MCE DeepWater Development n’est autre que la suite de la COP 21, un autre sommet capitaliste pour organiser le pillage et la destruction de la nature, cette fois plus spécialement dans les fonds marins pour y puiser du pétrole. Le titre de ce sommet ne laisse pas place au doute : « collaborating to realize economic benefits ». Si on pouvait croire que les entreprises se font la guerre pour le profit, elles savent aussi parfaitement s’accorder et s’organiser conjointement pour faire face à la baisse du baril du pétrole, anticiper la gestion des énergies fossiles qui ne sont pas inépuisables et forer encore et encore plus profondément les océans pour utiliser des ressources aux moyens de nouvelles technologies dévastatrices.
Petits fours et Pétro-chimie
Organisé à Pau du 5 au 7 avril par Total, l’un des parrains officiels de la rencontre n’est autre que le premier groupe pétrolier mondial Shell, présent dans 70 pays (prospection de gisements, extraction de pétrole et de gaz naturels, raffinage, pétrochimie). Un autre parrain est OneSubsea, un groupe pétrolier spécialisé dans les moyens techniques, le forage du pétrole en milieu marin et de l’extraction des gaz dits « naturels » et leader dans l’industrie de pointe pour les forages sous-marins. Ce groupe, à la pointe du pillage organisé de la planète, n’est pas invité par hasard puisqu’il est lié au groupe Shell. Dans le même domaine on trouve la compagnie néerlandaise Boskalis, spécialiste du dragage des fonds marins et de la réalisation de pipe-line en haute mer.
On trouve également la très intéressante ABS Alto, une entreprise qui conçoit des logiciels pour réaliser des simulations numériques afin d’apprendre des connaissances théoriques, mais aussi le management d’équipes. Grâce à leur jeu video du type Serious Game, (oui oui c’est un jeu video sur la pétro chimie) on peut donc apprendre à être l’employé-e modèle de son usine de raffinage préférée de façon « ludique et pédagogique ».
Parmi les autres groupes présents ; tous sont spécialisés dans le pétrole et ses installations, mais aussi dans le nucléaire ou les produits pharmaceutiques ; Emas Chiyoba, Technip, groupe pétrolier français, Teledyne Technologies Inc, Welltech, Aker Solutions, H2Offshore etc …
Si les grands groupes mondiaux du pétrole et du gaz se retrouvent autour de flûtes de champagne, ce n’est pas seulement pour s’auto complimenter de pourrir la planète en faisant des millions. En effet, ce que l’on appelle les hydrocarbures sont des ressources organiques dont font parti le pétrole, le charbon ou encore les gaz dits « naturels », qui sont les trois sources d’énergies les plus utilisées au monde. Or elles ne sont pas inépuisables et les grandes réserves commencent à se vider …
Mais pas de panique pour le capital, de nouveaux gisements sont trouvés et les nouveaux moyens techniques permettent d’avoir accès à des gisements jusqu’alors inaccessibles. C’est là tout l’intérêt d’avoir autour de la table des compagnies spécialisées dans les gisements, la construction et la gestion de puits de forage et tuyaux offshore, c’est à dire en haute mer, pour en extraire le pétrole. Le principe de ce sommet est de mettre en lien les exploitants de pétrole et les constructeurs de technologies innovantes pour leur permettre d’organiser les moyens de forer en haute mer dans de nouveaux gisements.
Les compagnies investissent aussi des millions avec l’espoir d’atteindre les hydrates de méthane, enfouis extrêmement profondément près de la couche océanique dans les fonds marins. Si pour le moment l’extraction de ces hydrates est incertaine, des tests sont en cours au Japon pour envisager la rentabilité de cette ressource perçue comme une alternative au pétrole.
Les compagnies d’extraction de gaz sont aussi de la partie, puisque les nouvelles technologies permettent d’atteindre des gisements de gazs comme le gaz de couche ou le tristement célèbre gaz de schiste.
Effet de serre et dragage des océans
Bien évidemment l’extraction des gisements offshore de pétrole et des gazs naturels ne sont pas sans conséquence car cela libère d’énormes quantité de méthane et de CO2, deux puissants gazs à effet de serre. Au cas ou certain-es auraient encore besoin de preuves pour être sur que la COP 21 et ses soit disant accords historiques n’étaient qu’une vaste fumisterie ; accueillir et promouvoir les compagnies qui participent pleinement aux gazs à effet de serre et même leur permettre de s’organiser n’est ni plus ni moins qu’être responsable de la destruction de la planète et du climat.
Le dragage des océans pour accéder aux gisements offshore fait appel à des technologies dévastatrices capables d’enlever tout ce qui ferait obstacle (sédiments, algues, roches, planctons) et l’impact sur la nature maritime est inévitable et catastrophique. Non seulement le dragage contamine le milieu marin, mais le forage et les constructions libèrent des produits concentrés toxiques qui atteignent les algues et le plancton jusqu’aux autres animaux qui s’en nourrissent et provoquent maladies, morts prématurées et disparition des espèces.
De plus, le dragage enlève d’énormes quantités de sédiments (qui entraînent avec elles des quantités d’animaux) détruisent tout un espace de vie et sont ensuite rejetées, provoquant là encore la destruction d’un lieu de vie et des animaux qui y vivent.
Une fois la station de forage installée, les eaux usées, de ruissellement et de production sont rejetées en mer. De nombreux rejets se font en mer et les gaz de fonctionnement s’échappent dans l’atmosphère, créant une zone de pollution dense. Du pétrole est alors rejeté à la surface de l’eau et tue les animaux et la nature …
MCE Deepwater Development, pourquoi en fRance ?
On peut se demander pourquoi un tel sommet a lieu en fRance. Si celui de la COP 21 a eu quelques échos et a du faire face à une contestation malheureusement entravée par l’état d’urgence, on peut regretter qu’en fRance, les analyses n’ont quasiment parlé que de l’aspect anti capitaliste et très peu ont tenté de faire converger l’anticapitalisme, l’écologie radicale et le veganisme. En fRance l’écologie est trop souvent un sujet kidnappé par des partis ou groupes capitalos-réformistes (ATTAC, EELV) et cantonnée à la lutte antinucléaire et les théories sur l’écologie radicale quasiment inexistantes.
D’autres pays ont connus des gros mouvements pour la libération animale et l’écologie radicale au point d’organiser des conférences pour les compagnies voulant se prémunir du risque des « éco-terroristes » et à coup sur un tel sommet dans d’autres pays auraient été un moment de contestation intense. Pourtant, ce sommet dans la directe continuité de la COP 21 n’a retenu l’attention que de quelques réformateurs de l’environnement, principalement ATTAC et Action Non-Violente COP 21 qui appellent à manifester « pacifiquement et à visage découvert » … Bref autant dire que ça ne fera jamais peur à aucune multinationale et que cette forme de protestation est presque de la collaboration à la bonne tenue de ce sommet.
Il est donc temps que la lutte anarchiste et anticapitaliste se saisisse des questions de libération animale et écologie radicale et qu’elles soient pleinement prises en compte. Nous ne pouvons pas laisser des multinationales continuer à considérer les animaux comme des marchandises et les tuer par milliards ni continuer à faire de la nature une ressource gérable pour leurs profits. Les logiques industrielles et capitalistes fonctionnent sans aucune prise en compte de la nature. La fausse écologie d’état n’est pas notre combat, notre perspective révolutionnaire doit combattre le capital et rompre avec toute idée de la nature comme une ressource exploitable et destructible pour le profit.