Les culottes d’Éliane

Lettre ouverte à Éliane, présidente du collectif des riverains des Baumettes 2.

Éliane, les plaintes de ton collectif ont été entendues.
Il a été mis un terme au calvaire que tu vis depuis mai 2017, à savoir que tu te fais interpeller par les prisonnières des Baumettes lorsque tu es dans ton jardin, qu’elles peuvent te voir et, par-dessus le marché, que tu subis jour et nuit « des nuisances sonores et visuelles »… Au point que tu ne vas même plus sur une partie de ta terrasse (sauf pour étendre le linge) parce qu’une fois des prisonnières t’ont lancé à la cantonade : « elles sont propres, tes culottes ? »

Mais Éliane, c’est pas grave si tu chies dans tes culottes, puisque grâce à toi et tes amis du collectif, les filles, elles, ne pourront plus les étendre, les leurs, de culottes : tu viens de leur boucher la seule fenêtre qu’elles avaient.

C’est d’autant plus dommage pour celles qui n’ont personne pour leur ramener du linge propre régulièrement. Ça fout les boules, surtout quand on sait que les femmes ne rechignent pas à maintenir les liens avec un proche incarcéré, mais qu’elles se retrouvent en revanche le plus souvent abandonnées lorsque ce sont elles qui vont en prison.

Heureusement qu’elles peuvent compter sur un sympathique collectif de voisins pour leur rendre la vie plus dure encore.
Oui, Éliane : grâce aux fenêtres antibruit, tu peux désormais étendre tes culottes sales sans risquer d’essuyer la moindre remarque des filles. Problème réglé au moyen d’un châssis fixe, avec une petite partie qui s’ouvre – mais qui est équipée d’un piège à son ! Fantastique.

Finies les discussions d’une cellule à l’autre, les parloirs sauvages…
Bon, l’atmosphère de la cellule est devenue irrespirable – surtout qu’elles sont exposées plein sud, les 137 filles, dont des mineures, enfermées en cellule vingt-deux heures sur vingt-quatre. Les cellules des arrivants aussi sont concernées – déjà que le choc carcéral en pousse pas mal au suicide, avec tes nouvelles fenêtres, ça devrait pas s’arranger !

Tu sais quoi, Éliane ?
Vu d’ici, on a comme l’impression que tu n’as pas remarqué que la prison en face de ta terrasse, en réalité, elle est aussi au-dessus de ta tête.

Allez, Éliane, va nous laver cette vilaine mentalité que tu as !

L’Envolée

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