Manifestation de soutien au 100 rue de la Répubique ce mercredi 23 février

Après avoir été expulsé.e.s du 1 place sadi carnot juste avant la trêve hivernale, les habitant.e.s du 100 rue de la République sont à nouveau menacé.e.s d’être expulsé.e.s de leur nouveau lieu d’habitation, qui appartient au bailleur social UNICIL. Iels donnent rendez-vous mercredi 23 février à 12h devant le 100 rue de la république pour les soutenir.
Ci-dessous, leur texte d’appel.

Un collectif d’habitant.es appellent à une manifestation à 12h le mercredi 23 février. La manifestation part du 100 rue de la République pour rejoindre la préfecture. Il y aura ensuite une occupation de l’espace en face de la préfecture par les habitant.es pour demander l’arrêt des expulsions sans relogement digne, et le respect de leur droit concernant le logement.

Les habitant.es espèrent que des médias puissent venir couvrir l’évènement, ils aimeraient pouvoir visibiliser leurs situations le plus possible....Selon les réponses de la préfecture et de la mairie, les
habitant.es continueront les rassemblements tous les mercredis à 12h.

[English below]

Nous sommes un collectif d’habitant.es qui vivons ensemble depuis plus d’un an. Nous sommes des personnes exilées et pour la plupart nous vivons en famille avec des enfants (dont beaucoup en bas-âge). Aujourd’hui nous vivons en squat au 100 rue de la République, après avoir été expulsé du 1, place Sadi Carnot en octobre 2021, juste avant le début de la trêve hivernale. Pourtant, nous avions envoyé une lettre à la mairie suite à un rassemblement pour empêcher cette expulsion. Les élus avaient promis de nous rencontrer, promesse qui n’a pas été tenue.
Au cours de cette expulsion, les autorités ont jeté illégalement beaucoup de nos affaires et des documents dont nous avons besoin pour nos procédures administratives (demande d’asile, solarisation des enfants…). Suite à cette expulsion, une partie d’entre nous seulement a été relogée dans des hébergements d’urgence, c’est-à-dire en hôtel. Pour la préfecture et la mairie, ces relogements sont la solution à nos situations.

Pourquoi ce n’est pas le cas pour nous ?

Les relogements en hôtel proposés par le 115 sont toujours de courte durée (de quelques jours à quelques mois) et nous maintiennent dans une insécurité car nous ne connaissons jamais à l’avance la date de notre départ. De plus, les places dans les hôtels ne sont jamais garanties, surtout pendant la période estivale.
Les conditions de vies dans ces hôtels sont inhumaines. Les espaces qui nous sont accordés sont toujours trop petits par rapport au nombres de personnes que nous sommes. Souvent, il y a un seul lit pour une famille entière et pas de sanitaires. Les espaces sont très dangereux pour des enfants, les fenêtres leur sont accessibles et ne sont pas sécurisées. Aucun espace n’est prévu pour que les enfants puissent jouer, s’occuper ou étudier. Les lieux sont insalubres. Ils sont très peu, voire jamais nettoyés et mettent en danger notre santé. Ces lieux entraînent la propagation de maladies et de parasites, comme la gale ou les punaises de lits.
En hôtel, nous n’avons pas le droit de cuisiner. Nous devons donc, chaque jour dépenser 20 euros minimum pour la nourriture, car nous devons manger des plats déjà préparés en extérieur. C’est évident que nos situations ne nous permettent pas de dépenser tant d’argent. Dans notre collectif, certaines personnes sont malades comme le diabète, qui rend dangereux l’absence de choix pour son alimentation. De plus , la cuisine et la nourriture sont très importantes pour nous car elles nous permettent de se retrouver, de partager un moment ensemble.
Les hôtels qui nous sont proposés sont pour la plupart situés loin du centre ville. Pourtant, nos enfants sont scolarisés dans le centre. Cela rend compliqué les trajets, et provoquent encore une fois, un coût supplémentaire. Cela empêche donc l’assiduité à l’école. Aussi, les hôtels nous éloignent de nos lieux de travail, quand nous en avons, et de nos réseaux de solidarité qui nous sont nécessaires. Pour les personnes qui travaillent à domicile, ils entraînent l’arrêt de leur activité et de leur source de revenus.

C’est pour toutes ces raisons, que nous ne pouvons accepter l’hôtel comme solution de logement. A la fin de la période d’hébergement d’urgence, nous sommes systématiquement remis à la rue. Quant à nos demandes légales d’hébergement (DAHO…) n’aboutissent qu’à des refus, voire sont laissés sans réponse.

