Pour arriver au veganisme, deux stratégies s’opposent : le néowelfarisme et l’approche abolitionnisme.
Les partisan.e.s de la première (néowelfarisme) pensent qu’elle est préférable à la seconde notamment parce qu’elle a permis de porter le débat de la question animale sur les scènes publiques, médiatiques et politiques. Elles/ils brandissent volontiers le drapeau de la victoire, alors que nous pourrons parler de victoire que quand le veganisme sera une réalité qui s’impose à toutes et à tous les humains comme le fait de ne plus manger son semblable aujourd’hui (cannibalisme). On pourra ajouter que ce débat de la question animal sur le plan médiatique est porté par de grandes associations néowelfaristes, grandes dans le sens où elles ont des moyens financiers, un réseau de militant.e.s que n’ont pas les associations abolitionnistes. Ceci expliquant peut-être cela ?
Enfin, si la question de la souffrance animale est bien mis en avant dans ce débat public, ce que condamnait déjà Jeremy Bentham, au siècle de la Révolution Française, la question de l’utilisation de l’animal, que l’animal est une personne sentiente et non pas une ressource lui ou ce qu’il peut "produire" est quand même bien absente du débat ou quand le sujet est abordé, il l’est d’une façon confuse ou ces stars qui parlent de régime minceur, qui sont vegans parce que c’est tendance et encore il ne faut pas regarder de trop prêt leurs alimentations, leurs vêtements etc ou encore les médias qui laissent à penser que c’est une lubie de quelques nanti.e.s citadin.e.s !!
Pour savoir si une stratégie est meilleure que l’autre, il faudrait donc pouvoir juger sur le résultat, car il y a bien que le résultat qui compte !!
Existe-t-il un lieu, misons petit, une commune vegane ? La réponse est non et si elle avait été affirmative, comment savoir si c’est le résultat de l’une ou l’autre des stratégies et pas un peu des deux ?
Le néowelfarisme, bien médiatisé, a-t-il permis que le veganisme soit un enjeux politique ? La réponse est non. Mélenchon n’en parle pas, il parle de réduction de consommation de protéines carnées, de végétarisme mais pas de veganisme ! Les quelques partis politiques naissants "pour les animaux" ne se hasardent pas à revendiquer le veganisme !
Et les individu.e.s sensibilisé.e.s ? Elles/lls sont, à priori, fort nombreuses-eux, soit à avoir réduit leurs consommations (en se fournissant chez un boucher qui connait bien l’éleveur qui lui aime beaucoup ses animaux) soit en devenant végétarien.ne.s. Ils ont même inventé l’expression "flexitarien" !!
Pour celles et ceux-là, il y a beaucoup de réticence, voir un refus catégorique à devenir vegan et c’est sans doute malheureusement logique ! Le welfarisme créé du consentement rendant la consommatrice ou le consommateur en paix avec sa conscience ! Il parait donc usurpé de parler de victoire !
On peut aussi s’interroger, alors même que de nombreuses personnes se fournissent, prétendent-elles, en "viande heureuse", que tout un chacun condamne l’élevage industriel pour l’extrême souffrance qu’il cause aux animaux, que des méga-fermes-usines semblent pousser comme des champignons ? ! Les pouvoirs publics, les professionnels du secteurs semblent donc se contrefiche et du bien-être animal et de la consommatrice respectueuse et du consommateur respectueux du bien-être animal !
Et parmi les personnes veganes et qui le sont en ayant suivi un cheminement avec un ou des étapes (réduction, végétarisme)...Combien l’ont-elles fait par ignorance, par manque d’information sur des sujets comme les consommations d’œufs, de laits ou de miel ? Et qu’elles seraient devenues bien plus rapidement véganes si elles avaient eu toutes les informations en mains ! Et si elles ne les ont pas eu, c’est bien parce que le néowelfarisme n’aborde pas ces sujets ou d’une façon confuse (voir les campagnes vers des enseignes pour qu’elles ne vendent plus d’œufs de poules de batteries, l’incitation à acheter, cher, des poules de réforme pas assez productives pour consommer leurs œufs) !
