Policiers "agressés" en Seine et Marne : le contexte que les médias n’ont pas raconté

Cet article par Arrêt sur Images revient de manière critique sur « l’affaire de l’agression d’un couple de policiers » à Othis, Seine-et-Marne.

Quelques jours après qu’Aboubakar Fofana soit abattu soit-disant en « légitime défense » par un CRS à Nantes - version rétractée par le flic quelques jours après en faveur de « l’accident » - une autre affaire est montée en épingle pour tenter d’éclipser la première (?), et de susciter de la compassion envers ces pauvres pandores.

L’information a fait grand bruit : un couple de policiers en civil aurait été agressé sous les yeux de leur petite fille à Othis, en Seine-et-Marne. Ce mercredi 4 juillet 2018, alors qu’ils venaient de récupérer la fillette au domicile de leur assistante maternelle, ils auraient été violemment pris à partie par deux "trafiquants de stupéfiants". La presse évoque d’abord "un guet-apens préparé et prémédité" avant de signaler qu’il pourrait s’agir d’une "rencontre fortuite". Le mobile avancé, lui, reste le même : les deux suspects auraient voulu se venger d’un contrôle d’identité ayant dégénéré quelques semaines plus tôt.

Tel qu’à l’accoutumé, la version policière à la part belle, après tout quelle valeure pourrait avoir la version des « délinquants » auxquels on s’est bien gardé de donner la parole ?

Si les policiers assurent que les deux frères les ont d’emblée agressés, la version de ces derniers est différente : en les voyant arriver, l’homme qui s’avérera être le compagnon de la brigadière, leur aurait intimé de s’arrêter puis se serait dirigé vers le côté passager du véhicule. "Il est allé voir Sébastien directement et lui a dit « toi tu sors de la voiture, on va parler »" raconte Adrien. L’aîné s’exécute. Les deux hommes se mettent légèrement en retrait, sur le trottoir voisin. Le policier -en civil- veut régler ses comptes avec Sébastien qu’il croit toujours être l’auteur des menaces proférées le 17 mai. Il l’attrape par le col, le soulève et lui demande : "quand ma femme était là le vendredi de l’histoire, pourquoi tu lui as dit « on sait où tu habites, on va venir chez toi ? »"

À nouveau, Sébastien répond qu’il n’a jamais menacé Sophie, qu’il n’était pas là le jour des faits, et qu’il a déjà fourni les preuves. Le ton monte. "Mon frère lui disait : « je sais très bien ce que tu cherches, je vais pas tomber dans le piège ». En fait, le policier le provoquait pour qu’un coup parte" précise Adrien, "il lui a même lâché des « là, je suis pas en tenue, si je veux je te nique ta mère »." Sophie se serait alors interposée devant la vitre d’Adrien pour l’empêcher de voir la scène. "Ça va trop loin" pour le cadet qui décide de sortir. "Je suis allé les voir, je lui ai dit « lâche mon frère », j’ai pris son bras pour l’arrêter et là, il s’est retourné et m’a mis un coup de tête." Sébastien saisit alors le policier en civil et lui assène, de son propre aveu, "deux ou trois coups à la tête". La bagarre qui s’ensuit est violente : la policière se verra prescrire quatre jours d’interruption totale de travail, et quinze pour son compagnon. Alertés par les cris, plusieurs voisins interviennent pour les séparer. "Les voisins ont calmé le jeu puis chacun est rentré chez soi. Nous on est retourné à la maison."

Selon Le Monde, les deux frères ont été condamnés le 11 juillet en comparution immédiate à respectivement six ans de prison dont un an et demi avec sursis, et quatre ans dont six mois avec sursis, au-delà même des réquisitions du procureur. Après une « enquête » autrement plus rapide que celle qui s’annonce à Nantes, le tribunal ne semble avoir retenu ni la « légitime défense » ni l’« accident » dans ce cas là...

PS :

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