Marseille ville d’accueil et solidaire ?

Le 5 Novembre, la “Caravane solidaire” va arriver à Marseille, après un long voyage passant par des villes comme Palerme, Naples, Rome et Turin. La caravane sera accueillie entre autres, par Benoit Payan, le maire de Marseille, souhaitant remettre à Mimmo un titre de citoyen d’honneur.

Cette caravane a pour objectif de visibiliser les combats de Mimmo dont l’accueil des personnes sans papiers, et la criminalisation des personnes solidaires.
Condamné à une lourde peine de treize ans de prison, il est notamment tenu coupable de détournement de fonds au détriment de l’État, et « d’association de malfaiteurs aux fins d’immigration irrégulière"pour avoir accueilli de manière inconditionnelle des personnes en situation de migration. C’est un véritable acharnement politique et judiciaire organisé contre Mimmo et des habitant.es solidaires, initié par le gouvernement de Salvini, et qui va se poursuivre sous un nouveau pouvoir toujours plus marqué à l’extrême droite.

Nous souhaitons alors exprimer notre soutien à Mimmo Lucano et à son combat, s’opposant fermement à des institutions comme la Préfecture pour mener de front ses idées et organiser concrètement l’accueil de personnes sans papiers dans sa ville.
Nous exprimons également notre soutien aux habitant.es de Riace, également condamné.es et criminalisé.es et refusons que l’idée de délit soit associée à celle de solidarité.

Par cette même occasion, nous souhaitons rappeler à la mairie de Marseille qui, se cachant derrière une belle médaille décernée au maire de Riace, cherche à se donner des allures de municipalité de gauche radicale : nous ne sommes pas dupes, et nous exigeons, nous, Marseillais, Marseillaises, qui tous les jours organisons la solidarité dans notre ville via nos maigres moyens, que vous alliez au bout de vos faibles engagements pour que "Marseille ville solidaire et accueillante" ne soit pas un énième label creux et pompant, mais réponde bien plutôt à une suite de décisions courageuses rendant cette solidarité effective et pérenne.

Et votre programme de réquisition de vos logements vides...où en est t-il ?

Pour rappel, au dernier comptage, sur Marseille, 14 000 personnes étaient à la rue. Et 30 000 logements sont vides ! Et pourtant on nous dit qu’il n’y a pas de places. Seuls 0.4% des appels au 115 aboutissent à une place en hébergement d’urgence et ce chiffre risque d’empirer avec la suppression de 700 places en 2022.
Il n’y a pas de place en CADA, qui n’hébergent que moins d’un.e demandeur.euse d’asile sur 4.
Alors que la tension locative ne cesse d’augmenter au Centre Ville, dans un contexte de touristification croissante où le AirBNB règne en maître, le logement social reste défaillant dans tous les quartiers de la ville.

Face à ce constat accablant qui, nous l’accordons, relève en partie des responsabilités de l’État ou du département, le courage de la nouvelle et pimpante Mairie de Marseille semble défaillir. Et sa stratégie semble bien ficelée pour contenter tout son électorat et ne pas froisser ses relations politiques.

L’exemple de l’occupation d’un bâtiment rue de la République est assez emblématique : alors que cette rue est connue pour avoir été l’objet d’un "plan de requalification" sous Gaudin, vidée de ses habitant.es et laissée aux mains d’investisseurs sans scrupules, la nouvelle Mairie et la Préfecture semblent préférer voir cette rue quasiment vide plutôt que de prendre des dispositions pour y laisser des personnes sans ressources qui ont trouvé refuge dans l’un de ses immeubles .

Et lorsque ces mêmes personnes organisent une série de plusieurs manifestations pour obtenir de la Mairie de Marseille des mesures qui leur garantissent un logement digne, cette dernière préfère jouer d’une fausse compassion et déclarer que "nous ne pouvons rien, c’est du ressort de l’État et donc de la Préfecture".
Elle semble oublier que le code des collectivités territoriales lui confère des pouvoirs de réquisition et d’arrêté anti-expulsion. Mais, après tout, pourquoi agir concrètement quand on peut se cacher ?

Cette situation, non isolée, fait écho à celle des habitant.es d’un immeuble, propriété de la Mairie au 48 rue Ste Françoise, expulsé.es violemment sans être prévenu.es alors que les services de la municipalité s’étaient engagés à les avertir en cas de mouvement de la préfecture. Ainsi qu’à celle des mineurs du 113 Cannebière, qui attendent toujours que Benoit Payan mette à exécution sa promesse de leur trouver un bâtiment de la mairie.

Allons Mairie, une médaille pour Mimmo...suis alors son exemple !!!

Nous aurions aimé que cette nouvelle municipalité soit l’alliée qu’elle s’était annoncée vouloir être, et à celleux qui voudraient nous taxer de radicaux écervelé.e.s nous souhaitons simplement répondre : depuis maintenant trois ans d’investiture l’écart est trop grand entre les grandes déclarations d’intention et les actes politiques concrets.

Nous exigeons donc de la mairie de cesser de se dédouaner de ses devoirs et d’assumer ses responsabilités. De tenir la promesse faite en 2020 qui s’engage, dans son programme (p. 9), à : « identifier, remettre en location ou aider à la remise en location des logements vides, sous peine de mise en œuvre des procédures légales de réquisition ».
Également, de faire de Marseille une ville d’accueil et de solidarité, plutôt qu’une ville branchée dans laquelle la majorité de la population ne peut plus se loger, ni boire son café.

Nous lui décernerons une belle médaille le jour où....

  • elle réquisitionnera les bâtiments vides de la ville
  • elle ouvrira ses bâtiments publics pour les personnes à la rue
  • elle prendra l’arrêté anti-expulsion pour empêcher les expulsions de personnes de leur logement
  • elle exigera fermement un encadrement des loyers
  • elle assumera un accueil solidaire et sans condition

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