Le 3 juin dernier, Sacko Soumayla, ouvrier agricole à la journée et syndicaliste de base, a été tué par balle dans la campagne du Sud de l’Italie où il travaillait. Les tirs de fusils ont blessé également deux autres personnes qui travaillent dans les champs et étaient en train de ramasser des tôles dans une usine abandonnée.
Le climat xénophobe du nouveau gouvernement Salvini n’y est pas pour rien. Les patrons, fortement liés aux organisations mafieuses, poussent l’exploitation esclavagiste jusqu’à tirer sur les travailleurs qui osent relever la tête et s’organiser.
[Italie] Mobilisation et appel à la solidarité internationale contre l’assassinat raciste de Soumaila Sacko
Soumaila Sacko, Malien de 29 ans, toujours en première ligne dans les luttes syndicales de USB pour les droits et la dignité des travailleurs dans la Plaine de Gioia Tauro en Calabre, a été assassiné dans les (...)
Dans un contexte global où les politiques sécuritaires et les frontières secondent les exigences capitalistes, les personnes migrantes qui se retrouvent à travailler dans les champs pour quelques euros par jour vivent dans des camps dans des conditions plus que précaires, sous la surveillance de la police et des associations soi-disant caritatives.
En février dernier, à San Ferdinando, un incendie avait ravagé la tendopoli, camp de tentes en plastique du ministère de l’intérieur où Sacko vivait : une femme était morte dans les flammes, plusieurs personnes avaient été gravement brûlées et toutes avaient perdu leurs affaires et leur logement. Depuis, en dépit de la menace constante du démantèlement, d’autres baraques ont été construites et, la saison des oranges s’avançant, le travail a continué dans les conditions de chantage et d’exploitation connues depuis bien longtemps par les travailleurs agricoles à la journée.
Mais les intimidations n’empêchent pas la rage et le lundi suivant l’assassinat, les ouvriers agricoles de la plaine de Gioia Tauro ont fait grève. Dans toute la région et aux alentours, d’autres travailleurs, agricoles ou pas, ont apporté leur solidarité et une manifestation spontanée a défilé dans les rues du petit village calabrais. Ce n’est pas la première fois que travailleurs et migrants se révoltent (il y a huit ans une révolte à Rosarno a bien fait parler de cette situation) et que l’État italien finit par donner quelques miettes pour faire taire le mécontentement. Suite à la mort par fatigue de Paola Clemente, une ouvrière agricole payée 2€ l’heure, le décret Minniti de 2016 contre le caporalato réglementait sans effet l’exploitation, intrinsèque au système capitaliste.
Le populisme raciste et fascisant de la Ligue du Nord joue sur la pauvreté de la région, en arrivant à faire croire aux chômeurs de longue date que la faute vient des étrangers et non pas des patrons qu’ils les exploitent.
Une fois encore, cette situation rappelle la nécessité de s’organiser et de lutter ensemble, travailleurs, travailleuses, chômeurs, chômeuses, avec ou sans papiers, et de combattre les frontières.