Italie : L’armée isole un hotspot italien, la ministre de l’intérieur œuvre pour la fermeture des voies de migration avec un nouveau financement pour la Tunisie

Les départs de Tunisie et de Libye ont encore augmenté ces dernières semaines. Le camp d’accueil de Lampedusa est dix fois surchargé. Le maire local condamne la gestion de la situation par le gouvernement : l’état d’urgence avait été déclaré en 2011 alors que le camp était d’être aussi bondé qu’aujourd’hui. Les responsables du gouvernement italien ont immédiatement réagi : "C’est effectivement un moment difficile. Ces nouvelles arrivées constantes sont inacceptables, nous faisons tout ce qui est possible". Le fait que ce ne sont pas les nouve.lles.aux arrivant·e·s qui sont inacceptables, mais la politique européenne de migration mérite d’être mentionnée. Le ministre des affaires étrangères Luigi Di Maio a alors attaqué l’UE : "J’exige une réponse de l’UE : dans une telle situation, où il existe un risque sanitaire élevé, nous attendons une répartition immédiate des migrant·e·s dans tous les pays européens. La cohésion sociale italienne est en jeu". Une fois de plus, la droite profite de la situation pour lancer une campagne contre les exilé·e·s.

Par rapport à 2011, ce n’est pas seulement la surpopulation du centre d’accueil qui est problématique. Les mesures liées au Coronavirus et la quarantaine engendrent des conditions de vie proches de celles d’une prison. Pour échapper à cela, plusieurs centaines de personnes ont fui les camps de Sicile. Le gouvernement de Rome a alors envoyé 300 soldats pour "reprendre le contrôle" de la situation. A l’avenir, les camps devraient être tenus sous surveillance militaire.
La ministre de l’intérieur italienne Luciana Lamorgese s’est rendue en Tunisie la semaine dernière et a demandé au gouvernement de ce pays de mieux contrôler ses côtes et de fermer à nouveau les voies de passage. En effet, depuis la Tunisie, les migrant·e·s partent en bateau vers Lampedusa et la Sicile. L’Italie se tient "prête à soutenir la Tunisie dans ce domaine", a déclaré le ministre de l’intérieur au président tunisien Kaies Saied.
Elle a également promis à la Libye de l’aider à fermer les voies de passage. À la mi-juillet, Madame Lamorgese était à Tripoli et avait assuré au président libyen Al-Serraj que les accords sur la prévention des migrations entre l’UE et la Turquie pouvaient également s’appliquer à la Méditerranée centrale.
On oublie qu’il ne s’agit pas d’une "nouvelle urgence". L’état de surpopulation des structures d’accueil perdure depuis des années et ne résulte pas d’une augmentation des arrivées en provenance de Tunisie et de Libye, mais d’une décision politique : le sous-financement des structures et leur mauvais équipement, ainsi que la configuration générale du régime migratoire européen. Alors, au lieu de transférer du jour au lendemain à l’État tunisien 30 millions d’euros pour mettre un terme aux départs de migrant·e·s, comme l’a fait Mme Lamorgese lors de cette réunion à Tunis lundi dernier, la politique européenne de migration en entier devrait être reconsidérée. Cependant, il est peu probable que ce gouvernement le fasse.

PS :

Extrait de la revue de presse antiraciste du 3 août 2020, disponible sur antira.org.

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