C’est la même histoire manipulatoire, qu’elle se déroule aux cols alpins ou en pleine mer. Pris dans les dangers de la montagne, fuyant une Italie quasi fasciste, des exilé.es se retrouvent pris au piège de la frontière et risquent une nouvelle fois le tout pour le tout espérant un peu plus de dignité. Là, aux cols, les ami.es qui aident, accueillent, sauvent, réchauffent, nourrissent, hébergent comme ils le peuvent ces personnes en détresse seront désormais poursuivis pour « passage en bande organisée » (les 3+4 de Briançon). Et bien qu’il n’y ait jamais été question de quelques contreparties financières à leurs coups de main, ils seront jugés selon les mêmes codes que les passeurs mafieux, la jurisprudence française considérant maintenant que la récurrence de l’aide et son caractère « politique » servent le bénéfice d’une cause. Ce qui est considéré par la loi française comme comparable au trafic d’êtres humains !
Ce qui arrive à l’Aquarius en ce moment, et qui est arrivé avant à bien d’autres navires solidaires qui croisaient au large de la Libye, comme le Lifeline cloué à quai depuis des mois, relève du même mécanisme machiavélique des États européens : humanitaires hier, passeurs aujourd’hui. Par un déplacement progressif, soigneusement arrangé entre pays limitrophes, des frontières maritimes et des droits sur les zones d’intervention, ce sont les « gardes côtes » libyens qui sont devenus seuls habilités à récupérer et ramener à terre les migrant.es en péril de naufrage. Mais vers quelle terre ? Celle qu’ils et elles fuyaient ? Un pays sûr ? La Lybie ? De qui se moque-t-on ? Pour ne pas respecter cette nouvelle règle assassine décrétée par les états de l’Union européenne, l’Aquarius s’est progressivement retrouvé piégé, ses actions de sauvetage taxées d’illégalité, ses pavillons retirés.... et se retrouve accusé de « passage en bande organisée », encore une fois au même titre qu’une organisation mafieuse qui prospère sur le sang des exilé.es, d’un côté et de l’autre de la Méditerranée.
Macron / Collomb, dans vos bouches des cadavres...