« Vous aurez ma graisse, pas ma peau ! » Un siècle durant, des dizaines de milliers de condamnés ont été envoyés à la « guillotine sèche » en Guyane. Rares sont ceux qui ont survécu à l’enfer du bagne, plus rares encore ceux qui ont pu le raconter. C’est le cas de l’anarchiste Clément Duval (1850-1935) qui, en 1887, proclame en cour d’assises le droit de se révolter et d’exproprier la bourgeoisie pour en finir avec l’exploitation. Condamné aux travaux forcés à perpétuité, déporté en Guyane, il ne cesse, pendant les quatorze années passées aux îles du Salut, d’affirmer ses convictions anarchistes. Parvenu à s’évader après dix-sept tentatives, c’est à New York, où il est accueilli par des compagnons italiens, qu’il rédige ses mémoires. Ce texte est le récit de son quotidien au bagne. Il y raconte la faim, la maladie, les humiliations mais aussi la résistance au système répressif et sa soif, jamais altérée, de justice sociale et de liberté.
Marianne Enckell est historienne. Elle est l’auteure de livres et d’articles consacrés au mouvement anarchiste. Elle est l’une des animatrices du CIRA de Lausanne qui a été fondé en 1957.
Moi, Clément Duval, anarchiste et bagnard édité par Marianne Enckell. Nada, 2019. 288 pages. 19 euros. Ce livre sera disponible le jour de la causerie.