AirBnB nous déloge, Mort au capital et au patriarcat !

Quand les loyers grimpent, les meufs paient ! Dégageons Airbnb et la spéculation immobilière de nos quartiers ! Autonomie féministe contre le capitalisme patriarcal !

Quand les loyers grimpent, les meufs paient !
Dégageons Airbnb et la spéculation immobilière de nos quartiers !
Autonomie féministe contre le capitalisme patriarcal

On la voyait bien s’installer depuis quelques années, la pression immobilière : la sélectivité des dossiers de location, les loyers qui grimpent, les non-renouvellements des baux et les pratiques mafieuses des propriétaires pour les rompre avant terme, pour récupérer le foncier, attirés par les nouveaux profits spéculatifs à se faire dans la ville devenue attractive.

On voyait aussi progressivement les potes quitter le quartier, les plus précaires, surtout celles et ceux qui subissent déjà les oppressions et les inégalités (sexisme, racisme), dans la contre-allée de la galère. Les flics de plus en plus présents dans notre quotidien pour accompagner cet exode.

Eté 2022, à Marseille, c’est l’explosion. Les loyers flambent brutalement. Les appartements, notamment les appartements familiaux, deviennent rares, accaparés par une nouvelle tendance du marché de l’immobilier, la location touristique, dérégulée par la méga plateforme mondiale Airbnb et son flot de merde ultralibérale.

Cours Lieutaud 26/11/2022

C’est de plus en plus galère à se loger : lors des visites de logements, on exige maintenant des dossiers ultra sélectifs, des preuves de "stabilité", des CDI et des salaires improbables, parfois on te demande même si t’es mariée ! Pour des apparts aussi petits et dégradés qu’avant, le centre est de moins en moins accueillant pour les petits revenus, pour les contrats de travail bancales et précaires, pour les situations familiales non normées, accusées d’être instables.

Nous faisons un constat de ce que nous vivons actuellement : 
 
Quand les loyers grimpent, les meufs paient encore plus le prix de la domination patriarcale !

Le coût d’entrée pour avoir un logement est de plus en plus élevé, mais pas seulement sur le plan financier : la contre-réaction conservatrice, les violences conjugales, familiales et les contraintes du couple normatif (qui sont toujours socialement à l’avantage des hommes) sont d’autant plus difficiles à fuir quand on n’a plus les moyens de se loger. Quand on est une femme avec des enfants et la charge de leur éducation, on se bat d’autant plus pour payer les factures qui s’alignent sur des pouvoirs d’achat plus élevés, pour qu’ils puissent continuer à vivre dans l’école et les quartiers où ils ont grandi. Souvent aux prix de boulots de merde, qu’on cumule malgré les humiliations et les situations d’exploitation. On lutte aussi contre l’angoisse d’un futur où les tunes se raréfient : le moral et le corps prennent chers !

Quand tout flambe, quand la propriété privée et le capital s’accumule dans les mains de quelques investisseurs privilégiés, souvent des hommes bien nés, quand certains se gavent en aggrandissant les zones marchandes, en empiétant sur les espaces publics et gratuits, ce sont les plus précaires trinquent. Et les inégalités de genre qui se renforcent dans le même temps : quand certains investissent dans les murs, on en est toujours à se ruiner dans la bouffe, le PQ et les biens nécessaires à la survie quotidienne.

Meuf, si t’as vie est merdique, c’est à cause du capitalisme patriarcal !

Nos espaces d’entraide, de débrouille, d’amitiés entre femmes, que nous avons construit dans notre quartier et au-delà, pour pallier les inégalités sexistes et de genre générées par la société patriarcale et le capitalisme... pallient de moins en moins ! Parce que trouver un toit devient une urgence trop grande à partager.

On voit nos quartiers se transformer en eldorado à touristes, et nous, on se sert toujours plus la ceinture. On voit les petits commerces à bons plans se transformer au profit d’une clientèle relevant d’une catégorie sociale plus élevée et d’une nouvelle tendance à la consommation à Marseille, qui font grimper tous les prix : le tourisme de masse.

Rue de l’Academie 26/11/2022

Des maisons, pas des hôtels : nous voulons dégager Airbnb et son monde mortel

Entre autres, l’investissement spéculatif dans les locations de courte durée, saisonnières, destinées à ce tourisme, fait grimper les prix des locations conventionnelles destinées aux habitant.e.s, en créant la raréfaction : 16.000 locations saisonnières au mois d’août sur Airbnb, 80% sont de la résidence secondaire. On en logerait du monde !

Voire la pénurie de logements : il y a de moins en moins de T2 ou T3, dans des immeubles qui sont revendus à la découpe pour en faire des T1 ou studio pour multiplier les investissements de spéculatifs.

Airbnb est la plus grande plateforme de location saisonnière du monde, la France est son 2ème pays cible (après les Etats-Unis) et Marseille, la 2ème ville de France, qui subit sa prédation spectaculaire. Sa recette, c’est un capitalisme débridé, sans aucune régulation, ni du partage des profits générés, ni des droits au travail, ni des conséquences de son implantation pour l’équilibre social et économique des villes et quartiers. Les retombées fiscales du tourisme qu’elle génère sont ridicules à la vue des gains considérables réalisés par une poignée de privilégiés (moins de 2 millions de taxe de séjour récoltés pour le budget municipal chaque année).

Sa responsabilité est démesurée dans l’aggravation de la misère. Non content de nous priver de logement, le modèle Airbnb entraîne aussi dans son sillage d’autres transformations dont l’ubérisation du travail, notamment dans le secteur du tourisme et du nettoyage qui voient se développer de nouvelles formes d’exploitation : encore plus précaire, à la tâche, sans contrat, sans cotisation, ni couverture en cas d’accident du travail, pour les serveuses exploitées, les femmes de ménages, les concierges non déclarées, les saisonnières sans revenus de subistution. Et nous les meufs, on est en première ligne.

Airbnb flingue nos vies et nos quartiers !

Sommes nous condamnées à fuir le centre-ville, où nous avons construits nos vies ? A subir ces nouveaux assauts du monde patriarcal ?

Face aux violences sexistes et aux violences économiques, occupations, autodéfense et autonomie féministe !

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