Retour sur le nouvel an et actualités dans les lieux d’enfermements, solidarité avec tous.tes les prisonnier.es !

Dans la nuit entre le 31 décembre et le 1er janvier comme le veut la tradition, partout où des prisons existent, à Lyon, St Etienne, Paris ou bien Toulouse, des personnes sont allées porter de la solidarité devant différents lieux d’enfermement. Les prisons, les centres de rétention administrative et les établissements pénitentiaires pour mineur.es ont pour but d’isoler les personnes à l’intérieur et de briser les liens avec les proches à l’extérieur. Pour cette raison, à Marseille, on a décidé d’aller craquer des feux d’artifices en soutien à toutes les personnes enfermées dans le centre de retention administrative du Canet, à l’établissement pénitentiaire pour mineur.es de la Valentine et devant la prison des Baumettes.

Pour rappeler le contexte de notre ville, ces derniers mois il y a eu un durcissement des conditions d’enfermement dans les Cra et les prisons locales avec une répression vénère des solidarités à l’extérieur.

Au CRA, depuis septembre et le changement de direction, l’ensemble du système de sécurité s’est accentué : surveillance par drone, portail à rayon X à l’entrée du centre, réduction drastique du temps des parloirs (parfois 10mn contre 45mn auparavant), interdiction des dépôts (vêtements, nourriture, clopes...) sans rendez-vous parloir, et coups de pression des keufs, fouilles, gazages, insultes, tentatives de fichage lors de diverses actions à proximité du centre (tractages et parloirs sauvages).

Le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau, à travers le 2nd round de la loi Asile et Immigration, propose de faire passer la rétention administrative de 90 jours à 210, soit près de 7 mois. Le discours s’est clairement durci, notamment depuis la venue au CRA, de Gérault Verny, député d’extrême droite des Bouches du Rhône. Il s’est présenté aux personnes enfermées comme un avocat et les a filmées à leur insu et sans les flouter avec l’aide d’un "journaliste" du média fasciste "Frontière" (anciennement Livre noir). La vidéo voudrait assimiler les personnes enfermées à des "délinquants" pour mieux manipuler l’opinion publique et cacher la réalité abjecte de ces lieux-là. Malgré tout, les gens à l’intérieur continuent de se révolter par des grèves de la faim, des évasions (ou des tentatives) et disent haut et fort leurs conditions d’enfermement. C’est pour leur apporter du soutien que nous sommes allé.es, une énième fois, devant le CRA avec de la musique et des slogans. Puis, pour une fois, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps, pas un flic pour venir nous dégager. C’est sûre qu’on y reviendra !

L’EPM (établissement pénitentiaire pour mineurs) de la Valentine se trouve à un endroit excentré, un no man’s land entre l’autoroute de l’est et la zone commerciale. C’est là qu’on enferme des adolescents de 13 à 18 ans, exclusivement des garçons, car les filles, sont déjà enfermées près du bâtiment des femmes aux Baumettes. La nuit du 31 décembre, on a crié, mis Wesh Wesh à fond, craqué des feux d’artifices et dansé près des murs en béton, et on a même pas été interrompu.es par la flicaille !!! Même si malheureusement on n’a pas réussi à entendre de réponse de l’intérieur, on espère avoir été entendu.es et ça nous a bien donné envie de retourner devant cette taule pour filer de la force aux jeunes enfermés.
Si vous voulez leur passer le bonjour, voilà l’adresse : Montée Commandant de Robien, 13011 Marseille.

Aux Baumettes, la situation est encore plus tendue depuis quelques mois : nombreux suicides (au niveau national, 125 suicides en 2024), et en novembre la mort d’un jeune égorgé dans sa cellule. Comme toujours, les médias et le gouvernement instrumentalisent la mort et la violence en prison pour déshumaniser la population carcérale et masquer la responsabilité de l’administration pénitentiaire. Le ministre de la justice et celui de l’intérieur des derniers gouvernements n’ont pas hésité à se servir de cette mort comme passerelle politique pour justifier l’application de peines plus dures et la création de plus de places de prison (15 000 nouvelles places d’ici 2027). Le 2 janvier, Darmanin, fraîchement débarqué à la justice, s’est rendu aux Baumettes pour mettre de l’huile sur le feu médiatique du "plan de lutte au narcotrafic". Une excuse de plus pour imposer plus d’isolement aux prisonnier.es et donner plus de moyens et d’effectifs aux maton.ne.s à l’intérieur et aux flics à l’extérieur.
Début décembre 2024, la directrice des Baumettes reçoit des menaces sur les réseaux sociaux. L’affaire est très vite utilisée pour durcir les conditions à l’intérieur et à l’extérieur de la prison : plus de fouilles pour les prisonnier.e.s, parloirs retardés, contrôles accrus aux abords de la prison.

Raison de plus pour aller soutenir les prisonnier.es des Baumettes la nuit du 31 décembre. À l’extérieur, des feux d’artifice craquaient de partout. On a mis de la musique et on a crié notre solidarité aux personnes incarcéré.es. Les réponses ont fusé, cris, chants, et barreaux tapés en rythme.

Même pas le temps de mettre Wesh Wesh en entier que les prisonnières nous préviennent : trois camions de CRS et plusieurs voitures arrivent. Placages contre le mur et contrôle, identification par caméras embarquées et couplées aux caméras de vidéosurveillance de la rue. Les prisonnières se foutent de la gueule des flics, et ça nous soutient de ouf. Trois copain.es se font embarquer sous prétexte d’un arrêté rendant délictueux les tirs de mortier dans l’espace public pendant les fêtes.
Ielles partent en garde à vue pendant 18 heures. On se mobilise pour aller les soutenir.

Dans un contexte de répression particulièrement fort des luttes des prisonnier.e.s et des actions de solidarité à l’extérieur, soutenir les personnes enfermées est un moyen de résister et lutter.

Force à toutes les personnes enfermées et à leurs proches !

Force aux prisonnier.e.s à l’isolement !

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