Personne ne rappelle que juin 2019 marquera le sinistre 12e anniversaire du siège de Gaza ; personne n’évoque les rapports des missions de l’ONU sur le terrain qui se succèdent de plus en plus alarmants : il n’y a plus d’eau potable à Gaza, quelques heures par jour seulement d’électricité, pas de médicaments, pas de travail non plus, sans compter une crise alimentaire grave, ce que tous résument par les termes de catastrophe humanitaire, mais une catastrophe non naturelle. Une catastrophe méthodiquement fabriquée par Israël.
Aucun grand média, aucun responsable gouvernemental ne parle du mouvement populaire de la Grande Marche du retour commencé le 30 mars 2018, et qui tue chaque vendredi sa poignée de civils désarmés : 251 Palestiniens abattus par des snipers depuis un an et des milliers de blessés par tirs ciblés sur les jambes avec des balles mutilantes qui provoquent immanquablement l’amputation. Et chaque vendredi des centaines de Gazaouis désespérés continuent de marcher sur la barrière où les attendent embusqués sur la butte d’en face, les snipers installés et prêts à tirer. Comment expliquer aujourd’hui cette pluie de roquettes si ce n’est par le désespoir devant cette mort lente imposée ? Comment imaginer que deux millions de personnes enfermées dans de telles conditions depuis douze ans pourraient accepter silencieusement et pacifiquement leur terrible sort ?
Ne pas vouloir l’expliquer, c’est le rôle de l’oppresseur d’en face ; Gaza est diabolisée, tous ses habitants sont des terroristes, la seule réponse possible est toujours plus de violence à leur égard.
Sortir de cet engrenage diabolique c’est faire ce qu’aucun État occidental n’a voulu faire jusqu’ici : cesser de reprendre le discours essentialisant de l’oppresseur, écouter la voix de l’opprimé, reconnaître que le droit à la résistance fait partie du droit international. Comme l’expliquait Nelson Mandela : « c’est toujours l’oppresseur et non l’opprimé qui détermine la forme de lutte. Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’aura pas d’autre choix que de répondre par la violence ». On pourrait y ajouter que la frontière ne passe pas entre résistance non-violente et résistance armée. Elle passe entre résistance et collaboration.
Rétablir les droits dont le premier, le droit à la vie des deux millions d’habitants de Gaza, exiger la levée du siège, le rétablissement de la libre circulation des marchandises et des hommes, exiger d’Israël qu’il arrête la répression, la colonisation, juger les crimes de guerres déjà commis et ceux en cours, sanctionner l’oppresseur, et soulager l’opprimé. C’est la seule solution viable, pour Gaza, pour les Palestiniens et pour les Israéliens.
La Coordination nationale de l’UJFP, le 5 mai 2019