Cocarde/UNI : La jeunesse fasciste veut prendre le contrôle de l’université Aix-Marseille !

L’UNI et la Cocarde Étudiante – « syndicats » d’extrême droite – se présentent les 8/9 novembre prochains aux élections des représentants étudiants des conseils centraux de l’université Aix-Marseille.

Pas question que nos campus deviennent le terrain de jeu des fascistes. Un rappel des similitudes (idéologie, méthodes, réseaux) et de l’histoire respective de ces deux organisations s’impose donc. Surprise : un militant néo-nazi s’est glissé dans les têtes de liste de la Cocarde Aix-Marseille. Décryptage.


1. COCARDE/UNI : DEUX LISTES POUR UNE MÊME GÉNÉRATION FASCISTE


Présentant deux listes séparées aux élections de cette année, l’UNI et la Cocarde revendiquent des désaccords qui n’existent en aucun cas sur le plan de leur vision du monde, de leurs méthodes et de leurs cercles d’influence – tous caractéristiques de l’extrême droite contemporaine en France.

Symboles d’une porosité croissante entre toutes les nuances de la droite, les membres de la Cocarde et de l’UNI incarnent une nouvelle génération de militants convaincus qu’une alliance des « patriotes » est sur le point de se réaliser. Pourtant, malgré leur refus obstiné d’être classées à l’extrême droite de l’échiquier politique, ces organisations partagent bel et bien un même programme d’union de toutes les droites autour d’un projet raciste, xénophobe, misogyne, LGBTphobe, etc.

L’UNI et la Cocarde ont également en commun une stratégie d’action violente, qu’elle soit physique ou verbale : discriminations ouvertes, tags racistes et xénophobes, menaces de mort, agressions d’étudiant·e·s, déblocage des blocus à l’arme blanche, etc.

Qui plus est, ces organisations tissent chacune des liens manifestes avec les partis d’extrême droite : notamment avec Génération Z – l’organisation de jeunesse de Reconquête – pour l’UNI, avec le RNJ (Rassemblement national de la jeunesse) pour la Cocarde.

Enfin, toutes deux entretiennent des alliances avec les groupuscules ultra-violents – dès les années 1980, avec le GUD et ses dérivés pour l’UNI ; avec Génération Identitaire, les néo-nazis des Zouaves Paris et d’autres groupes de rue pour la Cocarde.

Dans la région marseillaise, ces deux organisations sont sous la protection du baron des fascistes locaux, Stéphane Ravier – sénateur Reconquête des Bouches-du-Rhône – qui facilite les liens entre institutions et groupuscules à travers son groupe d’action Défends Marseille.

Au sein de Défends Marseille se côtoient donc aussi bien des pseudo-syndicalistes que des membres des milieux identitaires, royalistes (notamment l’Action Française Provence, organisation monarchiste et antisémite), et néo-nazis de la région. Les activités de Défends Marseille vont de l’anecdotique au franchement dégueulasse – de la partie de pétanque et du ramassage d’ordures au déploiement d’une banderole ouvertement xénophobe « Qu’ils retournent en Afrique » en juin dernier au concert de soutien à SOS Méditerranée.

Encore taboue pour les partis, l’union des droites se réalise – pas à pas – à travers une jeunesse radicale et violente. L’université Aix-Marseille n’est donc pas une exception : ici comme ailleurs, une nébuleuse étudiante se constitue – qui rêve de créer une alliance fasciste confondant toutes les versions de l’abject.

Découvrons plus en détail ces deux organisations, en commençant par la Cocarde et sa tête de liste néo-nazie.


2. LA COCARDE ÉTUDIANTE : DES TOCARDS BLANCS EN CHEMISE NOIRE


Syndicat de plus en plus présent dans les universités et lycées provençaux (malgré sa proximité avec les partis d’extrême droite et les groupuscules ultra-violents), la Cocarde Étudiante, ce sont de jolies affiches et de jolis flyers, mais ce sont surtout des idées qui sentent bon la montée du fascisme.

En effet, se présentant comme un syndicat de « [d]roite étudiante non-conformiste », la Cocarde Aix-Marseille est pourtant bel et bien conforme à ce qui se fait de pire : l’idéologie nationaliste blanc, anti-immigrés et réactionnaire de l’extrême droite française.

