La police poivre l’habitant qui avait détecté une fuite de gaz au Panier

Un jet de gaz au visage, un croche-pied et une nuit de garde à vue pour cet habitant du Panier qui demandait à remonter chez lui. Article reproduit de la Marseillaise

Émoi lundi après-midi au Panier lors d’une intervention d’Engie pour une fuite de gaz. Un habitant du 4, rue du Poirier - celui d’ailleurs qui avait détecté en premier l’odeur de gaz - a été interpellé. Les policiers avaient été appelés par les marins-pompiers qui rencontraient des difficultés à le faire sortir de l’immeuble.

« J’ai demandé aux pompiers de pouvoir remonter vite fait chercher mes cigarettes. Bien sûr que je n’allais pas allumer une clope avec une détection de gaz, je ne suis pas fou », explique Julien, 36 ans, rencontré au sortir de plus de vingt heures de garde à vue et qui n’avait peut-être pas perçu le danger de la situation. Devant son insistance à vouloir remonter chez lui, les marins-pompiers, qui l’avaient empêché deux fois, décident de faire appel à la police. Et c’est là que tout bascule. Trois policiers débarquent. Une voisine raconte : «  J’ai vu un flic le gazer, un autre lui faire un croche-patte qui l’a fait tomber à terre. C’était assez violent. C’est vrai que Julien était insistant mais de là à faire ce qu’ils ont fait, il y a un pas quand même. » Julien, cuisinier de profession, est menotté puis embarqué au commissariat de Noailles où il a passé la nuit « sur une dalle de béton glacé en compagnie des cafards  », décrit-il. Il a été libéré hier avec une convocation pour une comparution pénale. Il devra comparaître le 10 avril devant le procureur pour « avoir opposé, seul et sans arme, une résistance violente au gardien de la paix, X, dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions pour l’exécution des lois », énonce la convocation qu’il nous montre. « Comme vous pouvez lire, je n’ai outragé ni frappé personne. J’ai juste levé les mains pour me protéger. »

Témoin de la scène, Michel Pastor, le directeur du Festival Musiques interdites, est indigné. « C’était hallucinant. Julien était à terre, menotté et couvert de liquide rouge sur sa poitrine. Quand j’ai vu ça, j’ai dit aux policiers que c’était inadmissible, qu’il n’avait qu’à m’interpeller et quand je leur ai demandé leur immatriculation, ils m’ont répondu "on s’en fout" ! » La fuite de gaz ? Elle provenait d’un logement squatté en contrebas de la rue de l’Hôtel-Dieu que Nouveau logis provençal traîne depuis des années à retaper.

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