4 ans déjà ! 4 ans que la police tuait Zineb Redouane, 80 ans.
Samedi 1er décembre 2018, les manifestations contre le logement indigne, celle pour l’écologie et les gilets jaunes convergent dans le centre-ville de Marseille. L’atmosphère est tendue et les forces de l’ordre saturent l’air de gaz lacrymogène tout autour de Noailles. Zineb Redouane sort à sa fenêtre pour fermer ses volets. Elle est alors mise en joue par un CRS qui lui tire une grenade lacrymogène en pleine tête. Zineb crie « Il m’a visé ! Il m’a tiré dessus ».
Immédiatement après le tir qui a coûté la vie à Zineb, la machine institutionnelle se met en marche pour travestir les faits et ne pas reconnaître le meurtre policier.
Malgré l’autopsie, qui ne laissait aucun doute quant à la cause du décès de Zineb Redouane, le procureur général attribuera sa mort à un choc opératoire.
Une enquête préliminaire est ouverte le 4 décembre 2018 : aucun des policiers présents ne voudra identifier le tireur, le capitaine de la compagnie de CRS refusera de donner les armes utilisées à l’IGPN, qui à sont tour, annoncera que la caméra couvrant la zone était défectueuse.
Bien évidemment, le ministre de l’Intérieur affichera son soutien aux forces de l’ordre et niera leur responsabilité, orientant de fait l’enquête de l’IGPN.
Le 25 décembre le procureur d’Alger ouvre une autre enquête préliminaire sur ce décès. Une seconde autopsie réalisée en Algérie complètera la première et indiquera que le traumatisme dû au choc de la grenade est directement responsable de la mort de Zineb Redouane.
Devant l’inaction du parquet de Marseille, la famille de Zineb porte plainte pour violence entrainant la mort et demande le dépaysement de l’enquête. Depuis celle-ci n’avance quasiment plus et l’auteur du tir mortel identifié continue d’exercer chez les CRS.
Depuis 4 ans aujourd’hui, dès le 5 novembre, les rues de Marseille s’emplissent du recueillement et de la colère des Marseillais•ses venu•e•s de tous les quartiers de la ville, de Gilets Jaunes, de Marseille et de toute la région. Tou·te·s rassemblé·e·s contre un système et des institutions qui méprisent et laissent mourir dans l’indifférence les plus précaires, n’ayant pour seule réponse que la violence d’Etat.
Cette stratégie du déni qui implique toujours plus de violence policière, en s’appuyant sur une très forte répression judiciaire pour la légitimer est devenu systématique. Chaque fois que nous nous sommes levé.es pour dire non aux réformes antisociales mises en place par le gouvernement, nous avons été réprimé.e.s dans la violence.Pas moins de 3700 procès ont été recensés pendant les mobilisations contre la loi travail en 2016, 400 peines de prison ferme ont été prononcées pendant le mouvement des Gilets Jaunes. Durant la crise du Covid19, la police a tué pas moins de 12 personnes, en particulier dans les quartiers populaires où les violences racistes de l’Etat français sévissent depuis bien longtemps, et sous couvert d’Etat d’urgence. Et tout ceci continue : au mois de novembre cette année, on compte déjà 19 personnes tuées par les forces de l’ordre, dont 14 pour un « refus d’obtempérer ». Réprimer, mutiler, tuer, puis nier. Voilà la réponse de l’Etat et de son bras armé : la police. Zineb Redouane en a elle aussi été la victime.
Pour la vérité et la justice pour les victimes de la police et de l’Etat, nous continuons et continuerons le combat. Pour ne pas oublier celles et ceux dont la vie a été enlevée ou détruite par les forces de l’ordre nous continuons et continuerons à être là. Parce que nous ne voulons pas de la répression et de la police comme seule réponse dans nos quartiers, nos manif’ et nos vies, nous continuons et continuerons à nous mobiliser.
On n’oublie pas. Commémoration vendredi 2 décembre à 18h devant l’immeuble de Zineb Redouane au 12 rue des Feuillants
On pardonne pas. Manifestation Vieux-Port Samedi 3 décembre à 14h