Il suffit de lire leur profession de foi – lunaire – pour le comprendre en un coup d’œil : un programme qui se résume à « éradiquer les activités de trafic de drogue [...] avec les autorités locales » – des thèmes chers à l’extrême droite qui n’ont aucun risque d’améliorer les conditions de vie des étudiant·e·s.

Née d’une scission au sein de l’UNI en 2015, la Cocarde regroupe des militants d’extrême droite de plusieurs tendances : de Reconquête aux plus radicaux des Républicains, en passant par le Rassemblement National et Debout la France.

Particulièrement proche du RNJ, branche jeunesse du parti de Le Pen, les membres de la Cocarde ont bien compris que – pour exister à l’extrême droite – il faut se servir de la « dé-diabolisation » du Rassemblement National comme marche-pied vers le pouvoir. Mais cette volonté de s’implanter dans l’extrême droite qui « joue le jeu des institutions » ne les empêche pas de combiner une stratégie de communication lisse sur les réseaux sociaux avec des méthodes d’action violente dans la plus pure tradition fasciste.

Ces derniers mois, la liste est longue : dégradations à grand renfort de croix celtiques et d’inscription « white power » ; bagarre et gazage devant l’université d’Assas ; tabassage et tentative de déblocage à Sciences Po Paris et à la fac des Tanneurs (Tours) ; agression de deux étudiants à Paris 8 ; etc.

Cette agressivité de la Cocarde, soucieuse de « ne laisser aucun espace interdit aux idées de droite », est mise à profit d’une propagande réactionnaire, mêlant notamment discours racistes/xénophobes (« grand remplacement ») et LGBTphobes (lutte contre la « théorie » du genre). L’importance de ces deux thèmes est parfaitement illustrée par leur rôle de service d’ordre pour les « féministes » identitaires de Némésis – collectif selon lequel la cause principale de la violence sexiste est l’immigration extra-européenne – lors de la manifestation #NousToutes en novembre 2021.

Dans les faits, la Cocarde est peu cohérente sur le plan idéologique, et épouse volontiers l’ensemble des prises de position qui permettraient à l’extrême droite de remporter la bataille culturelle. Ils avaient d’ailleurs appelé à voter pour Zemmour et pour Le Pen aux dernières présidentielles : une forme de pragmatisme électoral qui résonne avec leur fantasme d’une union des « patriotes » à la condition qu’ils soient xénophobes et réactionnaires.

Découvrons maintenant leur tête de liste à Aix-Marseille.

MARC S. : UN NÉO-NAZI TÊTE DE LISTE DE LA COCARDE AIX-MARSEILLE


En présentant – pour la première fois de son histoire – une liste aux élections étudiantes, la Cocarde Aix-Marseille se rêve en première ligne d’une lutte imaginaire contre le « délire woke » et l’ « islamogauchisme ».

Dommage : leur tête de liste – Marc S. – est un néo-nazi.

Preuves en images :

  • Salut de Kühnen (= salut nazi à trois doigts) avec ses copains de l’Active Club, groupe de bagarre ayant pour objectif de propager la « suprématie blanche »
  • Participation – à visage découvert – à la manifestation du C9M, à Paris en mai dernier, le rendez-vous annuel des néofascistes et néo-nazis
  • Sortie de garde à vue après le déploiement de la banderole raciste « Qu’ils retournent en Afrique » en juin dernier lors du concert de SOS Méditerranée – avec ses copains de Défends Marseille, fièrement accueillis par le baron local des fascistes – Stéphane Ravier
Hors de question qu’un néo-nazi soit au conseil d’administration de notre fac !

Découvrons maintenant l’UNI, qui n’est – évidemment – pas moins pire.


3. UNI : L’UNION DES FASCISTES QUI NE S’ASSUMENT PAS


Se présentant comme « apolitique » avec une liste qui prétend porter des « mesures sociales », l’UNI cherche à masquer son vrai visage, à savoir une organisation d’extrême droite au programme élitiste, intolérant et inégalitaire pour les étudiant·e·s.

Bref rappel historique.

L’UNI (Union Nationale Inter-universitaire) est créée en réaction aux évènements de Mai 68 dans les locaux du SAC (Service d’Action Civique, sorte de police privée du régime gaulliste) en vue de contrer la « subversion gauchiste » dans le milieu universitaire. Paradoxalement, l’organisation est alors fondée, avec le soutien logistique de Charles Pasqua, non par de jeunes étudiant·e·s mais par des militants aguerris – patrons, professeurs, journalistes et écrivains – qui ont quitté depuis longtemps les bancs de l’université.