C’est pourquoi nous nous sommes organisé.es pour occuper un nouveau bâtiment vide, au 100 rue de la République. Ici, nous nous sentons chez nous. Nous avons la possibilité d’organiser notre quotidien pour assurer notre survie économique, sanitaire et sociale. Les squats sont une alternative à la rue et nous permettent de continuer à vivre ensemble. Toutefois, la vie en squat n’est pas facile non plus. Les bâtiments que nous occupons sont souvent en mauvais état (installations électriques, plomberie, exposition au plomb) ce qui nous met en danger. La remise en état des bâtiments est chère et nécessite des compétences que nous n’avons pas toujours. Rendre le lieu habitable est un investissement conséquent alors que nous savons que nous serons contraints de partir rapidement. En effet, nous pouvons être expulsés au bout de quelques mois seulement, comme c’est le cas aujourd’hui au 100 rue de la République. L’occupation a commencé en novembre mais nous risquons d’être à nouveau expulsé d’ici la fin de la trêve hivernale, fin mars.

Aujourd’hui, nous voulons briser ce cercle qui est notre réalité depuis notre arrivée en France : expulsion, hôtel et mise à la rue qui nous plonge toujours plus dans la précarité. Il provoque aussi la répétition d’expériences traumatiques dans nos vies.
Aujourd’hui il y a 30 000 logements vides à Marseille pour 15 000 personnes à la rue. Nous savons qu’il existe des lois pour lutter contre cette absurdité (loi de réquisition, arrêté anti-expulsion).

Nous demandons donc l’arrêt des expulsions si celles-ci ne sont pas accompagnées de relogement durable pour tous.tes, qui nous permettent des conditions de vie dignes et pouvoir sortir de nos situations de précarité. Nous demandons le respect de nos droits relatifs au logement.

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We are a collective of inhabitants who have been living together for
over a year. We are exiled people and for the most part we live as a
family with children (many of them young). Today we live in a squat at
100 rue de la République, after having been evicted from 1, place Sadi
Carnot in October 2021, just before the beginning of the winter break.
However, we had sent a letter to the city hall following a rally to
prevent this eviction. The representatives of the City Hall promised to
meet with us, a promise that was not kept.
During this eviction, the authorities illegally threw away many of our
belongings and documents that we need for our administrative procedures
(asylum application, solarization of the children...). Following this
eviction, only a part of us was rehoused in emergency accommodation,
in hotels. For the prefecture and the city hall, these rehousings
are the solution to our situations.

Why is this not the case for us ?

The rehousing in hotels proposed by the 115 is always short term (from
a few days to a few months) and keeps us in a state of insecurity
because we never know in advance the date of our departure. Moreover,
the places in the hotels are never guaranteed, especially during the
summer period.
The living conditions in these hotels are inhuman. The spaces we are
given are always too small for the number of people we are. Often there
is only one bed for a whole family and no sanitary facilities. The
spaces are very dangerous for children, the windows are accessible to
them and are not secured. There is no space for children to play, to be
occupied or to study. The premises are unsanitary. They are rarely, if
ever, cleaned and put our health at risk. These places lead to the
spread of diseases and parasites, such as scabies or bed bugs.
In hotels, we are not allowed to cook. So, every day we have to spend
at least 20 euros for food, because we have to eat food already prepared
outside. It is obvious that our situation does not allow us to spend so
much money. In our collective, some people are ill with diabetes, which
makes it dangerous to have no choice in what to eat. Moreover, cooking
and food are very important for us because they allow us to meet and
share a moment together.
Most of the hotels we are offered are located far from the city center.
However, our children go to school in the center. This makes it
difficult to get to and from the hotel, and once again, it causes an
additional cost. This prevents them from attending school. Also, hotels
take us away from our workplaces, when we have them, and from our
solidarity networks that we need. For people who work at home, they mean
the end of their activity and their source of income.

It is for all these reasons that we cannot accept hotels as a housing
solution. At the end of the emergency accommodation period, we are
systematically put back on the street. As for our legal requests for
accommodation (DAHO...), they are only refused, or even left unanswered.

This is why we have organized ourselves to occupy a new empty building,
at 100 rue de la République. Here we feel at home. We have the
possibility to organize our daily life to ensure our economic, sanitary
and social survival. The squats are an alternative to the street and
allow us to continue to live together. However, life in a squat is not
easy either. The buildings we occupy are often in poor condition
(electrical installations, plumbing, lead exposure) which puts us in
danger. Restoring the buildings is expensive and requires skills that we
don’t always have. To make the place habitable is a consequent
investment whereas we know that we will be forced to leave quickly.
Indeed, we can be evicted after only a few months, as it is the case
today at 100 rue de la République. The occupation started in November
and we received the order to leave the premises on .............. We
risk being evicted again by the end of the winter break, at the end of
March.

Today, we want to break this circle which is our reality since our
arrival in France : eviction, hotel and street which plunges us more and
more into precariousness. It also causes the repetition of traumatic
experiences in our lives.
Today there are 30,000 empty homes in Marseille for 15,000 people on the
street. We know that there are laws to fight against this absurdity
(requisition law, anti eviction order).

We therefore demand a stop to evictions if they are not accompanied by
sustainable rehousing for all, allowing us to live in dignified
conditions and to get out of our precarious situations. We ask for the
respect of our housing rights

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