Ils étaient ouvriers, dockers, dynamiteurs à Barcelone, Vitoria, Bilbao. Tous faisaient partie de ce mouvement diffus, sans porte-parole ni dirigeants autre que les assemblées d’usine ou de quartier. Tous rejetaient le patronat, les syndicats, le capitalisme. Certains étaient armés, d’autres pas mais tous défendaient l’autonomie ouvrière. En 1976, l’Espagne était en flamme et « Il fallait (les) écraser (...) car c’étaient des minis soviets » (Manuel Fraga, ministre de l’Intérieur) La démocratie s’en est donc chargée. Mais l’histoire cavale encore...
Le documentaire de Falconetti Peña et Orsini Zegri, sorti en Espagne en 2008, sort aujourd’hui en version française sous-titrée.
En 1975, à la mort de Franco, l’Espagne entame progressivement un processus de "transition démocratique" après quarante ans de dictature. Les transformations institutionnelles (restauration de la monarchie, adoption d’une nouvelle constitution) et la libéralisation de la vie politique (légalisation des partis et syndicats) s’accompagnent alors de l’intégration d’une partie de la contestation sociale.
Alors que dans cette période de modernisation nécessaire au capitalisme s’élèvent des mouvements ouvriers autonomes, les deux principaux syndicats en voie de légalisation, Comisiones Obreras et UGT, s’installent dans leur rôle de co-gestionnaires de l’exploitation salariale.
Autonomia Obrera n’est pas un documentaire historique, mais anime une mémoire politique, à travers des luttes dans l’Espagne des années 70, qui dénonce l’escroquerie des compromis entre exploités et exploiteurs. Et pose les enjeux de l’autonomie des luttes.