.

Le rassemblement sur le Vieux-Port était prévu à 19 h, et, cette fois-ci, pas de quart d’heure marseillais. Un peu après 19 h, tout le monde se retrouve plein d’émotion et de rage. Les slogans s’enchaînent, on peut entendre alors à la suite « pas de justice, pas de paix », « justice pour Adama » « I can’t breathe ». 15 minutes après, c’est parti direction la Canebière. Les voix s’élèvent sur une Canebière où les distances de sécurité sont un peu compliquées à respecter, au plus grand bonheur des manifestant.es. On notera alors le retour des célèbres « tout le monde déteste la police » ou encore « justice nulle part, police partout », et bien sûr « Zineb, Zineb, on n’oublie pas on pardonne pas » alors que le cortège passe devant la rue des Feuillants, où elle a été tuée par un tir de grenade lacrymogène.

Le cortège se dirige alors vers la pref, toujours dans la même ambiance. Alors qu’ils étaient peu visibles depuis le début, sauf lors du passage devant le commissariat de Noailles, on retrouve les bleus à la préfecture, pour le début d’un face à face.
Assez rapidement les flics effectuent une première arrestation. Malgré les gaz utilisés pour nous disperser, la plupart des manifestant.es retournent face aux flics qui protègent encore et toujours leur préfecture, et derrière, le consulat américain ??.
L’ambiance se chauffe encore plus lorsqu’un jeune homme monte sur l’un des camions de CRS nous faisant barrage. Pendant plusieurs minutes, il reste le poing levé, se prend une grosse dose de gaz au poivre avant de se faire arrêter.

Pendant plus d’une heure, la même scène se reproduit. Quelques bouteilles volent en direction de la ligne des condés, ils gazent, la foule se replie avant de revenir, toujours déterminée malgré son manque de protection (ni lunettes ni bon masque). Souvent posant le genou, le poing levé en première ligne, à l’image du symbole américain initié par Colin Kaepernick. Mais à mesure que la foule diminue, les flics prennent plus d’initiatives.

Pendant ce temps, l’essentiel de ce qui reste de la manif s’est dirigée vers la Mairie centrale. La police gaze, des barricades sont érigées à la va-vite sur le quai du Vieux Port alors que les manifestant.es refluent en remontant la Canebière.

Quelques centaines de personnes remontent de nouveau avec entrain la Canebière, entraînant poubelles en feu et barricades diverses sur la route. Les flics reçoivent tour à tour des bouteilles et d’autres projectiles en échange de leurs tirs de flashballs et lacrymos. Arrivé aux reformés, un groupe remonte sur la plaine, finissant la manif en beauté.
Cette manifestation donne le goût d’une possibilité sérieuse d’un mouvement social fort aux perspectives des plus offensives. Nous devons arracher, et non plus demander. Depuis des années des militant.es racisé et/ou de quartiers populaires et leurs complices s’acharnent à trouver vérité et rendre justice aux victimes de violence policière. Les luttes passées et en cours éclairent sur la complexité du combat à mener, mais une chose semble sûre, l’état français, comme d’autres dans le monde, ne lâcheront jamais rien sur ces questions, si ce n’est des miettes. Multiplions donc dans les jours, semaines, et mois à venir les initiatives pour porter la possibilité d’un mouvement aux pratiques diverses. Posons banderoles et affiches sur chaque mur de Marseille, organisons-nous, déconfinons-nous et regroupons-nous pour déborder toujours plus les flics. Multiplions les possibilités d’actions en manifestation, car c’est un appareil politico-judiciaire entier qui doit être submergé afin d’attaquer l’état et atteindre ses dirigeants.

Continuons à maintenir la pression dans la rue dès samedi en rejoignant l’appel à une révolte contre violences policières à 19h sur le vieux port !

Pour plus de justice, brûlons tous leur palais ! Des tribunaux à l’Élysée, tout doit cramer !

A lire aussi...