Il y a bien, sur le plan médiatique, ces, maintenant, nombreuses vidéos dénonçant les excès des abattoirs et des élevages. Les excès mais jamais qu’il faudrait quand même s’interroger rapidement sur le fait que les animaux ne sont pas des produits et que le meilleur des élevages et le meilleur des abattoirs ne sauraient être tolérables ! D’ailleurs, la triste preuve que les gens ne remettent pas en cause le fait de consommer des animaux est l’éclosion de pétitions ici pour demander des caméras dans les abattoirs là que les poussins mâles ne soient plus gazés (inutile dans un élevage de poules pondeuses) !
Mais la lutte pour le bien-être est profitable pour les animaux ? Outre que cela les maintient dans leur position d’objets, de produits, on peut s’interroger sur la pertinence d’une évolution des conditions de vie des animaux.
Quelques exemples :
⦁ Vers 1920, les chevaux des picadors ont été protégés par un caparaçon. Certes, cela a sauvé bien des chevaux de l’encornage. Mais cela a-t-il permis l’abolition de la corrida ? Non, bien sûr, elle s’est adaptée à ce changement. Les chevaux, quant à eux, sont toujours exploités, vivent toujours un stress immense lors des corridas et subissent toujours un dressage violent pour qu’ils ne fuient pas devant le taureau fonçant sur lui qui est une réaction normale de défense pour ces animaux-là ! Et bien sur les taureaux se font massacrés et tués à chaque saison taurine.
⦁ Vers 1960, le pistolet pour étourdir les animaux dans les abattoirs est apparu suite à une campagne de l’OABA et de Brigitte Bardot. Cela a-t-il conduit à la fin des abattoirs ? Non évidemment ! il a même été suspendu lors de l’épidémie d’E.S.B et n’est pas utilisé pour les abattages rituels !
⦁ Il y a peu, les caissons en bois, pour l’engraissement des veaux sont interdits (suite sans doute à une pétition dans ce sens). Les veaux ne sont-ils plus engraissés et batifolent dans les prés à côté de leurs mères ? Non bien sûr, la "viande" de veaux se vend toujours et ces derniers "profitent" d’un espace mi-couvert mi-extérieur de quelques centimètres supplémentaires !
⦁ La commission européenne demande à ce que les oies et les canards soient gavés dans des cages collectives au lieu de cages individuels avec le soutien du mouvement Stop Gavage, une branche de L214 ! J’ai pas bien compris en quoi cela améliorait le confort des animaux pendant cette torture qu’est le gavage ! Cela a-t-il supprimé le gavage forcé ? Non, on trouve encore et toujours du foie gras. On semble se diriger, bien que cela soit encore expérimental, vers du foie gras non gavé du vivant de l’animal mais après par un procédé peut-être chimique, là aussi avec le soutien de Stop Gavage, (qui finalement n’est peut-être pas contre le foie gras mais contre le gavage ?). Cela ne va donc pas inciter les gens à ne plus consommer du foie gras, bien au contraire !
⦁ Et il y a sans doute bien d’autres exemples : pétition pour que le renard ne soit plus dans la liste des nuisibles ; ce qui veut dire que l’on admet que certaines espèces sont nuisibles - pétition pour l’arrêt de la chasse le dimanche (human first) mais les autres jours, les animaux peuvent se faire flinguer, on s’en fout ! etc etc..La chasse a-t-elle été abolie ? Non bien sûr !
En conclusion, le néowelfarisme parce qu’il n’aborde pas la question que nous devrions pas utiliser les animaux ne peut conduire au veganisme. Il est confusionnisme et ne sert qu’à donner bonne conscience en créant du consentement et donc une cohorte de végétarien.ne. et autres flexi.e.s ! Certes des personnes deviennent veganes suite à cette stratégie de conversion mais on peut penser qu’elles le seraient devenues tout autant si elles avaient eu connaissance de l’approche abolitionniste.