VIOLENCES SEXISTES : RIPOSTE FEMINISTE
À l’occasion de la journée internationale contre les violences sexistes et sexuelles et les violences faites aux femmes et aux minorités de genre, nous, collectifs féministes rassemblés pour la convergence des luttes contre toutes les oppressions, appelons à manifester le samedi 23 novembre 2024 à 11h, au Vieux Port.
Nous serons dans la rue pour rappeler qu’en 2024 être femme ou minorité de genre, et d’autant plus noir·e, racisé·e, trans, non valide, musulman·e ou queer, c’est vivre en étant partout déshumanisé·e et exposé·e aux violences. Nous serons dans la rue pour visibiliser et faire converger nos révoltes quotidiennes — dans les écoles, dans les maisons, sur les lieux de travail, dans les quartiers, dans les rues — contre les violences structurelles qui oppriment nos vies et nous tuent.
Féministes, transféministes, anti-racistes, antifascistes, anti-islamophobes, afroféministes*, anti-validistes, anti- grossophobie, LGBTQIA+, faisons front ensemble contre ceux qui nous invisibilisent, nous humilient, nous exploitent, nous discriminent, nous insultent, nous harcèlent, nous agressent, nous blessent, nous violent, nous tuent.
Les femmes et les minorités de genre subissent au quotidien des violences sexistes et sexuelles : au travail, dans les établissements scolaires, dans la rue ou dans leur foyer, dans les services de santé : aucun espace n’est sécurisé. En France, 967 femmes ont été assassinées sous les mandatures d’Emmanuel Macron. Ce sont 967 féminicides, dont la majorité s’exerce dans le couple, et plus de 1000 enfants orphelins. Ce sont 321 000 femmes victimes des violences de leur conjoint ou ex-conjoint chaque année, et des centaines de milliers d’enfants co-victimes de ces violences. Ce sont 250 viols ou tentatives de viol chaque jour, et une justice qui refuse toujours de croire la parole des victimes. À Marseille, nous pensons à MMdS, tuée par son compagnon en fin d’année dernière.
Cette année, la Région Sud a été marquée nationalement et internationalement par l’affaire des viols de Mazan. Pendant près de dix ans, Gisèle Pelicot, droguée par son mari, a été violée à son insu plus d’une centaine de fois, par plus de 70 hommes. Le procès donne à voir tous les rouages du système patriarcal fondé sur la culture du viol, l’inceste et les violences intra-familiales.
Nous serons dans la rue pour rappeler que les enfants sont les premières victimes des violences sexuelles, et qu’iels ne sont pas protégé·es. Toutes les trois minutes, un·e enfant est victime d’inceste, de viol ou d’agression sexuelle. La moitié des enfants victimes d’inceste n’est pas prise en charge lorsqu’iels appellent à l’aide. Les enfants parlent, mais iels ne sont pas écouté·es.
Nous serons dans la rue pour dénoncer l’absence sidérante de politiques publiques pour lutter efficacement contre les violences faites aux femmes, aux enfants et aux minorités de genre. La réduction drastique des financements des hébergements d’urgence pour les femmes victimes de violences montre que la “grande cause” est une imposture. Les associations féministes, abandonnées par l’État, ne peuvent plus accompagner les victimes dans de bonnes conditions, certaines sont contraintes de mettre la clef sous la porte.
