Cinq ans après la rue d’Aubagne et ses 8 morts, trois ans et demi après le remplacement des responsables du drame à la tête de la ville, d’un maire qui ne sera jamais inquiété par une justice toujours aussi impartiale qui vient de clore son instruction, le mal-logement et l’insalubrité demeurent. Se loger est un véritable enfer pour les Marseillaises et les Marseillais.
La semaine passée, nous avons appris avec effroi la mise en péril avec interdiction d’occupation de l’immeuble où résidait Madame Redouane, tuée par la police dans les manifestations suivant le 5 novembre. D’innombrables dégâts des eaux, des appartements parfois placés en airbnb entretemps. 150 expulsés juste avant la trêve hivernale à Madrague-ville, insalubrité jusqu’à la Timone, Ras-le-bol !
Quelques semaines après l’interdiction des locations saisonnières de moins de 30 jours dans la ville de New York qui a permis de récupérer en un mois près des trois quarts des logements placés en « meublés touristiques »,
Face à la pénurie de logements et la flambée des prix dans les locations marseillaises et à peine deux semaines après l’orientation d’une loi de finances qui n’a touché à presque aucune des exonérations fiscales exorbitantes de la plateforme Airbnb (ses abattements de 71%) et même après que celle-ci ait réussi à faire recruter deux jours avant l’examen de la loi un ancien communicant comme collaborateur du rapporteur au « Logement »,
Constatant qu’à Marseille, chaque logement placé en Airbnb est un logement de moins pour les habitants et un accélérateur du mal-logement et de l’inflation des loyers,
Suivant avec attention les déclarations des élus de la majorité au conseil municipal de Marseille qui actent d’un côté, l’impossibilité de légiférer sur le problème Airbnb avant les J.O. en juin 2024 ; de l’autre, déplorent « l’invasion Airbnb », le contournement permanent des règles et la « piste pour valises à roulettes » au Panier,
Actant pourtant la mise en place sans cesse repoussée des restrictions les plus efficaces : quotas par quartier comme à Saint-Malo ; recrutement massif de contrôleurs comme à Paris ; procédures judiciaires freinant les plateformes dans la communauté de communes de l’île d’Oléron ; interdiction pure et simple ou assortie de conditions comme au pays basque, à Majorque ou à New York,
Actant le caractère parfaitement dévoyé du supposé « coup de pouce » de fin de mois au profit d’une vaste spéculation sur nos logements toujours insalubres ou peu chers, par des marchands de sommeil à touristes d’un nouveau type qui ne veulent plus loger les Marseillais, des multipropriétaires piétinant tout savoir vivre et ne ruisselant jamais que pour eux-mêmes,
Actant la disparition programmée du voisinage, de la vie de quartier et le durcissement sans précédent des conditions pour se loger sans un programme de construction massif et rapide pour les tempérer,
Actant la disparition à brève échéance du Marseille accueillant et populaire que nous gardons chevillé au corps,
Actant surtout que la municipalité se déclare de plus en plus dépassée par cette logique sans frein où les fraudes (1510 annonces) dépassent déjà de 50% celles de Paris (1105) pour 3 fois moins d’annonces, que ledit contrôle municipal vise au mieux à collecter les taxes et obtenir des réparations (amendes) pour les annonces frauduleuses sans toucher au problème de fond intact et à la pénurie de logement,
Considérant enfin que la réponse tardive et opportune de la ville visant à mettre en place une brigade de contrôle anti-Airbnb s’est produite juste après l’annonce par une « brigade informelle anti-Airbnb » du « kidnapping d’une quarantaine de boites à clés » de locations touristiques le weekend des 14 et 15 octobre 2023,
Nous, mal-logés, actons la nécessité d’appuyer les efforts d’une municipalité submergée par ces nuisibles afin de hâter l’interdiction de Airbnb et des plateformes à Marseille. Le phénomène n’a que trop duré.
Pour épauler les brigades municipales et citoyennes, la marche du 5 novembre et plusieurs centaines de Marseillaises et Marseillais ont ainsi participé à afficher une quarantaine de ces « annonceurs » et multipropriétaires tout au long du parcours, certains à la tête de 10, 33 ou 104 propriétés ou en gestion, comme « Julie » dont l’une des si nombreuses annonces se trouve localisée au 71 rue ’Aubagne, sur une porte anti-squat et un immeuble visiblement fermé ; ou celles de Youcef Barka, au 74 rue d’Aubagne, avec ses multiples appartements avec vue sur la Dent creuse pour 129 et 140 euros la nuitée (soit 3840 et 4200 euros le mois) après des années d’interdiction d’occupation. Comble du sordide, deux annonces – celle de Jules, 193 euros la nuit (seulement 5790 euros le mois) et de Mathieu et Carry (superbe T2 à 2340 euros le mois seulement) sont même sur la plateforme précisément localisés dans le rayon du 63 et 65 rue d’Aubagne effondrés.
Ça suffit ! Il faut en finir avec les taudis et les Airbnb, agir contre le mal-logement à Marseille, comme l’a rappelé solennellement ce weekend le maire de Marseille.
Au fil de la marche, de nombreux habitants excédés ont participé à rendre plus visible tous ces boitiers à clé Airbnb qui se répandent dans les rues de la ville, facilitant la tâche du contrôle par les brigades anti-Airbnb. Pour encourager encore les efforts, deux grandes annonces ont été posées sur les flancs de la municipalité permettant d’imaginer le soulagement et la libération pour nos logements une fois l’interdiction générale des Airbnb passée et enfin prise ses responsabilités par la municipalité. En repartant, nous avons constaté qu’une trentaine de boitiers à clés avait d’ailleurs été accrochée sur
les grilles de la mairie. Le message de soutien aux volontés d’accélérer les restrictions annoncées par la ville paraissait assez évident.
Loin d’en rester là, nous appelons les Marseillais à relayer massivement la campagne d’affichage et de contrôle citoyen au plus près de chez eux afin d’enrayer le phénomène spéculatif et hâter le retour des logements vers la longue durée en participant au Hashtag #balancetonairbnb et en transmettant toute information, récrimination, portraits à l’adresse : balancetonairbnb@riseup.net
Nous rappelons l’engagement solennel du Printemps Marseillais à maintenir ce Marseille accueillant, vivant et populaire après les effondrements, qui ne peut plus se satisfaire du maintien et de cette juxtaposition sordide du taudis et du airbnb, de l’insalubrité et de la seule rentabilité.
Pour Marseille, à jamais les premiers !