Le 15 mars 2005, Kamel Daoudi est condamné en première instance à neuf années d’emprisonnement, peine réduite en appel à six ans. Il est également déchu de la nationalité française – qu’il avait obtenue par naturalisation – et doit quitter le territoire à la fin de sa peine. Compte tenu de la durée de sa détention préventive, il est libéré le 24 avril 2008, et tout de suite transféré au CRA de Vincennes en attente de l’expulsion. Il rédige alors un recours à la Cour européenne des droits de l’homme, qui interdit son expulsion vers l’Algérie en raison du risque de torture dans ce pays qu’il a quitté à l’âge de cinq ans. Depuis ce moment, ne pouvant être ni expulsé ni régularisé, Kamel Daoudi est assigné à résidence, et a été trimballé successivement dans la Creuse, la Haute-Marne, le Tarn, la Charente-Maritime et aujourd’hui le Cantal, à Aurillac. Il doit pointer deux fois par jour au commissariat et respecter un couvre-feu de 21 heures à 7 heures. Aurillac est son septième lieu d’assignation à résidence. Ces déménagements permanents et ces obligations de pointage l’empêchent d’organiser sereinement sa vie, de trouver un emploi stable et font donc reposer sur sa femme tous les frais du foyer. Une vengeance d’État, qui use les nerfs et tape dans le porte-monnaie. Il décrit ce quotidien dans son livre Je suis libre… dans le périmètre qu’on m’assigne paru aux éditions du Bout de la ville, qui compile certains des textes de son blog.
Le 14 septembre 2023, un autre recours devant la Cour européenne des droits de l’homme visant à mettre un terme à cette situation est rejeté : la cour estime que Kamel n’a pas épuisé les ressources du droit français avant de se tourner vers des instances internationales. Pour protester contre cette décision, Sandra, sa compagne, entame alors une grève de la faim et de la soif qui durera plusieurs jours.
Kamel, dans cet entretien téléphonique avec La Courte Échelle, revient sur les différentes étapes de ses combats administratifs et judiciaires, et nous décrit les difficultés quotidiennes auxquelles il est confronté.
Le podcast de l’émission est à écouter ici.
La Courte Échelle est diffusée en direct sur radio Galère tous les dimanches à partir de 19 h 30. On y parle de prison, de garde à vue, d’hospitalisation sous contrainte, de centre de rétention, bref, de l’enfermement et de ses conséquences sur nous, nos corps et nos proches.