Depuis plusieurs semaines, dans de nombreux établissements de l’académie Aix-Marseille, les chef.fe.s d’établissement demandent « une vigilance accrue » sur les tenues des élèves, en particulier les jeunes filles portant des robes longues.
Les équipes de vie scolaire constatent la généralisation de réflexions déplacées et de jugements de valeur, confortés dans leurs pensées discriminantes par la circulaire n°42 du 10 novembre 2022 mise en place par le ministre de l’éducation Pap Ndiaye. Ce sont notamment les tenues des jeunes filles dites « voilées » quisont remises en question. Les élèves sont renvoyées chez elles, ou maintenues en salle de permanence jusqu’à ce que leurs parents leur ramènent une tenue « correcte ». Dans certains cas, une sanction est appliquée, allant jusqu’à l’exclusion temporaire comme nous le raconte une collègue travaillant dans un collège du 3ème arrondissement de Marseille.
Les élèves visées sont systématiquement des jeunes filles, souvent voilées en dehors du lycée et portant des tenues amples. Pour une même tenue portée par des élèves dont « le comportement » ne manifeste aucune « appartenance religieuse » (selon les termes de la circulaire du ministère), il n’y a évidemment pas de sanction. Après la guerre aux crop-tops et aux shorts trop courts, ce sont maintenant les robes trop longues qui sont remises en cause, et ce sont toujours les jeunes filles qui en font les frais.
Force est de constater qu’en 2023, au sein de l’académie d’Aix-Marseille, certain.e.s personnels de l’éducation nationale expriment librement leur aversion envers la communauté musulmane, rompant ainsi le devoir de neutralité que tout personnel de l’éducation nationale s’est engagé à respecteren choisissant un parcours professionnel en service public.
Il est inséré, dans le code de l’éducation, après l’article L. 141-5, un article L. 141- 5-1 ainsi rédigé : « Art. L. 141-5-1.- Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. Le règlement intérieur rappelle que la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire est précédée d’un dialogue avec l’élève. »
L’application du principe de laïcité au sein des établissements scolaires garanti par la loi de 2004, n’a jamais eu vocation à introduire des mesures discriminantes, ou à positionner les personnels précaires dans des situations indélicates. Car c’est évidemment au petit personnel que l’on demande de mettre en place ces nouvelles mesures. Nous, AED, nous retrouvons encore une fois en première ligne. Il nous incombe maintenant de contrôler les tenues de nos élèves, de décider si telle ou telle tenue, portée par telle ou telle élève, marque une « appartenance religieuse » ou pas, puis d’appliquer les mesures de répression ensuite décidées par la direction ou les CPE. Evidemment, c’est aussi sur nous que s’applique en premier l’incompréhension voire la colère des parents et des élèves, compliquant nos
conditions de travail déjà tendues et créant une distance, voir une tension, avec les élèves et au sein de nos équipes.
C’est une tâche ingrate de plus qui s’ajoute à la longue liste de celles censées incomber aux AED, faute de fiche de poste. Encore une fois, il est clair que nous sommes « les petites mains » de l’éducation nationale, payés au lance-pierre, CDD en contrat généralement d’1 an. La CDIsation obtenue par la lutte en 2022 reste une CDIsation à la carte, au bon vouloir des chef.fe.s d’établissements, et après 6 ans de
CDD : la période d’essai la plus longue de France ! Et lorsque nous nous mobilisons pour défendre nos droits, nos conditions de travail, et pour refuser la mise en place de mesures islamophobes et sexistes au sein de nos établissements, c’est la répression qui s’abat sur nous : non-renouvellements, suspensions, licenciements, blacklistage sur les listes du rectorat et donc impossibilité de retrouver un travail...
Face à cette islamophobie et ce sexisme exprimés et appliqués avec zèle dans nos bahuts, et pour protester contre nos conditions de travail toujours plus scandaleuses, le collectif AED 13 appelle toutes les vies scolaires du département à se mettre en grève le jeudi 25 mai, et à se rassembler à 9h30 devant le lycée Diderot !
JEUDI 25 MAI
Rassemblement 9h30 devant le Lycée Diderot
(13013)
Appel de la part d’AED de Curie, Diderot, Hugo, La Calade, Montgrand, Quinet, Rostand, St Eutrope, Thiers, Wallon