Dès l’origine, l’objectif principal est de construire une organisation étudiante en vue de faire barrage aux idées progressistes qui règnent dans les universités et empêcher – à tout prix – de nouveaux mouvements étudiants et ouvriers comme celui de Mai 68. L’UNI revendique alors vouloir « regrouper tous ceux qui entendent soustraire l’éducation nationale à l’emprise communiste et gauchiste » – un positionnement qui ouvre la porte aux groupuscules universitaires les plus radicaux, notamment les militants du GUD (Groupe Union Défense), organisation étudiante d’extrême droite réputée pour ses actions violentes, et dont plusieurs anciens membres, comme Frédéric Chatillon, sont aujourd’hui proches de Marine Le Pen.

Car, à l’époque, l’UNI a la respectabilité mais pas les muscles. C’est la raison pour laquelle ils mèneront des actions avec le renfort du GUD dans les années 1980, sans lequel ils n’auraient jamais eu le rapport de force suffisant sur le terrain de l’université. De proche en proche, les rapprochements UNI-GUD iront jusqu’à des listes communes dans certaines facs. De nos jours, ces liens sulfureux avec les groupuscules sont évidemment entretenus en sous-main (ici, notamment à travers le groupe d’action Défends Marseille), malgré la volonté affichée de se présenter comme un syndicat « présentable ».

Ainsi, même si elle est parfois perçue comme une organisation « molle » par certains militants, l’UNI joue néanmoins un rôle essentiel dans l’union de la droite extrême et des extrêmes droites.

Car l’UNI a renoué ces dernières années avec son projet de départ : la dénonciation du « wokisme » et des « antifas » – en lieu et place des « communistes » des années 1960 – comme point d’union de toutes les droites. C’est la raison pour laquelle, dans sa profession de foi, en se cachant derrière des revendications sociales, l’UNI Aix-Marseille se positionne en priorité en faveur de la criminalisation et de la répression des mobilisations étudiantes (« Lutter contre les blocages [...] »).

De la même manière, son envie déclarée de « [l]utter contre l’écriture inclusive dans nos cours et examens » exprime un rejet univoque des minorités sexuelles et de genre dont elle désire invisibiliser l’existence et les luttes (en résonance avec son refus de la PMA et de la GPA).

Rien de tout cela n’est surprenant quand on connaît à la fois son histoire et son actualité, notamment ses liens notoires avec Génération Z, ses anciennes campagnes contre l’immigration et le burkini au nom d’un « ensauvagement de la société », sa crainte infondée d’un « péril islamo-gauchiste » à l’université, etc.

Quant aux mesurettes sociales annoncées dans leur profession de foi, on ne peut y croire quand on connaît les positionnements récents de ce syndicat, positionnements tout à fait conformes aux canons du néolibéralismepro-réforme des retraites, pro-sélection, anti-allocation d’étude, etc.

En dernière preuve, souvenons-nous à l’avenir de la participation de Mathis Gachon – délégué national de l’UNI – au colloque de Parents Vigilants, le bras armé de l’extrême droite à l’école, samedi dernier au Sénat.

À l’invitation de Stéphane Ravier, en présence de Philippe Vardon, Marion Maréchal Le Pen, Éric Zemmour et compagnie, le délégué de l’UNI participait à une discussion sur le thème du « grand endoctrinement à l’école et à l’université » – une manière détournée de désigner une pseudo- « propagande LGBT » qui viserait à « arracher les enfants à la loi naturelle et traditionnelle », ainsi qu’une allusion à peine masquée à la théorie islamophobe, complotiste et antisémite du « grand remplacement » qui obnubile l’extrême droite française.


En conclusion : racistes, misogynes, LGBTIphobes, proches de Le Pen/ Zemmour et des groupuscules ultra-violents (quand ils ne sont pas eux-mêmes néo-nazis), l’extrême droite entend faire vivre ses idées dans nos facs.

Montrons-leur qu’ils ne sont pas les bienvenus, durant les élections et tout le reste de l’année !


Riposte Antifasciste – Marseille


Références :

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