La classe dominante a toujours eu peur que les classes dominées s’approprient l’espace public. Alors d’accord, faisons-lui peur. Nous, comité des serruriers-déménageurs de l’ESAA, annonçons notre volonté de nous approprier cette école, et d’ainsi transformer cette unité de soins palliatifs en véritable lieu de vie, de rencontre, de lutte.
Nous reprenons l’école, mais nous ne sommes pas aux petits soins avec nos affaires. Nous appelons donc nos camarades de la CGT ESAA, ainsi que tous ceux qui en ont marre des ténèbres, à nous accompagner gaiement dans notre entreprise de sabotage total : sans électricité, les occupants de l’école apprécieront d’autant mieux les étincelles d’une vraie révolte.
Depuis le début de notre mouvement, ses chefaillons auto-proclamés nous bâillonnent et tentent de faire croire qu’il s’agit d’une lutte apolitique.
Rien n’est apolitique, pas même le silence, pas même le hurlement des loups. Nous sommes étudiants en art, cette blague. Nous ne sommes pas des êtres séparés. Nous sommes une force autonome qui affirme sa puissance dans le labyrinthe des conflictualités en cours. Nous sommes étudiants en art. Ils pourraient bien être étudiants en proctologie ou en mécanique quantique que ça nous en toucherait une sans faire bouger l’autre.
La mairie fait la sourde oreille ? Grand bien lui fasse, le conduit auditif n’est pas celui par lequel nous voulons passer pour nous faire entendre.
Elle veut fermer l’école ? Nous ne lui laisserons pas ce plaisir. Nous allons le faire nous-mêmes.
Que la direction revienne, que ses clébards réclament nos os. Changez les serrures, nous allons casser les portes.