À Bure, l’avenir du nucléaire en jeu

Retour sur les rencontres inter-comités à Bure et Mandres-en-Barrois, week end des 3 et 4 mars.

Rencontres inter-comités à Bure et Mandres-en-Barrois, week-end du 3 et 4 mars. Cela fait une dizaine de jours que le bois Lejuc a été expulsé. Une quinzaine de personnes se sont faites délogées un froid matin de février par 500 gendarmes, caméra au poings, dans ce qui paraît être une habile opération de communication politique. Une poignée d’heures plus tard, la préfète de la Meuse Muriel Nguyen puis Sébastien Lecornu secrétaire d’État auprès du ministère de la « transition écologique » viennent parader sur place. Le message se veut clair, l’État est partout souverain. Nulle parcelle de son territoire n’est censée échapper à sa domination. Ce que le président Macron a accordé à Notre-dame-des-landes, non pas une faveur mais un calcul politique, l’abandon d’un vieux projet porté par d’anciennes forces politiques institutionnelles (feu le parti socialiste) et dont l’édification n’est pas déterminante dans la marche en avant de l’État, c’est pour mieux l’écraser ailleurs. Comme une sorte de leurre à bas coût.

Bure clef de voûte du complexe nucléaire

A Bure, c’est tout un pan de l’économie nationale qui est en jeu. La filière nucléaire. Depuis plus d’un demi-siècle, faute de posséder un sous-sol riche en hydrocarbure et autres énergies fossiles, l’État français a énormément misé sur le nucléaire. Indépendance énergétique à l’échelle internationale et centralisation de la production d’énergie à échelle nationale, exportation d’électricité, vente d’EPR… La production d’énergie d’origine nucléaire assure à la France une certaine constance économique, loin des aléas de l’histoire, des chocs pétroliers, des blocus économiques, des conflits internationaux. Un intérêt économique donc un intérêt politique. Dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’arme atomique devient une priorité pour la France gaulliste dans une perspective d’indépendance et de puissance sur l’échiquier politique international. A ce titre, la politique coloniale puis post-coloniale de la France vise à préserver ses intérêts nucléaires en Afrique. Essais de la bombe atomique dans le Sahara algérien (puis en Polynésie), mines d’uranium exploitées par AREVA en Afrique de l’ouest et protégées par différentes missions militaires.

C’est tout un complexe militaro-industriel nucléaire qui est édifié depuis la seconde guerre mondiale, et ce quelque soit les gouvernants. C’est à une nucléarisation de la société que nous avons à faire depuis presque soixante-dix ans.

A Bure, le projet Cigéo d’enfouissement de déchets nucléaires constitue l’achèvement de ce complexe nucléaire. Le chaînon manquant pour que le système nucléaire soit total. De l’extraction d’uranium dans les mines subsahariennes à l’enfouissement de déchets radioactifs aux durées de vie moyennes et longues (c’est à dire une radioactivité qui court sur plusieurs centaines voir milliers d’années) dans le Nord-Est de la France, en passant par la transformation de la matière brute en énergie via les centrale et les EPR et le retraitement des déchets à La Hague. Le tout étant relié par un ensemble complexe de ligne à très hautes tensions et de voies ferroviaires, véritable maillage du territoire. Un système nucléaire total, exportable, vendable.

Les raisons de s’opposer au projet Cigéo et au complexe militaro-industriel nucléaire dans son ensemble ne manque pas. Contre le désastre écologique en cours, contre la colonisation du territoire via des infrastructures, les politiques néo-coloniales, la guerre, la domination par l’État de territoire et de population, la société industrielle... La liste de nos griefs contre la société nucléaire est longue voir inextinguible tant elle constitue aujourd’hui un pilier du système capitaliste.

PS :

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