Les condés, une abeille, et des tracts.

Une nouvelle pour des nouvelles du premier vendredi de la colère à Marseille par des sensations personnelles. Un peu raté mais mignon.

Vendredi matin on voulait differ des tracts sur la place du marché, et puis aller dans pole emploi. C’est tout, juste pour partager notre colère et informer les allocataires de l’horreur qui se prépare. De créer du lien, de les inviter à boire le thé dans notre théâtre.

Vendredis de la colère

Ceci est un appel des lieux de culture occupés pour que les revandications dépassent le secteur culturel et pour que la moblisation contre le projet de réforme de l’assurance chômage se généralise.

Et puis dès 9h30 y avait des baqueux et des opj. Puis y a eu deux voitures de natio. Ils ont voulu prendre les noms. Ils ont embarqué deux personnes au comico du 15ème, qui sont ressorties vite. Ils nous ont dit qu’on pouvait differ des tracts par groupe de six. Ils nous ont dit qu’on devait déclarer en pref.

Voilà c’était chiant.
Heureusement que y avait quelques affiches collées sur les vitres du pole emploi. Mais bon y a un employé qu’a été vite fait bien fait chargé de tout enlever.

On a quand même diffé des tracts à pole emploi belle de mai et pole emploi st charles et sur le marché de la place cadenat. Et puis y a les personnes de la cgt chômeurs précaires rebelles qu’ont usé de leur droit syndical pour rentrer et mettre des affiches avec la BD d’Emma. Et y avait plein de gens qui disaient : « bien sûr faut pas que cette réforme passe, bien sûr on est en colère », et ça c’était bien.

En vrai, c’est grave ce qui se passe. En vrai on est peu. En vrai faudrait pas qu’elle passe cette réforme de l’assurance chômage. En vrai beaucoup de personnes regardent ces occupations en se disant « ouais c’est mignon ». En vrai c’est vrai que c’est mignon, mais c’est pas pour autant que ça cherche pas à se déter, et que c’est pas important ce qu’il se passe dedans ces occupations. En vrai j’ai vraiment envie de foutre le oaï et on est là à se faire contrôler et embarquer pour de la diff de tracts, donc la sensation c’est pas « on est des nullos », la sensation c’est « c’est vraiment étrange cette sensation, c’est vraiment… c’est vraiment y a l’espace qui se resserre… c’est vraiment pas possible ce frisson dans le dos ».
Y avait une abeille sur ma cuisse, on a causé, je lui ai demandé si elle voulait pas appelé ses copines et fondre en essaim sur les condés et les marteler de leurs aiguilles. J’ai pas trop compris sa réponse, faut dire qu’elle avait pas l’air dans son assiette. Y avait une personne à côté de moi qui m’a dit « ben ce serait con, elles crèveraient », j’ai dit « ah ouais, ben vous voulez pas faire plein de miel et le déverser sur les condés comme ça ils pèguent ils peuvent plus bouger ils se transforment en cire et ils sont plus doux ». J’étais naïf comme un gosse parce que la montagne me manque. Après j’ai dit « vous croyez pas que c’est un peu disproportionné ». Je me suis dit que ce serait mieux de dire « ACAB » alors après j’ai dit « ACAB ».

Et après un mot archaïque qui tourne dans mes souvenirs est revenu brûler le bout de ma langue alors j’ai dit « SAILLIFEU ». La saillifeu chez les anciennnesanciens des hauteurs encagoulées c’est comme ça qu’on appelle le printemps.

SAILLI FEU
Le feu qui sort de la terre.

Et la colère elle est bien là elle brûle le corps. Malgré le ratage mignon.
Voilà, on fera mieux la prochaine fois.

PS :

signé E.R.E

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