Les routes migratoires : plus de 800 personnes franchissent la frontière avec Melilla

Alors que la politique d’ouverture à l’égard des personnes fuyant l’Ukraine est sur toutes les lèvres, les frontières extérieures de l’Europe restent mortelles. Voici un résumé des événements qui se sont déroulés sur les murs de la forteresse Europe ces deux dernières semaines.

Mercredi, environ 2 000 personnes ont tenté de franchir la barrière à la frontière entre le Maroc et l’Espagne dans l’enclave de Melilla. Cinq cents d’entre elles ont réussi à entrer sur le territoire espagnol. Jeudi, une deuxième tentative a été faite par environ 1 200 personnes, dont 380 ont franchi la barrière frontalière. Jamais autant de personnes n’avaient réussi à entrer à Melilla. Les autorités parlent d’une forte "pression migratoire". De nombreux·ses blessé·e·s, parfois graves, ont été recensés. Des renvois illégaux de personnes ayant réussi à atteindre le sol espagnol ont également été documentés.

Y a-t-il un lien avec la situation en Europe ? Les politiciens de droite font au moins référence au mouvement de fuite en partant de l’Ukraine : "Tout le monde peut comprendre la différence entre ces flux de réfugiés et l’invasion par de jeunes hommes en âge d’être conscrits, d’origine musulmane, qui se dirigent vers les frontières de l’Europe - en essayant de déstabiliser et de coloniser l’Europe", a par exemple déclaré le porte-parole du parti d’extrême droite espagnol Vox, tout en se prononçant pour l’accueil de "vrais réfugiés de guerre" en provenance d’Ukraine. De nombreux politiciens de droite se réjouissent ouvertement des images d’Africain·e·s blessé·e·s et se mettent en avant avec leur haine ouverte.

Ces dernières semaines, les événements se succèdent également sur les autres routes migratoires vers l’Europe :

  • Dans l’est de la Tunisie, les corps de quatre personnes ont été retrouvés alors qu’elles se trouvaient vraisemblablement en route vers la côte. Ils sont probablement morts de froid ou de faim après avoir franchi la frontière algérienne.
  • Au moins neuf personnes sont mortes au large des côtes tunisiennes après que leur bateau a chaviré. Le nombre de personnes qui se trouvaient à bord n’est pas connu.
  • Sur la côte nord de Lesbos, six personnes ont été retrouvées mortes. Les autorités n’ont pas pu dire à quel naufrage elles étaient liées.
  • Au large de Lampedusa, près de six cents personnes ont été secourues par plusieurs bateaux. Une personne n’a pu être retrouvée que morte.
  • Au large des côtes libyennes, une personne est décédée après que les garde-côtes libyens ont tiré sur un bateau transportant 80 personnes afin de l’inciter à faire demi-tour. Trois autres personnes ont été blessées.
  • Selon un rapport récent, 21 personnes sont déjà mortes cette année à la frontière gréco-turque. Plus de 500 ont été refoulés illégalement.
  • En outre, il a été rendu public qu’en septembre 21, les garde-côtes grecs ont jeté trois personnes à la mer au large des côtes de Samos. Deux de ces hommes se sont noyés.

Tous ces événements montrent le vrai visage de la politique migratoire européenne, qui sourit actuellement gentiment aux caméras au vu du traitement réservé aux personnes en provenance d’Ukraine. Nous rendons hommage aux personnes qui ont perdu la vie aux frontières, mais aussi en Ukraine. Nous avons besoin de routes de fuite et de migration sûres pour tous les êtres humains.

PS :

Traduit de la revue de presse hebdomadaire suisse allemande antira Wochenschau, publiée sur le site antira.org

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