Apportons nos ordures à Zemmour

Le 22 septembre à 19 heures, un affreux personnage est invité à donner une conférence à Marseille à propos de son dernier bouquin. Son petit nom est Eric, et il est assez haïssable pour que nous pensions qu’il soit sympathique de lui réserver un comité d’accueil chaleureux. Mais pourquoi donc ne voulons-nous pas de Zemmour à Marseille (ni ailleurs, où que ce soit) ?

Attention, nous ne parlons ici pas du coiffeur qui porte le même nom. Eric Zemmour est un "journaliste" qui a longtemps été au Figaro (et à Valeurs Actuelles), mais c’est aussi un polémiste et un essayiste. Il a déjà de nombreuses publications à son palmarès, et leur lecture permet de le classer aisément dans la catégorie "extrême-droite à forte audience médiatique".

Parmi ses succès, on peut notamment citer "Le premier sexe", dans lequel il développe et soutient le fait que l’Homme devrait légitimement être un prédateur sexuel, défendant catégoriquement l’oppression des hommes sur les femmes (et à plus forte raison sur le reste du monde) ; mais aussi de nombreux ouvrages plus ouvertement nationalistes et xénophobes, dans lesquelles il explique tous les malheurs de la France selon lui : "Mélancolie française", "le Suicide français"... On se dispensera d’en faire des citations ici, mais nous avons face à nous un réactionnaire avéré, assumé, et dangereux du fait de l’exposition médiatique dont il dispose, use et abuse.

Il a aussi plusieurs été condamné pour incitation à la haine raciale et à la haine contre les musulmans, entre autres joyeusetés.

A Marseille, il vient donc défendre son dernier bouquin (plein d’affirmations dont le Monde a déjà décodé un certain nombre d’erreurs volontaires, de réécritures et d’arrangements avec les faits) au château de la Buzine, derrière la Valentine.

Le Parti Socialiste a déjà demandé à la Mairie de faire annuler cette conférence, et une pétition est aussi en ligne, ce à quoi le Front National local (ainsi que Robert Ménard, maire ultra-droitier de Béziers) répond en levant les boucliers de la liberté d’expression, rentrant dans un jeu de tweets assassins entre le PS et le FN, et plus largement partout sur les réseaux sociaux.
Et si on peut en effet considérer, comme il a été par la suite répondu, que "le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit", la question n’est pas un simple jeu de mot qu’il s’agirait de résoudre ou d’une formulation la plus adaptée pour dire en deux lignes ce qui pose problème avec la venue de Zemmour.

Il ne se passe pas un jour sans que les informations nationales ne déversent leur lot de xénophobie, d’extension du domaine du sécuritaire, de discours à propos d’une identité nationale qui serait bafouée, permettant à tous les petits fachos en herbe de sortir la tête de l’eau. L’extrême-droite et ses discours ont une dimension bien plus importante depuis que les ’Manif pour tous’ (c’est-à-dire les manifs intégristes contre le mariage gay et le droit à l’avortement) sont descendues dans la rue en 2014. Ce retour des réactionnaires sur le devant de la scène repose aussi sur leurs créatures médiatiques, dont Zemmour fait partie depuis bien longtemps.

Alors qu’on le sait, le problème, ce ne sont pas les immigré-e-s, c’est le capitalisme, les jeux identitaires qui dressent les hommes et les femmes de tous les pays les un-e-s contre les autres, le développement du libéralisme qui doit nécessairement écraser toute dissenssion pour pouvoir encore croître et accélérer. Ce ne sont pas les grévistes ou les manifestant-e-s de ce printemps (qu’ils utilisent des méthodes violents ou non), c’est l’exploitation au travail et l’injonction à la soumission, la menace de la prison et de la matraque (que Zemmour appelle de ses voeux). C’est le problème de la répartition des richesses, des terres, de la propriété privée.

Zemmour joue au clown intellectuel irrévérencieux, mais ce qu’il fait avant tout, c’est distribuer aux quatre vents ses idées nauséabondes, qui ont déjà malheureusement bien trop de prise dans notre quotidien à tous et toutes. A l’époque, de malicieuses personnes avaient tenu à le féliciter pour l’ensemble de son oeuvre :

Aujourd’hui, tout est pire, tout est plus cru. Ses déclarations et le monde qui nous entoure.
Voilà pourquoi nous ne voulons pas que Zemmour vienne déverser ses immondices à Marseille. la fréquence des grèves des éboueurs risquerait de faire en sorte que ses idées restent ici à pourir, à se décrépir et à assumer de nouvelles formes. Et l’on a déjà bien assez d’ordures par ici.

Alors anticipons la prochaine, allons apporter nos ordures directement à la conférence de Zemmour au château de la Buzine le 22 septembre.
Ca lui fera du bien de se sentir en famille.

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