Nous serons aussi dans la rue pour dénoncer les violences sociales et policières orchestrées par Emmanuel Macron, son gouvernement, le patronat, et l’ensemble de la classe politique. Nous refusons la perte de nos acquis sociaux, la casse de nos services publics et de notre protection sociale. Les récentes réformes des retraites, du chômage et du RSA pénalisent particulièrement les femmes et les minorités de genre, car souvent nous menons des carrières hachées, dans des emplois sous-payés. Les métiers féminisés, notamment ceux du soin, sont les plus dévalorisés, les plus précarisés et les plus pénibles. Ils sont majoritairement assurés par des femmes noires et/ou racisées. Le gouvernement ne se cantonne pas à l’inaction face aux violences basées sur le genre. Il les génère et les accentue, en précarisant la population, en défendant des agresseurs et en appliquant des politiques répressives : traque et humiliation des adolescentes musulmanes dans leurs établissements scolaires, discrimination et meurtres par la police des populations noires et/ou racisées dans les quartiers populaires et en “Outre-Mer”, pénalisation des clients des travailleur·euses du sexe, chasse aux usager·es de drogues, expulsion des migrant·es et exilé·es... C’est le même État qui réquisitionne les grévistes, qui réprime les mouvements sociaux et les écologistes, et qui tente de mettre fin à nos luttes. Ce gouvernement ultra réactionnaire, qui dirige main dans la main avec l’extrême-droite, n’est pas notre allié. Nous réclamons plus d’argent pour le logement, l’éducation, la santé et pas pour l’armement.
À Marseille, le groupuscule d’extrême-droite soutenu par le sénateur Stéphane Ravier (ex-Reconquête) Défends Marseille a déployé une banderole affichant "Philippine tuée par un migrant marocain sous OQTF" lors du concert de SOS Méditerranée le 6 octobre 2024.
Nous serons dans la rue contre ces politiques réactionnaires et pour dénoncer la France et les autres pays occidentaux qui utilisent nos luttes pour justifier les assassinats de masse dans les pays du sud.
Cette année a également été marquée par l’agression du Liban et le génocide en Palestine, dont 70% des mort·es sont des femmes et des enfants. Cette entreprise de la mort nous laisse penser que la vie des arabes ne comptent pas. Qu’importe le nombre, qu’importe la famine, qu’importe les traumas, qu’importent les déplacements, qu’importent les blessures, qu’importent les deuils, qu’importent les mort·es. La France choisit son camp : affirmation d’un soutien inconditionnel à l’état génocidaire israélien.
Nous serons dans la rue aussi en solidarité avec les luttes des femmes iraniennes et afghanes, souvent récupérées par les médias, l’extrême droite et les politiques occidentales afin de favoriser un discours islamophobe. Nous dénonçons l’instrumentalisation de la cause féministe à des fins impérialistes en France, au Moyen-Orient et partout dans le monde.
Nous serons dans la rue pour crier notre solidarité aux Marseille Panthers qui subissent un acharnement de la part de la Fédération Française de Basket. Comment peut on engager des dispositifs financés par l’état pour encourager les femmes à faire du sport et dans un même mouvement laisser des fédérations sportives à l’arbitraire liberticide en excluant des femmes d’un tournoi parce qu’elles portent le foulard ?
Les violences sexistes et sexuelles ne cesseront pas grâce à la prison ou aux tribunaux mais bien grâce à notre lutte féministe acharnée, notamment pour obtenir plus de moyens dans les services publics de santé et d’éducation.
Les mouvements sociaux de ces dernières années, les manifestations et les grèves des femmes de chambres nous confirment que c’est par la mobilisation que nous allons gagner.
Nous appelons les associations, organisations politiques, syndicats et la société à nous rejoindre pour un mouvement intersectionnel de masse.
A nos sœurs et adelphes assassinées, aux familles brisées, à toutes les victimes, nous ne vous oublierons jamais. Nous ne voulons plus avoir à compter nos mort·es.
Soyons nombre·ux·ses le 23 novembre 2024.
Rendez-vous à Marseille sur le Vieux Port pour un rassemblement à 11h et pour un départ en manifestation à 11h30.
Signataires :
Marseille 8 Mars (M8M), Riposte Antifasciste, Transat, Nous Toustes 13, Briser la loi du silence, Stop Arming Israël13, Collectif Enfantiste 13, Groupe de Jinéologie Provence, Vacarme Orchestra, Du pain et des roses, La cellule, La bibliothèque des Héroines, Antifa Social Club Marseille, Radio Galère, Mouvement National Lycéen, Collage Féministe Indépendant Marseille, International Communiste Révolutionnaire, Travailleur.euses de l’art 13, Femmes* contre l’armement...